Actualités de la santé
en Afrique
Mars 2005
Au sommaire de cette semaine :
Burkina Faso :
© Nord/Sanmatenga : M. Naye
Yé, président de l'ANTOB : Référer les
patients aux spécialistes
Cameroun :
© Onchocercose - La campagne fait
des victimes dans le Sud : 19 personnes hospitalisées après
avoir pris du Mectizan
© Tuberculose : amélioration
du taux de guérison
© Les spécialistes de laboratoire
s’organisent : L’assemblée générale clôturée
hier a consacré la naissance d’une fédération
africaine
Congo :
© Le Congo célèbre
la journée mondiale de lutte contre la tuberculose
Côte d'Ivoire
© Soins obstétricaux et néonataux
d’urgence : Les praticiens s’imprègnent des nouvelles
techniques
© Journée mondiale de lutte
contre la tuberculose : Le mal en progression de 50 % à Abidjan
© L’ethnomédecine à
la loupe
Gabon :
© Thermomètres médicaux à
mercure : danger !
Mali :
© Lutte contre la tuberculose : l'hommage
aux prestataires de soins
Madagascar :
© Tuberculose, plus de 8 millions de nouveaux cas
par an
© Questions à… Julia
Rakotomaharo, Présidente de Pneumalga
Maurice :
© Diabète et hypertension : De mal en pis
RD Congo :
© Présente en Angola : la
fièvre hémorragique de Marburg aux portes de la RDC
© Le traitement de la tuberculose
connaît 80% de succès en RDC
Togo :
© Le duo meurtrier
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Santé Tropicale
Une à trois minutes par patient
«Un hypertendu, un diabétique ou un cardiaque qui est suivi
par un hôpital, dans un Area Health Centre ou un Community Centre
ne passe en tout et pour tout que 12 minutes par an devant son médecin
traitant dans l‘Outpatient Department (OPD).» «S’il
a de la chance, c’est une demi-heure qu’il passera avec
un nutritionniste. Et c’est vraiment un veinard s’il arrive
à comprendre et à mettre en pratique les conseils du nutritionniste»,
affirme un de ces nombreux médecins, spécialistes en médecine
générale qui ausculte 300 diabètes et/ou hypertendus
lors de quatre séances de quelque trois heures par semaine. «La
moyenne est de 75 patients par séance mais c’est souvent
le double que nous voyons, explique-t-il. Ce qui donne une à
trois minutes par patient, le temps de renouveler leurs médicaments
et de leur donner un autre rendez-vous.»
De retour au pays depuis trois semaines, Vicky N., généraliste
en France, constate que son père diabétique depuis 15
ans est mal contrôlé, qu’il a un fort taux de cholestérol
de même que des plaquettes de cholestérol aux carotides.
Voulant avoir le cœur net, il accompagne son père lors de
son rendez-vous médical. Un scanner indique qu’il a déjà
fait un accident ischémique transitoire (AIT). Dans ce cas, un
ou des morceaux de cholestérol se détachent de la plaquette
des carotides avant de se retrouver bloqués dans une artère
du cerveau. Si ce dernier ne se débloque pas par la pression
du sang, c’est l’AIT. S’il ne se débloque pas
naturellement, c’est la congestion cérébrale avec
paralysie d’une moitié du corps ou la mort.
C’est après une heure que le père de Vicky est vu
par un médecin indien à l’unité OPD de l‘hôpital
du Nord. Chronométrée par Vicky, la consultation dure
moins de trois minutes «Le médecin indien avait le dossier
de mon père mais puisqu’aucun médecin n’avait
fait une analyse sanguine, il n’avait aucune indication concernant
son taux de sucre et de cholestérol. J’ai alors brandi
les résultats de l’analyse que j’avais fait faire
après avoir prescrit à mon père un régime
strict et des exercices. Après en avoir pris connaissance, le
médecin a dit ‘it is good, continue with your medecine’».
Tandis que le médecin indien rédige la prescription, Vicky
attire son attention sur le fait que le taux de mauvais cholestérol
du malade est élevé. «Avoid oil», conseille-t-il.
Ulcéré, Vicky explique que son père a une carotide
bouchée avec des plaquettes de cholestérol et qu’il
a déjà fait un AIT.
«Pour confirmer mes dires, il aurait pu avoir placé son
stéthoscope sur la carotide et, plus tard, confirmer le diagnostic
par une échographie de la carotide. Il ne l’a pas fait
: il n’avait pas de temps. C’est moi qui l’ai forcé
à prescrire du plavits, de l’aspirine et de l’atorvastatin,
un médicament anticholestérol, en plus des médicaments
contre le diabète.» Vicky a dû patienter une vingtaine
de minutes à la pharmacie de l’hôpital avant d’obtenir
des génériques du plavitz.
Des glucomètres pour le contrôle
Pour éviter que son père ne meure d’une congestion
cérébrale et s’assurer que son diabète est
bien contrôlé, Vicky a décidé d’avoir
recours à un médecin privé et d’offrir à
son père un glucomètre pour qu’il puisse contrôler
son taux de sucre.
Actuellement, de plus en plus de médecins, responsables du suivi
des diabétiques dans les hôpitaux, estiment qu’il
est grand temps que le ministère change de politique. «These
patients should be empowered to check themselves their blood sugar and
to chart their result. Il faut que ce soit visuel», explique un
médecin.
Il préconise donc l’octroi d’un glucomètre
et une carte à tous les diabétiques afin qu’ils
puissent évaluer leur taux de sucre au moins trois fois par semaine.
«Un glucomètre coûtera au gouvernement moins qu’une
fiole d’atraphane, l’insuline qui est prescrit à
70 % des diabétiques qui sont suivis par les hôpitaux et
centres de santé !»
Quoi qu’il en soit, les médecins sont unanimes à
reconnaître qu’il ne faut pas désespérer devant
le refus du cheval à boire. «S’il faut qu’il
le fasse pour son bien, il faut déployer tous les moyens. N’en
déplaise au ministre ! »
Une lueur d’espoir
Le dernier sondage en date effectué par le ministère de
la Santé à de quoi réjouir. En effet, si l’échantillon
est vraiment représentatif de la population mauricienne, ce sondage
démontre que davantage de Mauriciens font des exercices physiques,
qu’il y a moins d’obèses et que le nombre de personnes
qui ont une intolérance au glucose, donc un haut risque de développer
le diabète, a aussi baissé. Cette amélioration
concerne principalement ceux qui n’ont pas encore développé
de diabète et de l’hypertension.
Par ailleurs, la thérapie que le centre Brahma Kumaris de Khoyratty
a gratuitement offerte aux 81 malades cardiaques dont 29 étaient
aussi diabétiques, avec l’aide d’un cardiologue indien
semble avoir porté des fruits. Les seuls deux diabétiques
qui prenaient de l’insuline ont dû cesser en raison d’hypoglycémie.
Leur diabète est maintenant uniquement contrôlé
grâce au régime prescrit avec exercices et méditation
à la clé. Bon nombre des autres diabétiques et
certains hypertendus ont diminué leur dose de médicaments.
D’ici six mois, un rapport évaluera les résultats
obtenus par cette thérapie soutenue par le Centre de cardiologie,
destinée à empêcher que les artères déjà
dilatées ou pontées ne se rebouchent avec du cholestérol.
Raj JUGERNAUTH
Lire l'article original : http://www.lexpress.mu/display_search_result.php?news_id=38506
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