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Diabète et hypertension : De mal en pis - L'express - Ile Maurice - 26/03/2005
Malgré la conscientisation contre les maladies non-transmissibles, la situation n'a pas connu d’amélioration. Au contraire, Maurice compte 110 000 diabétiques et 160 000 hypertendus alors que 50 % des décès relèvent d’une maladie cardio-vasculaire.
Le diabète et l’hypertension tuent, tout comme les maladies cardiovasculaires. Le Mauricien ne s’en rend souvent compte que quand c’est un proche parent, un voisin ou un collègue qui en meurt avant l’âge de 60 ans. Comme ce directeur d’hôtel récemment décédé d’une gangrène rendue incurable en raison de son diabète. Comme ces deux journalistes qui sont morts, il y a quelque temps, de diabète et d’hypertension.
Pourtant, le spectre de l’issue fatale est vite oublié. Et la majorité des diabétiques, hypertendus et cardiaques passent outre tous les contrôles prescrits et les précautions d’usage. Résultat : le cholestérol, l’alcool et le tabac gardent leur emprise sur ces malades qui ont banni les exercices physiques et qui vivent à cent à l’heure sous le stress.
C’est ce qui explique l’amer constat d’Ashock Jugnauth, ministre de la Santé. «Malgré toute la campagne contre le diabète, l’hypertension et les maladies cardio-vasculaires, la population semble rester sourde aux mises en garde », ne cesse-t-il de répéter ces derniers temps à chaque fois qu’il est appelé à prononcer un discours.
Et la situation a de quoi inquiéter. Depuis quelque temps déjà, on note que 50 % des décès sont imputables à une maladie cardiovasculaire alors qu’on recense 110 000 diabétiques et 160 000 hypertendus. Ces trois maladies, la plupart du temps mal contrôlées, s’aggravent.
Campagne de sensibilisation, efforts des médecins et nutritionnistes déployés dans les cinq hôpitaux régionaux et la centaine de centres de santé à travers l’île ne donnent pas grands résultats. «Ou capav amen souval divan la rivier, me ou pa capav fors li bwar si li na pas le bwar», explique leministre de la Santé devant cette situation catastrophique. Mais si ce dernier blâme les malades, plusieurs médecins sont d’avis que les torts sont partagés.

Une à trois minutes par patient
«Un hypertendu, un diabétique ou un cardiaque qui est suivi par un hôpital, dans un Area Health Centre ou un Community Centre ne passe en tout et pour tout que 12 minutes par an devant son médecin traitant dans l‘Outpatient Department (OPD).» «S’il a de la chance, c’est une demi-heure qu’il passera avec un nutritionniste. Et c’est vraiment un veinard s’il arrive à comprendre et à mettre en pratique les conseils du nutritionniste», affirme un de ces nombreux médecins, spécialistes en médecine générale qui ausculte 300 diabètes et/ou hypertendus lors de quatre séances de quelque trois heures par semaine. «La moyenne est de 75 patients par séance mais c’est souvent le double que nous voyons, explique-t-il. Ce qui donne une à trois minutes par patient, le temps de renouveler leurs médicaments et de leur donner un autre rendez-vous.»
De retour au pays depuis trois semaines, Vicky N., généraliste en France, constate que son père diabétique depuis 15 ans est mal contrôlé, qu’il a un fort taux de cholestérol de même que des plaquettes de cholestérol aux carotides.
Voulant avoir le cœur net, il accompagne son père lors de son rendez-vous médical. Un scanner indique qu’il a déjà fait un accident ischémique transitoire (AIT). Dans ce cas, un ou des morceaux de cholestérol se détachent de la plaquette des carotides avant de se retrouver bloqués dans une artère du cerveau. Si ce dernier ne se débloque pas par la pression du sang, c’est l’AIT. S’il ne se débloque pas naturellement, c’est la congestion cérébrale avec paralysie d’une moitié du corps ou la mort.
C’est après une heure que le père de Vicky est vu par un médecin indien à l’unité OPD de l‘hôpital du Nord. Chronométrée par Vicky, la consultation dure moins de trois minutes «Le médecin indien avait le dossier de mon père mais puisqu’aucun médecin n’avait fait une analyse sanguine, il n’avait aucune indication concernant son taux de sucre et de cholestérol. J’ai alors brandi les résultats de l’analyse que j’avais fait faire après avoir prescrit à mon père un régime strict et des exercices. Après en avoir pris connaissance, le médecin a dit ‘it is good, continue with your medecine’».
Tandis que le médecin indien rédige la prescription, Vicky attire son attention sur le fait que le taux de mauvais cholestérol du malade est élevé. «Avoid oil», conseille-t-il. Ulcéré, Vicky explique que son père a une carotide bouchée avec des plaquettes de cholestérol et qu’il a déjà fait un AIT.
«Pour confirmer mes dires, il aurait pu avoir placé son stéthoscope sur la carotide et, plus tard, confirmer le diagnostic par une échographie de la carotide. Il ne l’a pas fait : il n’avait pas de temps. C’est moi qui l’ai forcé à prescrire du plavits, de l’aspirine et de l’atorvastatin, un médicament anticholestérol, en plus des médicaments contre le diabète.» Vicky a dû patienter une vingtaine de minutes à la pharmacie de l’hôpital avant d’obtenir des génériques du plavitz.

