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Complications médicales de la dépigmentation artificielle : Des dermatologues sonnent la mobilisation - Le Soleil - Sénégal - 4/03/2003

Des images fortes, frappantes, saisissantes ... Des images qui ont fait tilt jusqu’à créer une réaction hostile face à toute idée de pratiquer la dépigmentation artificielle. Visage, dos, torse, cou, pieds, bras, aisselles … tout est altéré par l’usage abusif de produits dépigmentants. Avec au finish, une peau pas du tout gai à voir. Contrairement à l’effet d’embellissement, unique but recherché par les pratiquants de la dépigmentation artificielle. Il en fallait, au-delà des études réalisées çà et là, pour étayer les complications médicales de la dépigmentation artificielle communément appelée « khessal ».

Des dermatologues, membres de l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (AIIDA), sonnent la mobilisation. Thème choisi samedi dernier par l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (AIIDA) pour sensibiliser les communicateurs, sur les effets ou conséquences désastreuses que peut engendrer la pratique du « khessal ».
C’était lors d’un atelier organisé à l’intention des journalistes, eux qui doivent servir de relais aux populations. Depuis quelque temps, on a noté que les complications liées à la pratique du « khessal » vont crescendo au regard des chiffres sortis d’une étude rétrospective, sur une durée de 53 mois ; étude réalisée par le Dr Mame Thierno Dieng, sur les dermo-hypodermites bactériennes et la dépigmentation artificielle.
Il s’est agi, pour le médecin, d’interroger des patientes, sur les produits utilisés, la surface sur laquelle ces produits étaient appliqués, la durée d’utilisation …
Au cours de cette courte période d’observation, il a été relevé 60 cas de complications relatives aux dermo-hypodermites bactériennes contre seulement 2 en 1976, révèle le Dr Mame Thierno Dieng qui en tire la conclusion selon laquelle, il sévit maintenant une véritable épidémie de dermo-hypodermites bactériennes.

CAUSES D’HOSPITALISATION, DE DECES

Suivant cette logique, elles constituent les premières causes d’hospitalisation en dermatologie. Et dans 80 % des cas, elles sont guéries si elles sont traitées. Mais, souligne Dr Mame Thierno Dieng, on a eu à noter deux cas de décès relatifs aux dermo-hypodermites bactériennes qui peuvent avoir des conséquences esthétiques, des effets trophiques avec une modification de la texture de la peau …
Entre autres complications très graves pouvant même occasionner des brûlures, conduire au coma, puis à la mort. Des situations qui découlent de l’utilisation prolongée de certains produits très puissants à base de clobetasol qui favorisent la fragilisation de la peau. À partir de cet instant, le produit peut passer dans le sang avec les dangers que cela peut engendrer.

CORTICOÏDES, DERIVES MERCURIELS, DETERGENTS

Les produits utilisés, notamment les corticoïdes qui sont des médicaments détournés de leur usage et retrouvés sur le marché sénégalais et qui n’obéissent à aucune réglementation, peuvent également engendrer en dehors des dermo-hypodermites bactériennes, des complications médicales. D’ailleurs, soutient Dr Fatimata Ly, présidente de AIIDA, 52,7 % des complications dermatologiques ont des causes médicales, d’après une étude effectuée à l’Institut d’hygiène social (IHS) de Dakar. Et elles se manifestent sous forme de troubles pigmentaires avec une hyperpigmentation de contraste au niveau des orteils et des doigts, d’acné, de vergetures …
Différentes manifestations ressorties par le Dr Assane Kane qui est longuement revenu dans sa communication sur les produits utilisés que sont les corticoïdes, des dérivés mercuriels, phénoliques ou mercapto-aminés à base de détergents. D’où les complications de nature infectieuse dégagée par Dr Fatimata Ly. Il s’agit notamment de la gale avec un pourcentage de 58 % dénombré à l’IHS, au cours de l’année 2000. À côté, note la présidente de AIIDA, il y a les dyschromies qui sont des altérations de la pigmentation cutanée dont la plus caractéristique demeure l’ochronose exogène bien connue sous le vocable de « tiéré » par analogie au semis de lésions brunes siégeant sur les zones exposées au soleil.

