L'actualité

Notre métier d'éditeurs de revues médicales en Afrique francophone et au Maghreb, nous amène à suivre de très près l'actualité de la santé de ces pays.
Nous lisons la plupart des journaux spécialisés et sommes en contact avec de très nombreuses associations et ONG.
Nous fréquentons aussi certains forums spécialisés.

Dans notre développement Internet, nous avons pensé que toutes ces informations que nous recueillons quotidiennement ne pouvaient que vous intéresser.
C'est la raison de cette rubrique que nous mettrons à jour le plus régulièrement possible.

Afin d'être en harmonie avec la déontologie Internet, nous vous précisons que toutes nos sources sont informées des textes que nous leur empruntons afin de les mettre à votre disposition dans cette rubrique.

Toutefois, comme elles le précisent elles-même pour la plupart, nous vous prions de traiter les informations avec la plus grande prudence et de ne pas hésiter à suivre les liens que nous plaçons systématiquement à la fin des articles, afin de lire le document original et de contacter, le cas échéant, l'auteur ou le responsable de la publication.

Si vous souhaitiez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir suivre le lien afin de récupérer le document original et vous conseillons d'en informer les responsables.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur SantéTropicale.com

Santetropicale.com

Page d'accueil de Santetropicale.com La Bibliothèque de Santé tropicale Le Kiosque des revues médicales africaines Dictionnaire Internet Africain des Médicaments Web médical africain Annuaire de la santé en Afrique Qui contacter ?

L'actualité de la santé en Afrique

Et la méningite continue de tuer... - Journal du jeudi - Burkina Faso - 7/03/2003

La méningite est un processus inflammatoire, d'origine généralement infectieuse, atteignant les méninges, c'est-à-dire l'ensemble des formations recouvrant l'encéphale et la moelle épinière. Les méningites d'origine virale (70 à 80 % des cas) sont généralement bénignes, le rétablissement étant le plus souvent spontané. Par contre, les méningites d'origine bactérienne (20 à 25 % des cas) sont graves car l'évolution spontanée est pratiquement toujours mortelle.

La bactérie, Neisseria meningitidis, se transmet par contact direct, notamment avec les gouttelettes qu'émettent les voies respiratoires des sujets infectés (nez, gorge), et la maladie se manifeste par l'apparition brutale de céphalées, avec fièvre, nausées, vomissements. On note aussi la raideur de la nuque, des troubles de la conscience, un coma et/ou des convulsions. Les complications les plus fréquentes de la méningite cérébro-spinale sont des atteintes neurologiques, en particulier la surdité bilatérale.

Les spécialistes indiquent qu'en dehors des épidémies, "au moins 1,2 million de cas de méningite bactérienne se produisent chaque année selon les estimations, dont 135 000 mortels."
Dans les pays industrialisés, l'incidence des méningites est située entre 2,5 et 10 pour 100 000 habitants.
Sur les 497 cas recensés en 2000 par le Centre national de référence en France, 19 % des infections à méningocoques étaient dues au sérogroupe C, contre 66 % dues au sérogroupe B et 10 % au sérogroupe W135. Cette incidence est dix fois plus élevée dans les pays en voie de développement.

En effet, la méningite se développe en Afrique, notamment lorsque survient l'harmattan, ce vent sec et chargé de poussières qui fragilise les muqueuses de l'appareil respiratoire. Les deux tiers de ces méningites frappent les enfants âgés de moins de 5 ans. Le taux de létalité est compris entre 5 et 10 % et peut dépasser 50 % en l'absence de traitement.
Outre la mortalité associée à cette infection, 15 à 20 % de ceux qui survivent souffrent de séquelles neurologiques.

Présente partout dans le monde, la méningite à méningocoque, seule forme de méningite bactérienne qui provoque des épidémies, touche, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 500 000 personnes chaque année.
Les souches A, B, C, Y et W 135 sont à l'origine de 99 % des cas de méningites cérébro-spinales.
Le sérogroupe A est à l'origine d'épidémies touchant des centaines de milliers de personnes dans "la ceinture africaine de la méningite", allant de l'Éthiopie jusqu'au Sénégal.

