L'actualité

Notre métier d'éditeurs de revues médicales en Afrique francophone et au Maghreb, nous amène à suivre de très près l'actualité de la santé de ces pays.
Nous lisons la plupart des journaux spécialisés et sommes en contact avec de très nombreuses associations et ONG.
Nous fréquentons aussi certains forums spécialisés.

Dans notre développement Internet, nous avons pensé que toutes ces informations que nous recueillons quotidiennement ne pouvaient que vous intéresser.
C'est la raison de cette rubrique que nous mettrons à jour le plus régulièrement possible.

Afin d'être en harmonie avec la déontologie Internet, nous vous précisons que toutes nos sources sont informées des textes que nous leur empruntons afin de les mettre à votre disposition dans cette rubrique.

Toutefois, comme elles le précisent elles-même pour la plupart, nous vous prions de traiter les informations avec la plus grande prudence et de ne pas hésiter à suivre les liens que nous plaçons systématiquement à la fin des articles, afin de lire le document original et de contacter, le cas échéant, l'auteur ou le responsable de la publication.

Si vous souhaitiez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir suivre le lien afin de récupérer le document original et vous conseillons d'en informer les responsables.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur SantéTropicale.com

Santetropicale.com

Page d'accueil de Santetropicale.com La Bibliothèque de Santé tropicale Le Kiosque des revues médicales africaines Dictionnaire Internet Africain des Médicaments Web médical africain Annuaire de la santé en Afrique Qui contacter ?

L'actualité de la santé en Afrique

Sida : quand les chiffres tuent - ID+ - Centrafrique - 09/01/2004

En vingt ans, depuis les premiers cas notifiés en 1984, le Sida en RCA a ravagé insidieusement toutes les couches socio-professionnelles. Les chiffres sont effroyables, l'infection à VIH est un problème extrêmement grave qu'on ne peut résoudre par des solutions simplistes.

Pour Jean Firmin Fesseramitia, spécialiste de la formation/Communication, "le Sida, qui était considéré comme un problème de santé publique, puis un problème de développement au regard de l'impact sanitaire socio-économique, est désormais devenu un problème de survie de la population pour lequel des actions urgentes et efficaces doivent être engagées". L'ancien président Ange Félix Patassé avait déclaré dans un discours : "Si l'on ne le maîtrise pas rapidement, le Sida, cette bombe à retardement, décimera d'ici une décennie toutes les couches sociales valides". Malgré une mobilisation importante des O.N.G.1, des associations, des O.A.C.2, du gouvernement, l'épidémie de Sida ne montre aucun signe de fléchissement. Le nombre d'infections et de décès dus au VIH continue son ascension. Quel est l'ampleur du mal ? Quelles en sont les causes ? Quelles formes prend-il ? Y a-t-il un espoir ?

L'ampleur du problème

Les rapports de l'ONUSIDA et de l'Institut Pasteur de Bangui sur le Sida en Centrafrique sont alarmants. Le taux de séroprévalence, qui était de 2,6% en 1985, a atteint 13,84% en 1999 dans la tranche d'âge 15-49 ans. Pour 2001, l'ONUSIDA estime le nombre de personnes vivant avec le VIH/Sida à 130 000 femmes, 90 000 hommes, et 30 000 enfants. À 22 000 le nombre de décès, et à 110 000 le nombre d'orphelins du SIDA. Pour 2002, le chiffre de 12,9% d'adultes infectés est publié3.
Dans les services de médecine générale, deux tiers des lits d'hôpitaux sont occupés par des sidéens adultes. L'infection à VIH a occasionné la recrudescence de la tuberculose, qui reste depuis 1996 la première cause de mortalité en milieu hospitalier. 78% des tuberculeux sont séropositifs.
Le système éducatif n'est pas épargné : 85,71% des décès d'enseignants de cause connue étaient liés au VIH en 1996-1997. Cette situation a entraîné comme conséquences immédiates, selon le Dr Marie-Christine Sepou Yanza Awa, conseillère en matière de VIH/Sida à l'OMS, "l'indisponibilité, le déficit en enseignants, des années d'expérience et de services perdus". Les décès liés au Sida créent des frustrations psychologiques et émotionnelles dans les familles affectées. "L'impact social demeure ressenti par la famille. La chronicité de la maladie entraîne des effets néfastes tant sur le plan émotionnel que sur le plan financier, surtout sur les membres de la famille de la personne infectée", dit le Dr Sepou.
La dernière cartographie de l'infection à VIH réalisée entre novembre 2001 et octobre 2002 par l'Institut Pasteur estime le taux de prévalence à 15% chez les femmes enceintes et à 18% chez les femmes en population générale. "Les prévalences médianes à Bangui, la capitale, et en province, sont du même ordre de grandeur chez les femmes enceintes, alors qu'elles sont plus élevées en province qu'à Bangui chez les femmes en population générale", indique le rapport de la cartographie.
L'infection est plus répandue dans les zones rurales qu'en ville. Les prévalences les plus élevées sont relevées dans les zones enclavées ou reculées comme Zémio (27,1%) et Amdafok (28%). Mais, pour le Centre d'IEC4 pour la Santé Sexuelle des Jeunes (CISJEU), ces chiffres ne traduisent en rien la situation réelle de la prévalence de l'infection, si l'on tient compte du faible niveau d'accès des populations aux services de santé en raison de leur éloignement des établissements de soins et, surtout, de l'indisponibilité des services de dépistage au niveau des formations sanitaires périphériques. L'accès à un service de dépistage demeure le privilège d'une partie de la population essentiellement constituée des habitants de certaines grandes villes.