DIABETE, HYPERTENSION, COMPLICATIONS RENALES...

Évidemment, il n’y a pas que des complications dermatologiques ou médicales liées à la pratique du « khessal». Des complications générales, comme le diabète, l’hypertension artérielle, ont été relevées. Et « ces maladies seraient plus fréquentes chez les pratiquantes de la dépigmentation artificielle avec des produits à base de corticoïdes que chez celles qui n’en utilisent pas », affirme Dr Fatimata Ly. À côté, il y a les complications rénales, les neuropathies, occasionnées par l’utilisation de produits à base de mercure et les complications au cours de la grossesse. En effet, constate la présidente de AIIDA, « l’utilisation de produits dépigmentants au cours de la grossesse s’accompagne d’accidents obstétricaux, un renforcement de la pratique étant souvent noté lors du dernier trimestre ».

DES CHIFFRES QUI PARLENT

Entre « khessal » (blanchiment) ou « léral » (éclaircissement), le cœur des pratiquants de la dépigmentation artificielle balance. Qu’importe, le taux de prévalence resté élevé au Sénégal avec 70 %, contre 25 % pour le Mali, relève Dr Fatimata Ly, présidente de l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (AIIDA). Rien que pour le quartier de Niary Tally, représentatif de la population de Dakar, une étude effectuée en 1999 fait état de 67 % de pratiquantes. Ce qui dénote de l’importance épidémiologique du phénomène.

ESTHETIQUE, MODE, THERAPIE …

Pour illustrer son propos, Fatimata Ly révèle que sur un échantillon de 368 femmes qui avaient au moins 16 ans, plus de la moitié (51 %) pratiquait la dépigmentation artificielle. Alors que 91 % des femmes interrogées penchaient pour un « léral », les 9 % restants disaient non à un réel blanchiment de la peau ou « khessal ».
Tel est le résultat d’une enquête menée à l’Institut d’hygiène social (IHS) en 2000, par la présidente de (AIIDA). Qu’importe la raison évoquée, la principale motivation est d’ordre purement esthétique (89 % des cas) contre 11 % de femmes qui se dépigmentaient au cours de cette période de recueil de données (2000) pour un but thérapeutique.
Des statistiques qui balaient d’un revers de la main toutes considérations faisant de la dépigmentation artificielle « une pratique relevant d’un traumatisme post-colonial, d’un complexe d’infériorité vis-à-vis de la race blanche ».
L’augmentation de la pratique est notée pendant la grossesse, notamment au cours du dernier trimestre (18 %). Ainsi, 41 % des cas ont une relation avec un évènement à caractère social. Et dans 18 % des cas, un événement social comme le mariage ou le baptême est souvent retrouvé comme facteur déclenchant.

5 MILLIARDS PAR AN POUR L’ACHAT DE PRODUITS DEPIGMENTANTS

Ce sont 117 marques de produits que l’on retrouve sur le marché. Chaque mois, une pratiquante peut utiliser jusqu’à 4 tubes de produits dépigmentants. Soit entre 15 et 350 grammes pour une valeur se situant entre 2.500 à 25.000 F CFA par mois. Ces sommes cumulées font état des dépenses liées à l’achat de produits dépigmentants pouvant aller jusqu’à 5 milliards par an, soutient Dr Fatimata Ly, présidente de AIIDA.
Par rapport au contrôle de l’autorité publique sur l’importation de produits destinés au « khessal » et évoqué par certains participants, le chef du service Dermatologie de l’IHS pense que la législation doit jouer son rôle dans la réglementation des produits distribués. Au regard des conséquences dévastatrices liées à la pratique de la dépigmentation artificielle retrouvée dans toutes les couches de la population indépendamment du statut socio-professionnel, du niveau d’instruction, de la religion, une participante à l’atelier de sensibilisation sur les complications médicales liées à la DA recommande de valoriser davantage la peau noire. Au lieu, dit-elle, de juste se limiter à dégager les conséquences.
Seulement, note le chef du service Dermatologie de l’IHS « tout discours moralisateur, toute tentative répressive sont voués à l’échec. Il faut sensibiliser et éviter la stigmatisation ».
par Maïmouna GUEYE

Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.CFM?articles__id=24744


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