Ce programme mis à la disposition de l'OMS par l'Union européenne
vise un meilleur contrôle de l'épidémie dans la zone frontalière
avec le Gabon.
Depuis janvier 2003, une épidémie de fièvre hémorragique Ebola
sévit dans le département de la Cuvette Ouest au Congo, frontalier
avec notre pays. Le nouveau bilan officiel, rendu public samedi
dernier par les autorités congolaises faisait état de 98 décès et
135 cas détectés. Des chiffres sans cesse croissants qui ont conduit
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à solliciter une assistance
rapide de l'Union européenne. A travers son service d'assistance
humanitaire "Écho", l'UE a accédé à cette requête en signant, le
6 mars 2003, un programme d'aide humanitaire d'urgence sur l'épidémie
Ebola. D'un montant de 328 millions de francs cfa, ce programme
doit favoriser certaines actions de terrain visant à freiner la
propagation de l'épidémie. Le délégué de l'Union européenne au Gabon,
Jochen Krebs, a rendu public hier, au cours d'une conférence de
presse, ce programme qui couvrira uniquement la partie congolaise
après avoir assisté le Gabon lors de son épidémie de 2001-2002.
Toutefois, le diplomate européen révèle que ce programme revêt aussi
un intérêt pour le Gabon, en raison de proximité de la zone épidémique
avec notre frontière et les possibles mouvements de populations
entre les deux pays. En effet, précise le diplomate, les mouvements
des primates et des humains, de part et d'autre de la frontière
étant difficilement contrôlables, le virus Ebola a toujours une
dimension importante sur le Gabon où, en dépit de la fermeture de
sa frontière formelle par son gouvernement, existe toujours comme
ailleurs, des zones informelles sur lesquelles il manque d'emprise.
Or, c'est là où s'opèrent 80% des mouvements humains.
RÉSERVOIR
La médiatisation du programme humanitaire d'urgence vise donc,
assure M. Krebs, à faire en sorte que les Gabonais restent en alerte
par rapport au péril permanent que constitue Ebola dont l'origine
et le réservoir restent méconnus à ce jour. En outre, les chercheurs
n'entrevoient toujours pas une possibilité de traitement par vaccin
ou par médicament à court terme. C'est pourquoi, le délégué européen
salue donc la réactivation du comité de crise du Gabon et l'exhorte
à intensifier ses actions de conscientisation dans les villages,
en véhiculant un message adapté à la culture locale. On sait, en
effet, que certaines pratiques ancestrales se sont révélées comme
d'importants facteurs de propagation de l'épidémie. Pour combattre
l'épidémie, la prévention reste donc la seule arme efficace à ce
jour. C'est dans ce sens que s'inscrit le programme humanitaire
d'urgence de l'Union européenne au Congo, qui sera exécuté par l'OMS,
en association avec les équipes mobiles de Médecins sans frontières
(MSF) déjà sur le terrain, qui mettent l'accent sur cinq domaines
d'interventions :
- l'installation d'un comité de gestion de l'épidémie.
- la prise en charge des malades par le renforcement du réseau
sanitaire existant, la création d'un centre d'isolement, la fourniture
de médicaments et de consommables.
- la protection du personnel soignant.
- la sensibilisation des populations par des mesures de détection,
de contamination, de traitement et de propagation de la maladie.
- la mise en place d'un système de surveillance épidémiologique.
Toutes ces actions seront menées avec l'appui du gouvernement,
congolais, qui a déjà soutenu la conférence internationale qui s'est
tenue les 4 et 5 mars 2003 à Brazzaville. Elle a été initiée par
Ecofac, un projet de l'Union européenne chargé d'apporter son appui
à la gestion des aires protégées en Afrique centrale.
AIRES PROTÉGÉES
Et c'est justement parce que l'épidémie surgit dans ces aires protégées
ou à proximité de celles-ci, à l'exemple de Minkébé (1994 et 1997
et la Lopé (1996) au Gabon, ou Odzala (2002-03) au Congo, que le
projet Ecofac s'est senti interpellé. A la conférence de Brazzaville
où étaient représentées les autorités des deux pays, ainsi que l'ensemble
des laboratoires mondiaux travaillant sur Ebola, à défaut d'une
solution-miracle, les experts ont reconnu la nécessité de mettre
l'accent sur la prévention, en ouvrant quelques pistes. Celles-ci
vont de l'extension des recherches autour dû réservoir du virus
au désenclavement des régions à risque, afin non seulement de rendre
les populations plus accessibles, mais aussi, selon Ecofae, de "les
mettre dans une dynamique économique, qui les rende indépendants
des ressources de la forêt. Il s'agira aussi de renforcer les structures
sanitaires, au-delà des campagnes de prévention, afin de les rapprocher
des villageois. Par ailleurs, ajoute Jochen Krebs, la crise humaine
qu'induit Ebola est avant tout une crise de la faune. C'est pourquoi,
à Brazzaville, il a été proposé, entre autres, de renforcer les
contrôles sur la consommation de la viande de brousse, ainsi que
la surveillance épidémiologique et une recherche sur le réservoir,
les mécanismes de transmission possibles entre le réservoir et les
populations des grands villages.
Source : Journal l'Union Plus du 11/03/2003
Lire l'article original : http://www.internetgabon.com/gabon/actu/actu_11032003d.htm
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