Les causes

André Samba, spécialiste en IEC, soutient que la forte et rapide progression de l'infection à VIH/Sida s'explique par une combinaison de facteurs convergents tels que la pauvreté accrue des ménages, les comportements sexuels à risque, la persistance de certaines pratiques traditionnelles néfastes à la santé de la femme, et certaines insuffisances propres au système de santé.
Le retard désespérant pris par la RCA dans la campagne d'information et de sensibilisation a mis et continue de mettre en danger la population, son développement et son avenir. "Des programmes efficaces de prévention du VIH doivent être massivement élargis si nous voulons avoir une chance réaliste de réduire le nombre de nouvelles infections", dit-il.

Des réponses en dents de scie

Entre 1987 et 1999, le gouvernement centrafricain a entrepris des actions de lutte contre le fléau visant à apprécier le niveau de connaissances de la population de Bangui en matière de VIH/Sida ainsi que les attitudes et pratiques face à l'épidémie, et cherchant à réduire la transmission du VIH/Sida et l'impact de la maladie sur la morbidité et sur l'économie. Mais, constate Jean-Firmin Fesseramitia, "Les résultats de ces actions n'ont pas pu infléchir la courbe, puisque l'on note un accroissement constant de la maladie". Le VIH a augmenté d'une manière vertigineuse.
Face à ces performances mitigées, l'État a mis en place une planification stratégique qui devrait identifier et hiérarchiser les actions prioritaires pouvant renforcer la réduction de l'impact de l'épidémie. Le 26 janvier 2001 est créé le Comité National de Lutte contre le Sida (CNLS) dont la présidence est octroyée au président de la République et la vice-présidence au Premier ministre. Ce comité mettra en place le plan cadre stratégique de lutte contre le Sida avec quatre domaines prioritaires :

  • renforcement de la prévention,
  • comblement du manque d'information,
  • renforcement de la prise en charge psycho-médico-sociale,
  • et mise en place des domaines transversaux (recherche, cadre juridique, coordination/décentralisation, suivi-évaluation).

Le ministère de la Santé Publique et de la Population se préoccupe des femmes enceintes en lançant en 2000 le Programme Transmission Mère?Enfant (PTME) afin de réduire de 35% le taux de transmission materno-infantile du VIH parmi les femmes enceintes séropositives. Ce projet, financé par l'ONUSIDA et exécuté par l'UNICEF, a pour objectif, selon le Dr. Hyacinthe Lao Koutouyombo, Coordonnateur national du programme, de "contribuer à la réduction de la transmission du VIH de la mère à l'enfant en République Centrafricaine par le développement d'un service de dépistage/conseil et un système de prise en charge des femmes enceintes séropositives intégrés aux services de Santé Maternelle et Infantile". Le projet ne couvre cependant pas la totalité du pays. Seule la capitale Bangui et les villes périphériques Bégoua, Bimbo et Mbaïki, en bénéficient. Le ministère de la Santé compte, dans un proche avenir, étendre le PTME à tout le pays. "Devant l'ampleur du problème que constitue le VIH/Sida en général et la transmission de la mère à l'enfant en particulier, il est tout à fait justifié de passer du stade de projet pilote cantonné à Bangui, à un programme national couvrant toute l'étendue du territoire", dit le Dr. Lao Koutouyombo.

Le projet C.A.F., bailleur de fonds des O.N.G.