Le Burkina Faso, qui fait partie de cette ceinture méningitique, fait face, quasiment chaque année, à des épidémies de méningite. Les situations épidémiologiques les plus graves ont été enregistrées en 1996 avec 4 363 décès pour 42 967 cas, en 1997 avec 2 533 décès pour 22 293 cas et en 2001 avec 1 769 décès pour 12 790 cas, si l'on en croit les chiffres officiels repris par l'Agence France-Presse.
Cette année encore, on est sur le qui-vive au pays des Hommes intègres. Le tableau de bord général de ce début de mois de mars indique que les 53 districts sanitaires du pays sont touchés par la méningite, qui a déjà fait, selon le quotidien d'Etat Sidwaya, 347 décès pour 2 433 cas enregistrés. C'est le district sanitaire de Manga qui enregistre le plus grand nombre de personnes touchées avec 282 cas. Suivent, dans l'ordre, Batié avec 170 cas, Bogandé avec 161 cas et Pissy avec 101 personnes.

On est d'autant plus sur ses gardes avec la recrudescence de cas imputables à la souche W 135, qui a tué, selon L'Observateur Paalga, 1 743 personnes sur les 14 453 cas dénombrés l'année dernière.
Bien entendu, les autorités nationales essaient d'apporter la contre-attaque, aidées en cela par la communauté internationale. Des millions de doses du vaccin ACW 135, qui protège à la fois contre les souches A, C et W 135, sont destinées à l'Afrique et commencent déjà à être acheminées dans les pays où la conjoncture épidémique s'est déclarée.
Trois opérateurs interviennent dans cette... opération de sauvetage: l'Organisation mondiale de la santé (OMS), GlaxoSmithKline (GSK) et la Fondation Bill et Melinda Gates. Une première livraison de trois millions de doses du précieux vaccin devrait limiter l'impact de l'épidémie dans la ceinture africaine de la méningite. Appréciant cette initiative, le Directeur général de l'OMS, Dr Gro Harlem Bruntland, a salué "ce que peuvent faire des partenariats public-privé pour améliorer la santé".

Au plan national, et pour accompagner le mouvement international, le ministère de la Santé a mis en place une batterie de mesures au nombre desquelles "une vaste campagne gratuite de vaccination, en cours depuis décembre dernier contre les souches A et C, très répandues mais contre lesquelles le pays dispose d'importantes quantités de vaccins".
Selon le directeur national de lutte contre la méningite, Souleymane Sanou, "le déclenchement de l'épidémie dans certaines zones, notamment dans le Sud et l'Ouest, est dû au fait que les populations n'avaient pas été largement vaccinées en 2002". Cette situation est tributaire, a-t-il expliqué, de l'arrivée massive de Burkinabè fuyant la Côte d'Ivoire et dont une bonne partie n'a pas été immunisée contre la maladie.

Au-delà des actions ponctuelles, il faut certainement rompre avec le cycle infection-maladie-décès. Pour ce faire, il faudrait peut-être revoir la stratégie d'ensemble de lutte contre la méningite qui s'apparente à jouer les pompiers pour éteindre, chaque fois, l'incendie de l'épidémie. C'est, du moins, ce qui ressort d'un article publié dans Le monde diplomatique, en mai 2001, par le Docteur Jean-Philippe Chippaux, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) à Dakar.
Titré "Conflits autour de la méningite en Afrique", l'auteur de l'article fustige le fait que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait choisi de lutter contre la méningite par des campagnes de vaccination de masse organisées uniquement après la "déclaration" de l'épidémie. Elle oublie ainsi que "le vaccin est, par définition, un outil préventif et non curatif, et que deux à trois semaines sont nécessaires pour que les anticorps exercent leur fonction de défense".

Alors, pourquoi n'a-t-on pas écouté les spécialistes, qui ont dénoncé avec force, dès 1997, "la frilosité et l'échec d'une telle politique"?
Et pourquoi ne privilégierait-on pas, finalement, la vaccination de routine, "protectrice et préventive, qui consiste à immuniser en dehors des épidémies"?

Serge Mathias Tomondji

Lire l'article original : http://www.journaldujeudi.com/semaine/digest.htm#ancre1


Retour actualités
 
Copyright © 2003 NG COM Santé tropicale. Tous droits réservés. Site réalisé et developpé par NG COM Santé tropicale