Il
est peut-être temps pour les Etats africains, dans leur lutte
contre le paludisme, de changer de fusil dépaule en
changeant en même temps de stratégie dattaque.
Une étude menée par lInstitut international
pour la gestion de leau (Iwmi) vient de démontrer que
lennemi nest pas toujours là où on espère
le trouver et mieux le traquer. Cette étude a le mérite
de prendre enfin en compte la dimension agricole dans les stratégies
de lutte. En effet, jusquici, la recherche accordait peu dattention
à la dimension agricole, malgré son importance comme
facteur contribuant aux risques de transmission et aux opportunités
inhérentes pour minimiser les risques. Finalement, ces chercheurs
semblent avoir trouvé une autre voie à explorer. Une
voie qui mène tout droit au renforcement de la lutte contre
le «tueur des tropiques».
Au
cours des dernières décennies, dimportantes
ressources financières ont été investies dans
la production de médicaments et de vaccins contre le paludisme
et dans lévaluation des pesticides chimiques pour la
lutte contre les moustiques. Il est vrai quil y a eu des avancées
pour ce qui concerne, par exemple, la recherche sur le vaccin contre
cette terrible maladie qui fait, encore aujourdhui et sans
doute pour longtemps, de nombreuses victimes dans les familles en
Afrique. Cependant, ces avancées, même si elle sont
réelles comme ce fut le cas du vaccin du Pr Pataroyo de la
Colombie, ne sont quun coup dépée dans
leau. Un grain de sel dans un océan de problèmes.
Le
Système initiative sur la malaria et lagriculture (Sima)
coordonné par lInstitut international pour la gestion
de leau propose détendre la lutte à dautres
dimensions. Lintégration de la composante santé
dans la recherche agricole pourrait contribuer à lidentification
des opportunités afin de minimiser les risques de paludisme
à travers des interventions orientées vers lagriculture.
Et cest ce challenge qua relevé le Sima. Il a
réussi à démontrer comment, en mettant en les
techniques les mieux appropriées en matière agricole,
on peut arriver à réduire ce «mal des pauvres».
Le principe est tout simple. Il nest plus à démontrer
que linondation des champs de riz favorise le développement
des nids de reproduction des moustiques. Létude montre
quil faut simplement de lirrigation intermittente pour
améliorer la production du riz et contrôler la reproduction
des moustiques.
Le
Sima soulève aussi le problème du bétail qui
pourvoie le sang nécessaire à la nourriture des moustiques
et crée un habitat pour sa reproduction, augmentant ainsi
la population. Il rappelle en guise de solution que les moustiques,
même les plus affamés, se détournent des hommes
pour le bétail. En plus, il accueille sans en souffrir, les
parasites responsables du paludisme.
Lautre
fait est que lutilisation des pesticides dans la culture intensive
entraîne des résistances de lanophèle
à ces pesticides, ce qui peut entraîner des empoisonnements
sérieux et chroniques de la population. La solution préconisée
par le Sima, cest la maîtrise des plantes nuisibles
à travers des approches intégrées de gestion,
ce qui peut réduire les besoins en pesticides synthétiques.
Lautre problème soulevé par le Sima concerne
la malnutrition qui contribue à réduire limmunité
aux infections chez lenfant. Pour y remédier, il faut
impérativement opter pour les micro-nutriments (exemple :
la vitamine A contenue dans les variétés de patate
douce, de légumes
) qui peuvent renforcer limmunité
contre les infections, y compris celles qui sont causées
par les parasites responsables du paludisme.
Lautre
opportunité quoffre la dimension agricole pour la lutte
contre le paludisme, cest la possibilité de lutilisation
des systèmes dirrigation du «goutte-à-goutte»
et des pédales. Cela peut renforcer la sécurité
alimentaire et favoriser laugmentation des revenus (pour lacquisition
de moustiquaires, de médicaments
).
Abraham EHEMBA
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=7917&unelocale__edition=2994
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