Anafranil
10 est un de ces médicaments que lon doit se procurer
uniquement par ordonnance délivrée par un médecin.
Ce médicament est un psychotrope - qui agit sur le système
nerveux central et le psychisme. Il est inscrit sur les listes des
produits vénéneux, cest-à-dire ceux qui
renferment du poison et sont donc dangereux pour lorganisme.
La vente de ces produits vénéneux est soumise à
une réglementation fort stricte. Pourtant, on peut réussir
à acheter un de ces médicaments avec certains vendeurs
de pharmacie à Dakar.
La
délivrance dun médicament à un sujet
sain est dautant plus grave que celui-ci court de gros risques
en consommant le produit. Ces risques sont surtout les allergies
- qui peuvent aller du gonflement du visage à larrêt
des battements du cur, voire à la mort. Il y a surtout
les risques de dépendance pour ce qui est des psychotropes.
Ces derniers, comme Anafranil, Nozinan ou Laroxyl, sont le plus
souvent des anti-dépresseurs classés parmi les listes
des produits vénéneux.
Malgré
tout, le non-respect des règles est assez rare dans les officines
de pharmacie. «Ces violations sont le plus souvent le fait
des vendeurs et non des pharmaciens», selon Djiby Ndiaye,
pharmacien de profession. Le travail du vendeur consiste à
aller chercher le médicament et à le déposer
sur le comptoir. Cest le pharmacien qui, lui seul, doit délivrer
le médicament, après lavoir reçu et vérifier
sa régularité technique. «Le problème,
explique Djiby Ndiaye, cest que les pharmaciens ont tendance
à déserter les officines, sans trouver dassistants.
Alors que le seul souci du vendeur, cest de vendre son produit.
Cest grave, car si vous tomber sur le vendeur seul à
la pharmacie, vous pouvez avoir le produit sans ordonnance, comme
dans le marché illicite du médicament. Cest
dans quelques officines seulement que le vendeur respecte la réglementation».
Lautre
problème noté au niveau de ces pharmacies est lacceptation
de certaines ordonnances délivrées par des infirmiers,
alors que ceux-ci ne sont pas habilités à le faire.
La violation de ces règles est encore plus grave hors des
officines, chez les vendeurs de médicaments qui pilulent
partout à Dakar. Ces vendeurs ne sont bien sûr pas
approvisionnés régulièrement, contrairement
aux pharmacies qui reçoivent leurs médicaments des
grossistes (Laborex, Sodifarm, Cophas, etc.). Quant à la
Pharmacie nationale dapprovisionnement, elle délivre
en général ces médicaments à des structures
comme les centres de santé.
En
général, les pays africains ont des systèmes
de contrôle de la fabrication et de la distribution licites
des produits pharmaceutiques qui sont insuffisants, comme le note
le rapport 2001 de lOrgane international de contrôle
des stupéfiants (Oics). Des substances placées sous
contrôle international sont en vente libre soit parce que
la législation nationale pertinente nest pas actualisée,
soit parce que lobligation de délivrance sur ordonnance
nest pas suffisamment respectée ou appliquée.
En outre, des produits pharmaceutiques fabriqués illicitement
ou détournés sont distribués. LOics souligne
aussi que labus de substances psychotropes demeure un problème
dans de nombreux pays du continent, en particulier dans les grandes
villes dAfrique australe, dAfrique de lEst et
dAfrique de lOuest. Il semble que lautomédication,
la vente de médicaments autrement que par les officines agréées
(colporteurs, vendeurs de rue, détaillants non agréés)
et la vente de substances psychotropes sans ordonnance contribuent
à cet état des choses.
