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L'actualité de la santé en Afrique

Trisomie ou mongolisme : Comment vivre avec une "anomalie génétique" - Le soleil - Sénégal - 12/01/2004

Plus connue sous l'appellation de "mongolisme", qui n'a plus court, le syndrome de Down ou encore Trisomie 21 est une anomalie génétique. Elle est la plus fréquente des incohérences chromosomiques et affecte 1 enfant sur 750 naissances, "quel que soit le groupe ethnique, la race ou la couche sociale". Mais, selon les spécialistes en la matière, "on peut toujours faire quelque chose" concernant l'affection dont l'une des manifestations constantes est le retard intellectuel.

"On peut toujours faire quelque chose pour ces enfants, et il faut le faire sinon ils régressent". Ces enfants dont parle le docteur Birama Seck, professeur agrégé de pédopsychiatrie, sont les déficients intellectuels. Le Pr. Seck est le responsable de "Keur Xaleyi" (Maison des enfants en langue Wolof), une structure spécialisée en pédopsychiatrie bâtie dans l'enceinte de l'Hôpital de Fann. Elle a été créée en novembre 1993 par Mme Elisabeth Diouf, épouse de l'ancien président du Sénégal, Abdou Diouf. L'unité médicale accueille et prend en charge des enfants souffrants de diverses tares : autisme, psychoses, hyperactivité et autres troubles du comportement ainsi que déficients intellectuels.

Dans son bureau où l'on note la présence de divers jouets, Birama Seck donne des éclairages sur la trisomie, plus précisément sur la trisomie 21 dont l'une des manifestations est le retard intellectuel. Il indique que la dénomination scientifique de cette affection est le syndrome de Down, du nom du médecin psychiatre anglais, Langdon Down, qui l'a décrite en 1886.
En fait, le syndrome de Down et la trisomie 21 sont les appellations consacrées maintenant en lieu et place du terme plus connu de "mongolisme". Pour la petite histoire, la communauté scientifique évite d'emprunter le terme commun à la suite des protestations de la Mongolie. C'est que, pour désigner l'affection qu'il a décrite en 1886, Langdon Down, a rapproché le faciès particulier et commun des enfants touchés aux traits physiques des habitants de l'ancien Etat de l'ex-Union soviétique. Les enfants affectés par le syndrome de Down sont sujets à des troubles et malformations diverses associés dont l'intensité varie d'une personne à une autre. Il s'agit, entre autres, de cardiopathies congénitales, de troubles auditifs, visuels (cataracte, opacité du cristallin, strabisme), sensoriel (le seuil de la douleur est abaissé, cela reste variable d'une personne à une autre). La taille d'une personne trisomique, quant à elle, est inférieure à la normale. Celle-ci est en moyenne d'environ 154 cm pour un homme et environ 144 cm pour une femme. Le trouble du langage reste, dans tous les cas, important. La déficience intellectuelle est, quant à elle, constante. Un trisomique de 15 ans à un niveau intellectuel d'un enfant de 5 à 6 ans. La déficience intellectuelle varie néanmoins en intensité en fonction du code génétique, de l'accueil et la rééducation.
Face aux troubles et malformations dont beaucoup apparaissent progressivement lors de la croissance, les attitudes et perceptions face à un trisomique varient selon les croyances culturelles. A Gaza, en Palestine, cadre de sa thèse de doctorat sur le sujet, "l'enfant trisomique est perçu comme un don divin et porteur de richesse", fait savoir, le Dr Tawfik Khrais, médecin-psychiatre interne des hôpitaux et officiant à "Keur Xaleyi". Il ajoute que, dans ce cadre, l'enfant fait l'objet de toutes les attentions et bénéficie d'une protection sociale.
A contrario, le réflexe immédiat de certains parents des enfants trisomiques en Afrique est de lier les troubles et symptômes (signes physiques caractéristiques) au mauvais sort, à la malédiction divine ou à la réincarnation d'un esprit maléfique, selon le Dr Khrais. Dans ce cas, l'attitude le plus souvent adopté est le rejet de l'enfant, à la fois par les parents et la société, l'entourage immédiat en l'occurrence.
Cependant, l'attitude vis-à-vis de ces enfants change en Afrique et plus particulièrement au Sénégal. A "Keur Xaleyi", "on ne passe pas une journée de consultation sans recevoir un trisomique", note le Pr. Birama Seck. Il souligne cependant que "les parents amènent leurs enfants dans le but de les guérir". Or, insiste le pédopsychiatre : "La trisomie 21 n'est pas une maladie, c'est une tare". Et, en l'espèce, on ne peut pas la guérir, insiste-t-il.

