D’ici
2006, 7.000 personnes devraient pouvoir bénéficier
dans les dix régions de médicaments ARV contre 450
actuellement. Dans la même période, le dépistage
devrait être généralisé. Ce sont là
deux des axes forts du plan stratégique 2002 – 2006
de lutte contre le SIDA.
“
Nous allons continuer à soutenir le Sénégal
dans le sens d’un accroissement des appuis, vu les acquis excellents
qu’il a obtenus dans le contrôle de l’infection
à VIH durant ces dix dernières années d’engagement.
Ce que les Sénégalais doivent percevoir à travers
cela, c’est un grand défi à relever, car il s’agit
d’empêcher leur pays (le Sénégal) à
atteindre un taux critique de séroprévalence de l’infection
; l’épidémie deviendrait incontrôlable
et, on sentirait rapidement et durablement les effets désastreux
socio-économiques comme ceux que l’on note actuellement
dans de nombreux pays d’Afrique Australe et du Centre. Nous
allons nous y mettre, mais il faut que tout le monde aussi s’y
mette dans cette phase décisive, du plus haut niveau de l’Etat
jusqu’aux communautés de base les plus reculées,
en passant par les ministères, les entreprises privées,
le secteur informel, les ONGs, les associations, les guides religieux,
les artistes, les vedettes du sport, etc ”.
Ces
paroles sont celles d’un représentant d’un organisme
international, partenaire au développement de longue date
du Sénégal dans le secteur de la Santé. Il
assistait, mardi matin, à une présentation par le
Dr Ibra Ndoye coordinateur du PNLS des résultats 2001 de
la lutte contre le SIDA et également du plan stratégique
(2002-2006) qui devrait empêcher le Sénégal
d’atteindre le taux fatidique (selon les experts) de 3 %. Le
gouvernement a apparemment pris la mesure du challenge qui se présente.
En effet, une nouvelle dynamique est dégagée avec
la publication d’un décret présidentiel portant
la mise en place d’un conseil national de lutte contre le SIDA
en remplacement du comité national de lutte contre le SIDA
(CNLS). Ce conseil national est présidé par le Premier
ministre. Tous les départements ministériels y sont
représentés.
“
La mise en place de ce conseil national est une vision stratégique
du gouvernement du Sénégal, mais il n’est pas
une exigence de la Banque mondiale qui a accordé un appui
sur cinq ans de 30 millions de dollars (21 milliards de Fcfa environ)
à ce plan stratégique. Ce plan négocié
en octobre dernier à Washington ”, a confié un
partenaire au développement aux participants de la réunion
d’évaluation interne préparatoire du programme
de développement intégré de la santé
(PDIS), actuellement dans sa dernière année.
TRANSMISSION
MERE-ENFANT
Le
gouvernement mettra d’ailleurs, dans le cadre de son budget,
19,1 millions de dollars US (soit 13,7 milliards de FCFA environ)
dans la réalisation de ce plan 2002-2006. 7,5 milliards seront
affectés au ministère de la Santé et de la
Prévention qui assure la vice-présidence du conseil
national. En outre, 400 millions de FCFA seront alloués au
département de l’Education nationale impliqué
depuis quelques années dans la prévention de l’infection
dans les écoles et les universités. Dans le plan,
il s’agira pour ce ministère de développer des
stratégies à travers le système éducatif
formel et informel. 200 millions iront au ministère chargé
des Femmes, 200 millions à la Jeunesse, 200 millions aux
Forces armées et à l’Intérieur. Enfin
200 millions seront affectés au ministère chargé
du Travail.
Il
faudrait donc globalement 78,5 millions de dollars US, selon les
prévisions. 59,9 millions de dollars sont déjà
diversement logés à l’intérieur de programmations
budgétaires. Seuls 18, 6 millions de dollars sont à
rechercher. Dans la clé de répartition proposée,
19,5 milliards F CFA seront alloués à l’accès
aux traitements antirétroviraux, au dispositif thérapeutique
de lutte contre la transmission de la mère à l’enfant,
les infections opportunistes chez les malades et les personnes vivant
avec le VIH et le développement de centres de dépistage
volontaire ; 13 milliards seront consacrés à l’IEC,
à la communication et à l’intervention pour le
changement de comportement (CCC/ICC). La surveillance, la recherche
et l’évaluation recevront 5,7 milliards, tandis que
la sécurisation des dons de sang à transfuser et la
prise en charge des infections sexuellement transmissibles qui,
elles, offrent des voies “ royales ” à l’infection
à VIH se voient toutes deux proposer respectivement, 1, 1
milliard de FCFA et 5,4 milliards. En ce qui concerne le programme
de lutte contre la transmission de la mère à l’enfant
(PTME) qui a débuté dans la région de Dakar
dans trois sites. Il s’agit du centre de santé Roi Baudouin
de Guédiawaye, de l’hôpital Aristides Le Dantec
(HALD) et de l’hôpital Principal. Les résultats
obtenus ont été satisfaisants en attendant de plus
amples informations sur le consentement éclairé et
la prise en charge psychosociale avant et après les tests.
