Entre décembre 1998 et ce mois de mars 2003, 1051 personnes affectées
par le VIH/SIDA ont été mises sous traitement antirétroviral (TARV).
C'est le Pr Pape Salif Sow, chef du service des maladies infectieuses,
qui l'a révélé samedi, au cours d'une rencontre scientifique à la
Faculté de médecine et de Pharmacie. Cette rencontre portait sur
le bilan des différents volets de l'initiative sénégalaise d'accès
aux médicaments antirétroviraux (ISAARV), ouverte par le doyen de
la Faculté, le Pr Doudou Thiam.
Il a indiqué que les structures chargées depuis 1998 de cette administration
des antirétroviraux, en l'occurrence, l'hôpital Principal de Dakar,
la clinique des Maladies Infectieuses " Iba Diop Mar " et le centre
de traitement ambulatoire (CTA) du CHU de Fann, l'Institut d'Hygiène
Sociale, le centre de santé roi Baudoin de Guédiawaye et l'hôpital
d'enfants Albert Royer, ont, dans leur majeure partie, effectué
ce programme avec des résultats satisfaisants malgré quelques contraintes.
Entre 55 et 65 patients adultes et 10 à 20 enfants et adolescents
sont inclus en moyenne chaque mois, dans l'ISAARV. Cette inclusion
obéit à des critères d'éligibilité qui sont entre autres, les signes
cliniques, la charge virale dans le corps de l'individu, le degré
immunologique à travers la numérotation des globules blancs dits
CD4. La situation sociale des personnes bénéficiaires, incluses
dans ce programme, permet aussi de déterminer la part des contributions
financières aux soins. Selon le Pr Salif Sow : " les coûts mensuels
des ARV pour une trithérapie (ndlr : association de trois médicaments)
devraient être de 600000 Fcfa par mois ; mais, grâce à une baisse
de 90% des prix des médicaments octroyée au Sénégal par les firmes
pharmaceutiques et une subvention de 500 millions par an de l'Etat
sénégalais et qui a été portée à 1 milliard de Fcfa depuis 2002,
ne s'élèvent plus qu'a 5000 Fcfa par an et pour ce qui peuvent payer
". " Les autres, qui sont sans revenus, sont pris en charge gratuitement
à 100%, grâce à la subvention de l'Etat ", a poursuivi le spécialiste
sénégalais.
Dans les diverses communications présentées par les Dr Mandoumbé
Gueye, Haby Sy Signaté chargée de coordonner le volet pédiatrique
de l'ISAARV à l'hôpital Albert Royer, ont mis en exergue l'importance
de la prise en charge psychosociale, l'impact des effets secondaires,
du soutien nutritionnel, de la prise en compte du taux d'abandon
de traitement, dû essentiellement aux effets secondaires, l'émigration,
la décision de certains malades d'aller quérir des traitements traditionnels.
Le Dr Haby Sy Signaté a révélé qu'entre juin 2000 et décembre 2002,
76 enfants, dont 37 garçons et 39 filles, ont pu bénéficier des
ARV dont la " névirapine ". Il y a parmi eux 60% d'orphelins. La
majorité, contaminée par la transmission verticale, c'est-à-dire
de la mère à l'enfant, est infectée par le VIH1. 4 porte le VIH2
et 2 ont le double profil c'est-à-dire qui ont le VIH1 et le VIH2.
Seule une fille de quatorze ans a été infectée par relation sexuelle
suite à un des abus sexuels dont elle a été victime. Des analyses
avaient déterminé une séronégativité de sa mère.
" Nous devons tout faire pour permettre une prise en charge des
enfants qui vivent à leur façon le drame du SIDA et parfois sans
comprendre pourquoi ils sont obligés à prendre ces médicaments ARV
".
Le médecin de l'hôpital Albert Royer a précisé qu'ils sont confrontés
à de sérieux problèmes de prise en charge psychosociale dans la
mesure où même les répondants des enfants sont parfois des grands-parents
démunis, mais aussi à des difficultés de suivi biologique résultant
d'un défaut d'organisation. Le Pr Haby Sy Signaté a demandé un soutien
accru en faveur des enfants, à la lumière des volets qui concernent
les adultes et qui sont pour la plupart appuyés par des organismes
extérieurs de recherche (OPALS, ANRS, etc) et /ou par des firmes
pharmaceutiques.
Concernant les ARV dans la lutte contre la transmission de la mère
à l'enfant (TME), le Pr Alassane Diouf, de la clinique de gynécologie
obstétrique du CHU de Dakar, a souligné les avancées de ce programme
qui a concerné près de 584 femmes dont seules 460 ont accepté le
test de dépistage et l'administration d'ARV dont l'AZT et la névirapine.
EXPOSITIONS ACCIDENTELLES AU SANG
Enfin le Dr Bernard Diop a présenté une étude sur les accidents
d'exposition au sang en milieu hospitalier dans le contexte du VIH/SIDA,
mais aussi des autres possibilités d'infection virales, ainsi que
la conduite à tenir au cas où… Il y aurait 59 cas d'accidents d'exposition
au sang dans les structures sanitaires et la majorité des cas d'accidents
se déroulent durant le second semestre, période d'arrivée des stagiaires
et de départ en vacances d'une grande partie des personnels. Ce
qui induit un surplus à risque de travail…
Le spécialiste des maladies infectieuses a indiqué que les stagiaires
et les paramédicaux sont les plus exposés aux risques de contamination
parmi les agents de santé toutes catégories confondues. Plus que
les médecins et les chirurgiens…Il a révélé que les femmes sont
trois fois plus menacées que les hommes et que les cas présumés
de contamination sont plus élevés à l'hôpital de Fann (44%). Il
est suivi de l'hôpital principal de Dakar (39%) puis de l'hôpital
Aristides Le Dantec.
Rappelons que cette journée scientifique sur l'ISAARV a été dédiée
aux feus professeurs Mamadou Gueye (neurochirurgie) et Salif Badiane
(Maladies Infectieuses). Le Pr Iba Diop Mar leur a rendu un vibrant
hommage avant de plaider pour une recherche plus soutenue au bénéfice
de nos populations. Fara DIAW
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=25676&index__edition=9849
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