La Consultation d'experts OMS/FAO sur l'alimentation, la nutrition
et la prévention des maladies chroniques qui s'est tenue à Genève
du 28 janvier au 1er février 2003 a porté sur les bases scientifiques
de la relation qui existe entre l'alimentation et la pratique d'une
activité physique et les principales maladies chroniques liées à
la nutrition. Les experts ont formulé des recommandations pour aider
à prévenir les décès et les incapacités dus aux principales maladies
chroniques d'origine nutritionnelle.
Les objectifs ainsi fixés concernant l'apport en nutriments et
l'activité physique de la population devraient faciliter la mise
au point de stratégies régionales et de lignes directrices nationales
destinées à réduire la charge de morbidité associée à l'obésité,
au diabète, aux maladies cardio-vasculaires, à plusieurs formes
de cancer, à l'ostéoporose et aux affections dentaires. Ces recommandations
s'appuient sur l'examen et l'analyse des meilleures données disponibles
et le jugement collectif d'un groupe d'experts représentant l'éventail
mondial de l'activité de l'OMS et de la FAO. Les principaux résultats
sont notamment les suivants :
- Obésité : Le déséquilibre entre des dépenses d'énergie en baisse
du fait de l'inactivité physique et une alimentation très énergétique
(excès de calories apportées par le sucre, les féculents ou les
graisses) est le principal déterminant de l'épidémie d'obésité.
L'augmentation de l'activité physique, associée à une consommation
réduite d'aliments riches en graisses et d'aliments et de breuvages
riches en sucres, peut prévenir un gain de poids préjudiciable
à la santé. La traduction de ces objectifs simples en mesures
concrètes nécessite d'importants changements sociaux et environnementaux
pour promouvoir et soutenir efficacement des choix personnels
plus sains.
- Diabète : Le gain de poids excessif, la surcharge pondérale
et l'obésité ainsi que l'inactivité physique sont responsables
des taux toujours plus élevés de diabète type 2 dans le monde.
Le diabète aggrave le risque de cardiopathies, d'affections rénales,
d'accidents vasculaires cérébraux et d'infections. L'augmentation
de l'activité physique et le maintien d'un bon équilibre pondéral
sont fondamentaux pour la prévention et le traitement du diabète.
- Les maladies cardio-vasculaires, maladies les plus meurtrières
dans le monde, sont dues dans une large mesure aux déséquilibres
alimentaires et à l'inactivité physique. Le risque de maladies
cardio-vasculaires sous leurs formes principales, cardiopathies
et accidents vasculaires cérébraux, peut être diminué par une
consommation réduite de graisses saturées et trans, et une consommation
suffisante d'acides gras poly-insaturés (n-3 et n-6), de fruits
et de légumes et une alimentation plus pauvre en sel, ainsi que
par l'activité physique et la surveillance du poids. La réduction
de l'apport en sel aide à réduire la tension, cause majeure de
maladies cardio-vasculaires.
- Cancer : Le tabac est la principale cause de cancer mais certains
facteurs alimentaires favorisent grandement divers types de cancer.
Le maintien d'un bon équilibre pondéral réduit le risque de cancer
de l'œsophage, du côlon et du rectum, du sein, de l'endomètre
et des reins. Une consommation d'alcool réduite diminue le risque
de cancer de la bouche, de la gorge, de l'œsophage, du foie et
du sein. Une consommation suffisante de fruits et de légumes devrait
réduire encore le risque de cancer de la cavité buccale, de l'œsophage,
de l'estomac, du côlon et du rectum.
- Ostéoporose et fractures des os : Les fractures dues à la fragilité
des os touchent les personnes âgées. Une consommation suffisante
de calcium (500 mg par jour ou plus) et de vitamine D dans les
populations au taux élevé d'ostéoporose aide à réduire le risque
de fracture, comme le font aussi l'exposition au soleil et l'activité
physique qui renforcent les os et les muscles.
- Affections dentaires : Les caries peuvent être évitées par une
consommation réduite et moins fréquente de sucres et par une exposition
suffisante au fluor. L'érosion des dents par les acides alimentaires
contenus dans les breuvages ou d'autres aliments acides peut favoriser
la destruction des dents.
Les experts ont reconnu que l'activité physique était un élément
essentiel de la nutrition et de la santé. L'activité physique, fondamentale
pour les dépenses énergétiques, est donc essentielle pour l'équilibre
énergétique et la maîtrise pondérale. L'inactivité physique est
déjà un important risque sanitaire dans le monde et elle est courante
dans les pays industrialisés comme dans les pays en développement,
notamment dans les populations urbaines défavorisées des mégalopoles
à forte densité de population. Les mesures et les politiques à l'appui
d'une alimentation plus saine et d'une vie physiquement active ont
des aspects communs et influent sur le choix de comportements plus
sains.
Une alimentation saine et la pratique d'une activité physique sont
essentielles pour une bonne nutrition et une vie longue et en bonne
santé. Il est important, à tout âge, de consommer des aliments riches
en nutriments et de compenser l'apport énergétique par une activité
physique suffisante. Une consommation déséquilibrée d'aliments très
énergétiques (sucre, féculents et/ou graisses) et pauvres en nutriments
essentiels favorise l'excédent énergétique, la surcharge pondérale
et l'obésité. L'apport énergétique par rapport à l'activité physique
et la qualité des aliments figurent parmi les principaux déterminants
des maladies chroniques liées à la nutrition. Toutes les graisses
ne sont pas identiques et il est utile de connaître la différence.
La complexité scientifique de ces questions ne doit pas brouiller
les messages simples requis pour orienter et guider les consommateurs.
Les gens devraient consommer moins d'aliments très caloriques, en
particulier les aliments riches en graisses saturées ou trans et
en sucres, avoir une activité physique, choisir les graisses insaturées
et consommer moins de sel ; manger des fruits, des légumes et des
légumineuses ; et opter pour une alimentation végétarienne et des
produits de la mer. Ce type de consommation est non seulement plus
sain mais il est aussi plus favorable à l'environnement et au développement
durable.
Pour prévenir plus efficacement les maladies chroniques liées à
la nutrition, les stratégies et les politiques devraient pleinement
reconnaître le rôle essentiel de l'alimentation comme de l'activité
physique en tant que facteur de bonne nutrition et de santé optimale.
Les politiques et les programmes doivent tenir compte des changements
nécessaires au niveau individuel ainsi que des modifications sociales
et environnementales qui rendront les choix plus sains accessibles
et préférables. Dans les communautés, les districts et les pays
qui ont organisé des interventions intégrées de grande envergure,
on a observé un recul spectaculaire de la mortalité et des incapacités
liées aux maladies non transmissibles.
Des succès ont été enregistrés là où la population a reconnu que
les décès prématurés superflus survenus dans la communauté étaient
largement évitables et où elle s'est donné les moyens, à elle-même
et aux élus municipaux, de créer des environnements favorables à
la santé. A cet effet, on a instauré des relations de travail entre
les communautés et les pouvoirs publics, on a adopté des lois d'habilitation
et des initiatives locales affectant les écoles et les lieux de
travail ; on a associé les fabricants de denrées alimentaires et
les industries de transformation. Au-delà des arguments avancés,
l'épidémie peut être arrêtée - les personnes affectées doivent demander
l'adoption de mesures. La solution est entre nos mains.
Joëlle Munzinger, chargé de Communications à l'OMS
Lire l'article original : http://www.fasonet.bf/hebdo/actualite2/hebdo207/sante207.htm
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