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L'actualité de la santé en Afrique

Chirurgie : Les misères d'une profession - Le Sud - Sénégal - 1/03/2003

Pénurie grave de chirurgiens, une profession dévalorisée malgré un apprentissage de douze années après le baccalauréat pour obtenir la qualification, perte de motivation, désaffection des jeunes pour la discipline, tels sont les maux dont souffre la chirurgie en Afrique. C'est pour trouver des solutions urgentes qu'une réunion de l'Académie Française de chirurgie et les écoles francophones africaines de chirurgie s'est tenue le 26 février à Dakar pour discuter des problèmes de la chirurgie en Afrique.

"Les professionnels de chirurgie vivent cette douloureuse réalité où les patients continuent de mourir d'appendicite, de hernies étranglées, de grossesses difficiles non assistées et autres traumatismes par accident, faute parfois de banals instruments chirurgicaux, parfois d'aspirateurs, parfois tout simplement de fils de suture, ou parce qu'il n'y a pas de chirurgien". Cette remarque du Professeur Cheikh Tidiane Touré, chef de la clinique chirurgicale de l'hôpital Aristide Le Dantec suffit à résumer la misère des chirurgiens en Afrique en général et au Sénégal en particulier.

En effet, explique-t-il, "aujourd'hui, partout dans le monde, au Nord comme au Sud, à l'Est comme à l'Ouest, en chirurgie, les vocations se perdent, les rangs se dégarnissent, car le métier est exigeant". En ce sens qu'il réclame, selon lui, une maîtrise morale, une maîtrise intellectuelle, la maîtrise technique, au moment où l'adaptation aux nouvelles technologies devient de plus en plus ardue. Le Pr. Touré estime que si la pratique de la chirurgie est de plus en plus confortable pour des patients de plus en plus exigeants quant à la qualité des résultats, l'exercice en est devenu périlleux pour le chirurgien.

Subséquemment, regrette le praticien, pendant que les praticiens se paupérisent, la chirurgie fait de plus en plus la fortune d'autres catégories professionnelles travaillant sur le risque et le sinistre. Même s'il reconnaît que ces situations devenues, courantes dans les pays développés du Nord, sont encore plus péjoratives dans nos contrées démunies. C'est pourquoi, souligne le chef de la clinique chirurgicale de l'hôpital Aristide Le Dantec, si aujourd'hui nous parlons de problèmes purement chirurgicaux, de pathologie et de technique, de méthodes pédagogiques par le biais de communications scientifiques, "la rencontre avec l'Académie française de chirurgie sera surtout un prétexte, une opportunité pour mettre en place des cadres formels de réflexion, de collaboration, de coopération pour la promotion de la chirurgie avec notamment l'harmonisation des curriculum de formation initiale, la mise en œuvre de programmes de formation continue à l'intention des professionnels de chirurgie, l 'élaboration de plans de développement et des conseils aux décideurs politiques entre autres".

Le constat général est que les professionnels de chirurgie sont trop fréquemment victimes d'une situation d'écartèlement moral, partagés qu'ils sont entre, d'une part l'obligation légale de ne pratiquer l'acte chirurgical que lorsque tous les moyens matériels nécessaires sont réunis (c'est l'obligation de moyens que prescrit la loi), ce qui est rarement le cas et cette inclination naturelle à vouloir tout faire pour sauver leur malade. "D'agir de la sorte c'est-à-dire de vouloir quand même bien faire les conduit souvent devant les tribunaux" se désole le Pr. Touré.

Des facteurs qui contribuent, souligne le praticien, à rendre l'hôpital inapte à offrir des soins de qualité à une pléthore de malades, à le transformer en un espace peu convivial, où se multiplient les conflits, notamment du fait de la charge de travail excessive, de l'absence d'un cadre administratif cohérent et de plans de carrière attractifs. Une des conséquences de cette situation, fait remarquer le Pr. Touré, c'est la perte de motivation de certains confrères, la désaffection des jeunes pour la discipline chirurgicale.

D'autant plus que, poursuit-il, "en ce qui concerne le Sénégal, la qualification en chirurgie, obtenue au bout d'un apprentissage continue de douze années après le baccalauréat n'est pas rémunérée". Résultat, il y a une pénurie grave de chirurgiens. Aussi interpelle-t-il, le gouvernement pour l'amélioration du niveau de santé des Sénégalais grâce à l'édification et l'équipement des centres de santé et des hôpitaux.

Mise en place de l'Association des chirurgiens d'Afrique francophone

C'est pour travailler dans la perspective d'offrir des soins de qualité à des coûts raisonnables, acceptables pour les pouvoirs publics, tout en améliorant et en préservant l'épanouissement des praticiens de la chirurgie que les Sénégalais et leurs collègues africains francophones ont mis en place avant-hier, jeudi 27 février un bureau provisoire de l'Association de chirurgie d'Afrique francophone (Acaf).

L'objectif de cet organe selon le Pr. Cheikh Tidiane Touré, "sera de mettre en commun nos expertises au service de la résolution des problèmes de santé spécifiquement liés à la chirurgie dans nos pays". A cet effet, l'Acaf va profiter de l'expérience de l'Académie Française de la chirurgie, institution plus que bicentenaire dont la mission est "d'informer ses membres des découvertes fondamentales et des progrès de la chirurgie, de participer à leur formation continue. Elle a également une mission de magistère moral et de garant de l'éthique. Elle s'intéresse aux aspects techniques de l'acte chirurgical mais aussi à ses aspects économiques, juridiques et autres".

Le Pr. Touré fait aussi remarquer que l'Académie Française vise les mêmes préoccupations que l'Acaf. Et de révéler que ces préoccupations ont globalement trait à la pénurie en infrastructures souvent mal conçues quand elles existent, à la pénurie, à l'obsolescence, aux mauvais choix des équipements par ailleurs dépourvus de plans de maintenance et de renouvellement, à l'insuffisance de personnels qualifiés (quand bien même des écoles de formation existent) et à l'absence d'organisation administrative adaptée.

Les praticiens rappellent que ces divers problèmes ont souvent pour origine l'insuffisance des ressources financières. Car, disent-ils, devant la modicité des ressources allouées à la santé, les pouvoirs publics font souvent le choix d'affecter le maximum de moyens à des secteurs dits prioritaires, ce qui laisse le domaine de la chirurgie démuni. Aussi, considèrent-ils que la mise en place de l'Acaf va permettre de redorer le blason de la profession.

Ismaïla SARRE

Lire l'article original : http://www.sudonline.sn/archives/01032003.htm


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