Des glucomètres pour le contrôle
Pour éviter que son père ne meure d’une congestion cérébrale et s’assurer que son diabète est bien contrôlé, Vicky a décidé d’avoir recours à un médecin privé et d’offrir à son père un glucomètre pour qu’il puisse contrôler son taux de sucre.
Actuellement, de plus en plus de médecins, responsables du suivi des diabétiques dans les hôpitaux, estiment qu’il est grand temps que le ministère change de politique. «These patients should be empowered to check themselves their blood sugar and to chart their result. Il faut que ce soit visuel», explique un médecin.
Il préconise donc l’octroi d’un glucomètre et une carte à tous les diabétiques afin qu’ils puissent évaluer leur taux de sucre au moins trois fois par semaine. «Un glucomètre coûtera au gouvernement moins qu’une fiole d’atraphane, l’insuline qui est prescrit à 70 % des diabétiques qui sont suivis par les hôpitaux et centres de santé !»
Quoi qu’il en soit, les médecins sont unanimes à reconnaître qu’il ne faut pas désespérer devant le refus du cheval à boire. «S’il faut qu’il le fasse pour son bien, il faut déployer tous les moyens. N’en déplaise au ministre ! »

Une lueur d’espoir
Le dernier sondage en date effectué par le ministère de la Santé à de quoi réjouir. En effet, si l’échantillon est vraiment représentatif de la population mauricienne, ce sondage démontre que davantage de Mauriciens font des exercices physiques, qu’il y a moins d’obèses et que le nombre de personnes qui ont une intolérance au glucose, donc un haut risque de développer le diabète, a aussi baissé. Cette amélioration concerne principalement ceux qui n’ont pas encore développé de diabète et de l’hypertension.
Par ailleurs, la thérapie que le centre Brahma Kumaris de Khoyratty a gratuitement offerte aux 81 malades cardiaques dont 29 étaient aussi diabétiques, avec l’aide d’un cardiologue indien semble avoir porté des fruits. Les seuls deux diabétiques qui prenaient de l’insuline ont dû cesser en raison d’hypoglycémie. Leur diabète est maintenant uniquement contrôlé grâce au régime prescrit avec exercices et méditation à la clé. Bon nombre des autres diabétiques et certains hypertendus ont diminué leur dose de médicaments. D’ici six mois, un rapport évaluera les résultats obtenus par cette thérapie soutenue par le Centre de cardiologie, destinée à empêcher que les artères déjà dilatées ou pontées ne se rebouchent avec du cholestérol.

Raj JUGERNAUTH

Lire l'article original : http://www.lexpress.mu/display_search_result.php?news_id=38506

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