Une mission du ministère de la Santé conduite par M. Jean Gabriel
Wango qu'accompagnait le docteur Mohamad Hacenne, représentant de
l'OMS, a effectué le jeudi 27 février dernier une sortie de supervision
dans les districts sanitaires de Manga et de Pô.
Le Burkina Faso, on le sait, est situé dans la ceinture méningitique,
si fait que de façon recurrente depuis 1996, notre pays connaît
des épidémies de méningite qui sévit aux côtés du paludisme et du
Sida.
Depuis l'année 2002, une nouvelle souche, le méningocoque du sérogroupe
W135 a fait son apparition, défiant ainsi le ministère de la Santé
dans son combat contre les épidémies de méningite.
Cette année encore, alors qu'une stratégie de riposte contre une
éventuelle épidémie de méningite se tramait (en décembre 2002),
on notait des cas de méningite.
Une répartition des cas de méningite par semaine et par districts
(le Burkina Faso compte 53 districts sanitaires) montre que de la
1re semaine (1re s : 1er janvier) à la 7e semaine (7e s : 16 février)
le nombre de cas suspects étaient à 2 433 dont 401 décès. Mais,
5 districts ont atteint ou franchi le seuil d'épidémie. Parmi ces
cinq districts sanitaires figurent ceux de Manga et de Pô qui enregistrent
respectivement à la 8e S 117 cas dont 17 décès, et 96 cas dont 19
décès.
C'est donc Manga et Pô, en situation épidémique plus poussée, qui
ont reçu la visite du secrétaire général du ministère de la Santé,
Docteur Jean Gabriel Wango.
Il s'agissait pour la mission du ministère de la Santé de rencontrer
les responsables provinciaux en charge de la Santé et tous ceux
qui sont impliqués dans la lutte contre la méningite, afin de voir
comment ceux-ci s'organisent, recenser les difficultés de mise en
œuvre du plan de riposte contre l'épidémie, et leur apporter des
conseils appropriés.
Une sortie sur le terrain à laquelle la presse écrite était associée
et qui devrait lui permettre d'aller au-delà du cadre formel de
ces genres de visite guidée.
Campagne de vaccination à Gobousgou et Dassanga
Du reste, la liberté avait été donnée aux journalistes de poser
leurs questions à qui ils voulaient. Au bout du compte, ils se sont
contentés des exposés des deux médecins-chefs des districts de Manga
et Pô. Ainsi à Manga, de la présentation sur la situation épidémique
de la méningite, faite par le directeur régional de la Santé du
Centre-Sud, docteur Boureima Ouédraogo, et docteur Sibraogo Tiemtoré,
on retient que la lutte contre la méningite s'organise autour d'un
comité de crise qui a monté un microplan de campagne comportant
entre autres des activités de sensibilisation.
En plus de la prise en charge des cas, une campagne de vaccination
est lancée à Gobousgou et Dassanga où la méningite sévit beaucoup
plus. A Manga, le vaccin utilisé est le trivalent (le nouveau vaccin
mis au point il y a à peine 3 mois et dont le Burkina a reçu grâce
à l'OMS 500 0000 doses).
La province du Zoundwéogo est la toute première à recevoir 180 000
doses de ce vaccin. La principale difficulté qui a été relevée au
cours de l'explication de la stratégie de lutte contre la méningite
à Manga, est la faible quantité de prélèvement du liquide rachidien
pour être analysé dans les laboratoires à Ouagadougou.
Le prélèvement se fait souvent dans de mauvaises conditions (on
utilise des boîtes vides d'ampisyline, ce qui n'est pas recommandé).
A cela s'ajoute la difficulté d'entrer en communication avec Ouagadougou.
A l'heure du développement du téléphone portable, n'est-ce pas paradoxal
?
Dans le Nahouri, province voisine du Zoundwéogo, le scénario de
la visite est le même. La rencontre avec les autorités et les responsables
provinciaux en charge de la santé a eu lieu au haut-commissariat.
Là également, le point sur la situation de l'épidémie a été fait.
Il ressort de l'exposé du docteur Yibar Kambiré, médecin-chef du
district de Pô que les zones les plus touchées sont Ziou, Guelwango,
Zéko, Tiébélé. Pô dispose également de son micro-plan de campagne
de lutte contre la méningite. Ici, la stratégie prend en compte
trois étapes : avant l'épidémie, pendant et après. Ainsi, avant
l'épidémie, les agents de santé ont été formés, la population sensibilisée.
Pendant l'épidémie, l'essentiel des actions menées est la prise
en charge gratuite des malades. Et à la date de la visite du ministère
de la Santé, Pô envisageait une campagne de vaccination. Les difficultés
recensées dans le Nahouri portent sur l'insuffisance des ressources,
le retard des malades à se rendre dans les centres de soin, le manque
de moyen de transport qui rend difficile l'acheminement des prélèvements
vers les laboratoires.
La mission du ministère de la Santé a pris bonne note des difficultés
et a promis d'engager la réflexion afin d'améliorer la stratégie
de lutte. Répondant à la question de savoir si la situation de la
méningite à Pô est alarmante, le médecin-chef Yibar Kambiré dira
que toute situation épidémique est grave.
Agnan Kayorgo
Lire l'article original : http://www.lobservateur.bf/quotidiens/select.asp?Numero=2716
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