Le projet C.A.F. est un accord de programme pour trois ans entre le PNUD et le gouvernement centrafricain. Il a pour objectifs la redynamisation des organes de concertation et de coordination de la lutte contre le VIH/Sida en RCA, la réduction des comportements sexuels à risque par des actions d'IEC au sein de la population, l'amélioration des connaissances sur l'impact socio?économique du VIH/Sida, et la réduction de son impact socio?économique. "Les stratégies de mise en œuvre du programme ont été élaborées en fonction des groupes cibles qui sont les pouvoirs publics, la société civile et le secteur privé, les prostitués, les jeunes et les femmes ainsi que les personnes vivant avec le Sida", explique André Samba, chef du projet.
Ce projet (1 140 000 dollars, dont 990 000 financés par le PNUD et 150 000 par le gouvernement) ne couvre pas, lui non plus, toute l'étendue du territoire. Une infime proportion en bénéficie : les préfectures de Bambari, Mobaye, Bouar, Berbérati et la ville de Bangui dans les 2e, 5e, 6e et 7e arrondissements. Le projet C.A.F. travaille aujourd'hui avec 107 O.N.G., O.A.C. et associations de de lutte contre le Sida.

Nombre de partenaires bénéficiant de l'appui du CNLS O.N.G.
Médias
O.A.C. Associations d'artistes
Bangui 24 10 4
Nana-Mambéré 9 47 0
Mambéré-Kadéï 13 0 0

Le nouveau financement du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme, d'un montant total de 25 090 594 dollars sur cinq ans, servira au dépistage volontaire gratuit et à une prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida. Même si avec ces programmes la riposte s'améliore, elle reste cependant bien en deçà des besoins.

Accès au traitement : ce n'est pas demain la veille...

Moins de 200 personnes, toutes résidant à Bangui, ont actuellement accès au traitement anti-rétroviral. Par manque de médecins prescripteurs en nombre suffisant, les malades de province n'y ont pas accès. Le colonel Jean-Bertrand Wata, directeur du futur centre de traitement ambulatoire de Bangui (CTA), suggère aux malades de province de venir à Bangui se faire soigner. Mais le coût de traitement du Sida reste encore très élevé. "Les traitements varient de 22 800 à 90 000 F CFA par mois", annonce le colonel Wata. Le prix de la trithérapie est fonction des revenus. "Tout le monde n'a pas le même revenu donc il y aura des subventions à certaines personnes vivant avec le VIH/Sida pour leur permettre d'avoir accès au traitement au même titre que tout le monde", informe-t-il.

Les traitements anti-rétroviraux en RCA

Pour la RCA, en 2001, plusieurs actions ont été menées dans le cadre de l'accès au traitement :

  • la mise en place d'une structure nationale de coordination de l'accès aux ARV,
  • la signature de conventions avec différentes firmes pharmaceutiques (MSD, CIPLA, GSK) dans le cadre de l'initiative ACCESS
  • le développement de partenariat avec les institutions hospitalo-universitaires (Hôpital européen Georges Pompidou, Hôpital Necker de Paris, le réseau ville-hôpital d'Orléans, les ONG (Hanuman, Croix-Rouge française) et les laboratoires pharmaceutiques (Fondation Glaxo Wellcome) dans le projet de jumelage nord-sud denommé Esther.

L'importation et la distribution des ARV est assurée par l'unité de cession médicale (UCM) et Centrapharm.
Concernant la tarification du traitement, un système de recouvrement des coûts est appliqué en fonction du revenu du patient.
Le protocole utilisé par le PTME est la Névirapine monodose donnée à la mère au début des contractions et à l'enfant dans les 72 heures suivant la naissance.

Une O.N.G. japonaise, Amis d'Afrique, prend en charge quelques séropositifs de Bangui et des villes périphériques en leur donnant des soins infirmiers de qualité, un supplément alimentaire et un appui financier pour encourager les personnes vivant avec le VIH/Sida à se prendre en charge en exerçant des activités génératrices de revenus.
Même si aujourd'hui les traitements sont presque inaccessibles et si les moyens financiers manquent, il existe cependant un espoir : il réside, affirme André Samba, dans une mobilisation tous azimuts de la communauté.

Prospert Yaka Maïde

Lire l'article original : http://www.ideesplus.com/SPIP/article.php3?id_article=108

1 Organisation Non Gouvernementale

2 Organisation à Activité Communautaire

3 Estimation ONUSIDA (AIDS Epidemic Update 2002)

4 Information, Éducation, Communication

 


Retour actualités
 
Copyright © 2003 NG COM Santé tropicale. Tous droits réservés. Site réalisé et developpé par NG COM Santé tropicale