Au
Nigeria et dans dautres pays dAfrique de lOuest,
diverses préparations contenant des stimulants de type amphétamine
et des benzodiazépines sont toujours facilement disponibles
sur les marchés parallèles. Compte tenu de lampleur
de labus de comprimés déphrédine
au Ghana, les autorités ont interdit la fabrication et lutilisation
de ces comprimés. Le gouvernement égyptien a mis en
place des contrôles et des sanctions plus stricts pour les
stimulants. La plupart des saisies de stimulants de type amphétamine
ont lieu en Afrique de lOuest ; en 1999, le Nigeria a représenté,
à lui seul, les trois-quarts de lensemble de ces saisies
en Afrique. En Afrique de lEst, un grand nombre de stupéfiants
psychotropes licites sont détournés vers les circuits
illicites et vendus au vu et au su de tous, dans plusieurs villes,
par des vendeurs de rue. Ces substances, qui incluent des sédatifs
et des sirops à base de codéine, sont utilisées
pour contrebalancer les effets stimulants du khat, tandis que le
diazépam et le phénobarbital sont pris en association
avec dautres produits pour renforcer les effets de lalcool
de fabrication locale.
Pour
le cas du Sénégal, les règles sur la vente
des produits vénéneux sont assez strictes, sur le
papier. Mais il suffit souvent de faire le tour dune dizaine
dofficines pour avoir ces médicaments sans ordonnance
à Dakar. Cela constitue une violation grave de la réglementation
sur la circulation de ces produits, violation comparable à
la délivrance dun casier judiciaire vierge à
un repris de justice.
Une
réglementation plus stricte
La
vente des produits vénéneux est bien réglementée
en officine. La Liste I (qui correspond à lancien Tableau
A, Toxiques) comprend les substances ou préparations, les
médicaments et les produits présentant les risques
les plus élevés pour la santé. Les médicaments
et produits de la Liste I doivent être gardés dans
des armoires ou des locaux fermés à clé et
ne contenant rien dautre que des substances toxiques. Les
ordonnances qui sont prescrites, ne peuvent être renouvelées
que sur spécification du médecin.
La
Liste II (ancien Tableau C, Dangereux) comprend des produits moins
toxiques ou peu toxiques, mais dont lemploi ou la manipulation
nécessite des précautions (substances inflammables,
explosives ou caustiques, etc.). Les médicaments et produits
de cette liste doivent être gardés séparément
de tout autre médicament. Les ordonnances peuvent être
renouvelées lorsque le prescripteur ne la pas expressément
interdit.
Quant
à la Liste Stupéfiants (ancien Tableau B), elle est
la plus stricte. Les médicaments qui y sont inscrits doivent
être détenus dans une armoire spéciale, fermée
à clé ; ils ne peuvent être délivrés
que sur une ordonnance extraite dun carnet à souches
imprimé par lOrdre des médecins. La prescription
ne doit pas porter sur une période supérieure à
sept jours, mais, pour certains médicaments, cette durée
est portée à soixante jours. Les médicaments
ne peuvent être délivrés que pendant la période
correspondant à la prescription. Les ordonnances de stupéfiants
ne sont pas renouvelables et, sauf spécification expresse,
une nouvelle ordonnance ne peut pas être établie par
le praticien pendant la durée de la prescription précédente.
Les
ordonnances de produits vénéneux doivent indiquer
lisiblement la date, les nom, prénom, adresse et qualité
du prescripteur, sa signature ; la dénomination du médicament,
sa posologie, et son mode demploi ; la quantité prescrite
et la durée du traitement. Elles doivent, en outre, mentionner
obligatoirement les nom, prénom, sexe et âge du malade.
Une ordonnance peut prescrire des médicaments pour un traitement
de plusieurs mois mais, en ce qui concerne les Listes I et II, cette
prescription ne peut être faite pour une durée supérieure
à douze mois, et il ne peut être délivré
en une seule fois une quantité de médicaments ou produits
correspondant à une durée de traitement supérieure
à un mois. Toutefois, les médicaments contraceptifs
peuvent être délivrés pour une durée
de trois mois non renouvelables.
El Hadji Dame SECK
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=7888&unelocale__edition=2993
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