Pour ce PTME, des contacts ont été effectués
au cours de 14.548 consultations prénatales (CPN), dont 12.306
au Roi Baudouin, 504 à HALD et 1.738 à Principal.
En tout 12.358 tests ont été proposés aux consultantes
et seuls 8.438 ont été acceptés. En fin de
compte, il n’a pu être faits effectivement que 5.731
tests qui ont révélé que 95 femmes enceintes
étaient séropositives. Sur les 51 enfants mis au monde
par ces femmes prises en charge et sous traitements ARV, seuls deux
ont été infectés.
GÉNÉRALISATION
DU DÉPISTAGE
Selon
le Dr Ibra Ndoye, qui d’ailleurs a été choisi
par le gouvernement comme directeur exécutif de conseil national
suite à un appel d’offres d’emploi suivi de soumissions
individuelles, “ Il s’agit de faire mieux qu’avant
ou tout au moins maintenir le cap ”. Pour gérer ce fonds,
il a été proposé la mise en place d’une
agence fiduciaire, dotées de structures décentralisées,
chargée de piloter les financements et d’en tenir le
tableau de bord comptable.
Dans
les présentations des différentes évaluations
des régions médicales et des chefs de programmes de
santé, une complainte est revenue. Celle-ci, qui revient
dans les débats depuis 1998, année de lancement du
PDIS et même bien, a trait aux difficultés de décaissement
dues à la multitude de procédures dans les rangs des
bailleurs de fonds. “ Cette agence qui devrait être gérée
par une société financière privée, à
travers des soumissions à un appel d’offre en règle,
devrait pouvoir abriter la gestion des fonds des partenaires qui
voudraient bien les lui confier ”, a expliqué le Dr
Ndoye.
D’ici
2006, 7.000 personnes devraient pouvoir bénéficier
dans les dix régions de médicaments ARV contre 450
actuellement. Dans la même période, le dépistage
devrait pouvoir être généralisé. Il y
aura, en outre, une décentralisation en deux ans du programme
contre la transmission de la mère dans les dix régions
et un renforcement du contrôle du sang par le dépistage
aussi de la syphilis, de l’hépatite B, voire C, à
côté de celui du VIH. Ainsi, plus de 25.000 dons de
sang ont été testés au cours de l’année
2001 pour le VIH et d’autres agents infectieux notamment l’hépatite
B et la syphilis.
Un
accent sera particulièrement mis sur les jeunes, les prostituées
clandestines et surtout les migrants. Une attention sera (enfin)
accordée à un point négligé jusqu’ici
par un comité consultatif “ somnolent ” et qui
concerne les questions éthiques et juridiques dans la recherche,
la prise en charge et les droits des personnes affectées
par le SIDA ou vivant avec le VIH.
L’AVANT-DERNIERE EVALUATION ANNUELLE
C’est
ce matin au Méridien Président que seront ouverts
les travaux de la réunion annuelle conjointe (RAC) autour
du programme de développement intégré de la
Santé (PDIS). C’est l’avant-dernière RAC
sur ce programme lancé en 1998 sur cinq ans avec un budget
prévisionnel de 229 milliards de frs cfa (l’Etat supporte
52 % du budget contre 30 % pris en charge par les partenaires au
développement). En “ prélude ” à
cette RAC, les résultats “ encore mitigés ”
de ces quatre ans écoulés ont été communiqués,
ces dix derniers jours, à tous les acteurs (directeurs et
chefs de services nationaux médecins chefs de régions,
chefs de programmes ou de projets, Ong, Organismes internationaux
et pays étrangers bailleurs de fonds). Ces acteurs étaient
en réunion ces derniers jours à Dakar. Cela leur a
permis de poser un regard critique sur le PDIS qui avait divers
objectifs prioritaires dont la réduction des taux de mortalité
maternelle et infanto-juvénile encore élevés.
La vaccination a chuté sérieusement. La mise en marche
de plusieurs structures de santé, voire leur réalisation
prévue au programme du PDIS, n’est pas encore effective.
Le médicament continue d’être encore ‘’trop
cher’’. Les ressources humaines sont encore insuffisantes.
Les mêmes contraintes de gestion et de coordination surgissent
chaque année, etc. Cette RAC devrait, en tout cas, permettre
au moins de préparer le PDIS ‘’2e génération’’
en ce qui concerne la deuxième partie du plan décennal
de développement sanitaire (1998-2007). FARA
DIAW
Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=10945&index__edition=9497
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