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Ténofovir : et maintenant ? - Cameroon tribune - Cameroun - 07/02/2005
Le coordonnateur des essais controversés sur le sida s’explique. (NDLR : Pr Doh Anderson Sama)

Comment réagissez-vous à la suspension de l’essai sur le Ténofovir ?

Je respecte la hiérarchie, mais je suis un peu étonné. J’ai pris le temps d’expliquer à la commission d’évaluation et de suivi, j’ai été assez humble pour leur dire que j’étais prêt à corriger les moindres erreurs administratives décelées, même s’il était surtout question au départ, d’éthique et de bonnes pratiques cliniques. Les éléments qui motivent la suspension sont des choses que je peux rectifier en deux semaines. A mon avis, ce sont d’abord des reproches de nature administrative. J’ai fermé le bureau et fait afficher une note qui explique que jusqu’à nouvel ordre, nous ne sommes pas en fonction. J’ai seulement peur que les résultats soient faussés par cet arrêt brusque, au cas où nous devrions reprendre l’essai.

Comment allez-vous appliquer les recommandations ?

Nous avons déjà commencé. Par exemple, la neuvième recommandation parle de rendre le médicament accessible aux pays africains. Avec mes collègues, nous avons déjà avancé sur ce point. Et le Cameroun a été déclaré éligible pour l’accès à ce médicament à des coûts privilégiés, à peu près 15.000 F Cfa par mois, alors que dans certains pays européens, il revient à plus de 18.000 F Cfa. Pour répondre à votre question, je vais faire tout ce qu’on m’a demandé de faire et le plus tôt possible.

Il va se poser un problème de suivi des participants à l’étude…

Si on me laisse ouvrir la porte pour les prendre en charge, je vais le faire, mais la décision ne m’appartient pas.

Que faisiez-vous exactement à Douala ?

Nous travaillons sur l’un des meilleurs médicaments antirétroviraux dont on dispose actuellement pour la prise en charge des malades. Il suffit d’un seul comprimé par jour, et en plus, il a très peu d’effets secondaires. Des études sur les animaux ont montré que le Ténofovir était efficace dans la prévention. On a fait des études chez les singes qui sont proches des humains. Pourquoi ce médicament utilisé depuis trois ans et demi devient un problème polémique : la recherche que nous menons vise à voir si ce médicament peut être utilisé pour la prévention. C’est tout. On nous a accusé d’inoculer le virus ou de donner des partenaires contaminés aux participantes pour qu’ils aient des rapports non protégés.

Vous n’avez pas injecté le virus aux participantes ?

Non. Même si je n’étais pas un scientifique, je ne l’aurais jamais fait. Je suis d’abord un chrétien et fier de le dire. J’ai peur de Dieu. Pourquoi distribuer des condoms, si c’était cela le but ? Au contraire, ces femmes ont bénéficié de conseils, d’examens médicaux, de traitement contre les IST, tout cela gratuitement. Et ensuite on leur fait des bilans (sang, maladies vénériennes, tests de grossesse), pour nous assurer que nous prenons rapidement en charge les éventuels effets secondaires.

Avez-vous incité les participants à ne pas utiliser de méthode de prévention ?

Nous avons distribué 96 préservatifs à chacun des participants, avec possibilité de venir en chercher d’autres. On nous demande de distribuer également des préservatifs féminins. Ils sont maintenant disponibles au PMSC, on va en acheter et mettre à la disposition des participants à l’étude. Mais nous avons d’abord estimé qu’il fallait former ces femmes à l’utilisation de ce préservatif, ce qui est loin d’être évident.

Est-ce qu’il n’était pas dans l’intérêt de l’étude que ces personnes aient des rapports non protégés ?

Je dis non. Parce que cela va affecter des gens.

Imaginons donc que toutes les participantes se servent des condoms que vous avez distribués. A quoi sert l’essai à ce moment-là ?

L’abstinence et la fidélité à un seul partenaire non infecté restent à ma connaissance les meilleures protections. Le condom, même quand il est parfaitement utilisé n’est pas fiable à 100%. Donc, le risque demeure : il peut se rompre, ou glisser. Le but de cette étude n’était pas d’éliminer les autres méthodes, mais d’apporter un plus, de mettre ensemble les diverses méthodes pour aboutir à une protection à 100%.

Vous dites que vous allez faire tout ce qu’on vous a demandé. Reconnaissez-vous par exemple que les formulaires donnés aux participantes n’étaient pas assez explicites ?

A ce propos, la commission a seulement relevé que la fiche de consentement était jointe à la fiche d’information. C’est tout ce qu’on a reproché et j’ai promis de séparer les deux. Il fallait également changer de verbe à un endroit. Au lieu de dire : " Vous pouvez utiliser (le préservatif), on nous a demandé d’écrire : " Vous devez ". Mais nous y avons insisté, au cours des conseils donnés directement aux participants.

Vous soutenez qu’il n’y avait aucun problème de compréhension du formulaire ?

Nous avons formé des gens pour cela et ils ont fait leur travail. Je précise que ces fiches étaient disponibles en français et en anglais, contrairement à ce que certains ont affirmé. Le but et le procédé de l’étude y étaient clairement expliqués. Il est par exemple mentionné que le produit ne guérit pas le sida. Nous avons mentionné les précautions éthiques tant au niveau de Family Health International, qu’au niveau du Comité national d’éthique. A ce propos, même l’OMS n’a pas encore rendu obligatoire le traitement des personnes séroconverties (qui ont été infectées pendant le déroulement de l’essai) au cours d’études de ce genre. On prend en charge obligatoirement les complications du médicament à l’étude. Mais nous avons pris en charge les trois personnes séroconverties de l’essai.

N’y a-t-il pas des enjeux au-dessus du simple problème de science ?

Cette question m’est souvent posée. Et je réponds que je veux croire qu’il s’agit uniquement de science. Je reste sur cette logique. J’ai fait d’autres études qui n’ont pas fait autant de bruit (le stérilet, le Norplant…), on n’a jamais entendu parler de moi. Je veux rester effacé.

MAKON ma PONDI

Lire l'article original : http://207.234.159.34/article.php?lang=Fr&oled=j08022005&idart=22757&olarch=j07022005&ph=y

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