300 CAS DE TRISONOMIE 21

Le syndrome de Down est, en réalité, une anomalie génétique qui se produit après la fécondation, au moment de la formation du fœtus. L'apparition d'une trisomie 21 survient lorsqu'une paire de chromosomes (ceux-ci renferment le patrimoine génétique humain) porte un chromosome surnuméraire, ce qui en fait un triplet (les chromosomes se subdivise normalement par paires). Les enfants affectés ont ainsi 47 chromosomes au lieu d'avoir les 46 chromosomes spécifiques à l'espèce humaine.
Il existe d'autres aberrations chromosomiques comme la trisomie 13 (syndrome de Patau) et 18 (syndrome d'Edwards) qui donnent lieu à un certain nombre de malformations physiques et mentales. Ces cas sont cependant plus rares. Selon le Pr. Haby Signaté Sy, spécialiste de la question, en poste à l'Hôpital pour enfants Abert Royer, il en survient environ 1 sur 7000 naissances pour la Trisomie 18 et 1 sur 10.000 pour la Trisomie 13. La plupart des trisomies 13 et 18 entraînent rapidement la mort de l'enfant dans les semaines voire les mois qui suivent la naissance, d'autres comme la trisomie 8 entraînent un handicap léger compatible à la vie.
En revanche, la trisomie 21, qui est de loin la plus fréquente des anomalies chromosomiques, affecte 1 enfant sur 750 naissances, "quel que soit le groupe ethnique, la race ou la couche sociale", précise Mme Sy. Elle fait savoir que la consultation initiée à l'hôpital d'enfants Albert Royer depuis une dizaine d'années en direction des enfants porteurs de maladies génétiques a déjà enregistré plus de 300 cas de Trisonomie 21.
De l'avis du Pr. Haby Signaté Sy, "l'attitude des parents en présence d'un enfant porteur d'une Trisomie 21 devrait être de le faire consulter le plus tôt possible dans un service de pédiatrie ou à défaut dans la structure de santé la plus proche". C'est une précaution d'usage afin de prendre en charge les malformations et troubles associés. De nombreux moyens palliatifs sont proposés pour le suivi psychomoteur des trisomiques, l'aide à l'amélioration de leur confort, leur intégration sociale ainsi que l'acceptation de leur état par l'entourage, indique Mme Haby Signaté Sy.
Car même si on ne peut pas guérir la tare congénitale, il est possible d'aider ces enfants à mener une vie sociale, à trouver une place dans la société et y évoluer selon leurs spécificités, ajoute le Pr. Birama Seck. Il souligne que le rôle des familles est, de ce point de vue, important. "Le trisomique doit se sentir aimé comme les autres enfants", souligne le pédopsychiatre.
En France, les déficients intellectuels sont très tôt admis dans les Instituts Médico-Pédagogique (IMP) puis dans les Instituts Médico-Professionnels (I.M.Pro) où ils apprennent les rudiments d'un travail manuel. Cette étape leur permet d'entrer dans les Centres d'Aide par le Travail (C.A.T) où ils sont faiblement rémunérés pour un rendement partiel. Les CAT sont envisagés actuellement dans l'orientation à l'âge adulte, notamment lorsqu'un développement satisfaisant de l'autonomie a permis l'acquisition de quelques gestes techniques et la possibilité de respecter les consignes.
Au Sénégal, la prise en charge médico-sociale des enfants trisomiques en est à ses premiers balbutiements. Créé en novembre 1993, le centre "Keur Xaleyi" est, aux dires du Pr. Seck, le seul service de pédopsychiatrie au Sénégal voire en Afrique de l'Ouest, actuellement indiqué pour l'accueil et l'orientation des enfants trisomiques vers des centres éducatifs, outre la prise en charge d'enfants autistes, psychotiques, hyperactifs, etc.
La structure s'occupe aussi du suivi lié aux troubles du comportement pouvant être associés à la trisomie, précise le Pr. Birama Seck. Le responsable de la structure indique que les enfants trisomiques sont en consultation externe, car ils ont besoin de communiquer et d'être socialisé.

POTENTIALITES A DEVELOPPER PAR L'EDUCATION

Le retard intellectuel des enfants trisomiques n'est pas une fatalité. A en croire le pédopsychiatre, "si on s'occupe de leur coefficient intellectuel, il peut s'améliorer, sinon il régresse". Il indique qu'il faut beaucoup stimuler le minimum de potentialités par des activités concrètes comme l'apprentissage manuel à la mécanique, à la poterie, etc.
Il fait savoir que l'éducation des enfants déficients intellectuels peut même donner des résultats plus que prometteurs. "Il y en a qui arrivent à lire des chiffres, à remplir leur chéquier, à composer des numéros téléphoniques, etc.", aux dires du Pr. Seck. Le plus significatif, c'est que ces enfants sont plus indépendants, poursuit-il.
Pour leur éducation, la tendance est de mettre les enfants déficients intellectuels dans des écoles pour tous où sont aménagées des classes spécialisées avec des enseignants tout aussi spécialisés à leur disposition, fait savoir le Pr. Seck. En France, on tente, depuis quelques années, de mettre en place partout des "classes intégrées", c'est-à-dire des classes spéciales pour un petit groupe d'enfants (environ 8) déficients intellectuels (presque toujours des trisomiques), aménagées dans une école primaire ordinaire permettant le contact avec les autres enfants.
Au Sénégal l'éducation publique des déficients intellectuels en est aux balbutiements. Alors que la prise en charge publique des non-voyants se fait à l'Institut national d'éducation et de formation des jeunes aveugles (INEFJA) de Thiès, celle des handicapés moteurs au centre Talibou Dabo, établi à Grand-Yoff, et celle des déficients auditifs au Centre verbo-tonal à Gueule Tapée, les déficients intellectuels doivent se contenter d'une structure non adaptée pour eux.
Ils sont, en effet, logés, depuis 1997, au Centre Verbo-Tonal. Aux dires de la directrice du Centre, Mme Aminata Rose Diallo, c'est l'épouse d'un ancien ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, M. Kramer qui, engagée, alors, dans l'éducation de la catégorie de déficients, avait pris sur elle de lancer le projet expérimental.

ESPOIR AVEC LE PDEF

Le ministère de tutelle devait assurer la relève, au terme du projet, en 1999, consécutif au départ de Mme Kramer. Il s'agit maintenant de trouver un local pour abriter le premier groupe d'élèves déficients intellectuels. Les enfants sont jusque-là sans structure appropriée alors que la demande d'éducation spécialisée augmente.
D'autres initiatives offrant un cadre d'accueil pour cette catégorie de déficients existent, mais à titre privé. Il s'agit en fait de classes consacrées à l'éducation des enfants déficients intellectuels ouvertes dans des écoles privées. C'est le cas, depuis quelques années, à l'Institut Jeanne d'Arc de Dakar. En outre, des structures médico-pédagogiques privées ont aussi vu le jour comme l'Association sénégalaise pour la sauvegarde des enfants déficients mentaux (ASSEDEM). Créée en 1989, l'association vient de démarrer timidement ses activités en 2003/2004, dans le cadre de ses locaux construits à Scat-Urbam.

LES PARENTS SE MOBILISENT

De plus en plus, les parents d'enfants inadaptés se regroupent autour d'associations où ils développent l'entraide et la solidarité pour demander des services spécialisés. Regroupés au sein de l'U.N.A.P.E.I. (Union nationale des associations de parents d'enfants inadaptés), ou de l'A.P.A.J.H (association de placement et d'aide aux jeunes handicapés), ces associations sont très actives auprès des pouvoirs publics.
Des dispositions sociales ont été, en outre, mises en place. Elles visent à soulager les familles. Il existe, dans ce sens, une allocation spéciale aux handicapés (versée par les Caisses d'Allocations Familiales). Et, les sujets bénéficient de la carte d'invalidité qui entraîne certains avantages sociaux pour la famille de l'enfant (par exemple : une demi-part supplémentaire dans le calcul de l'impôt, gratuité de la vignette automobile et, dans certaines villes, gratuité des transports publics pour l'enfant atteint). Au Sénégal, il existe une association des parents d'enfants déficients intellectuels (APEDI). Les enfants des membres de cette association sont actuellement hébergés, "provisoirement", indique-t-on, au centre verbo-tonal de Dakar, ouvert aux enfants sourds et muets.
Le 8 octobre 2003, l'association des parents, lasse de l'état " provisoire " dans lequel se trouvent leurs enfants, avait organisé une marche "pour se faire entendre

MAMADOU LAMINE BADJI

Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=33838&index__edition=10083


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