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Santé dans la zone des Forces Nouvelles - CHU de Bouaké : Consultations, actes chirurgicaux, médicaments... : Tout est gratuit - Le Patriote - Côte d'Ivoire - 23/04/2004

Après environ 18 mois de guerre, une visite au CHU de Bouaké nous a permis d'avoir une vision de la réalité. Au-delà des prestations de services qui ont totalement repris, les consultations et interventions chirurgicales sont gratuites.

Bouaké. Mercredi 14 avril. Après une pluie diluvienne, qui a entraîné une coupure d'électricité la veille et qui a emporté des toits de maisons et déraciné des arbres, la ville du Maire Fanny Ibrahima tarde à retrouver son train-train habituel. 8h30, le CHU grouille déjà de monde, "Si tu ne viens pas vite, il sera difficile pour toi d'être reçu. Il y a du monde. Depuis 6h30, je suis-là", nous indique Dame Kouassi Amenan Odette. Elle vient de terminer sa consultation prénatale. Le flux des malades et leurs parents s'intensifiait au fil du temps.
Pourtant, le personnel administratif et une grande partie du personnel médical avaient abandonné les malades et autres blessés de guerre au début de la rébellion armée pour "des cieux plus cléments". Seules, quelques personnes avaient décidé d'assumer pleinement le serment d'Hippocrate, celui de servir en tout lieu et en tout temps les malades et les blessés, sans exclusion. Un membre du corps médical qui a requis l'anonymat, a accepté de nous faire visiter le CHU de Bouaké.
Première étape, ''les Urgences médicales''. Le lieu est plein à craquer. Deux malades sont couchés dans le couloir, faute de place. Un jeune médecin consulte et prescrit des soins et rassure les parents des malades.
"Merci Docteur, vraiment l'homme n'est rien sans les autres", lance une jeune Dame dont la mère, une octogénaire, venait de recevoir des soins.
Seconde étape, le Service de ''Gynécologique-obstétrique''. La salle d'accouchement est interdite à toute personne étrangère du corps médical. Notre guide du jour qui s'y introduit affirme que les tables d'accouchement sont toutes occupées. A peine est-il de retour que le cri strident d'un nouveau-né occasionne de l'animation dans la salle d'attente. Et des femmes de pronostiquer sur le sexe du nouveau-né. Au premier niveau du bâtiment, trois médecins gynécologues consultent les patients. "Chaque gynécologue consulte 20 à 30 patientes par jour", précise le vigile. Personne ne veut parler à visage découvert parce que le personnel est sous le couvert de l'organisme Médecin Sans Frontières (MSF).

300 interventions chirurgicales par mois

A l'entrée des "Urgences médicales", une affiche de MSF indique que les consultations, les actes chirurgicaux, les médicaments sont gratuits. "Si quelqu'un vous exige de l'argent, saisissez le bureau de MSF", précise la note d'information signée de Laurent Sabard, responsable de mission MSF-France Bouaké.
M. Koné Moussa, mécanicien de son état, dont l'épouse vient d'accoucher par césarienne, tôt ce matin-là confirme n'avoir rien payé. A 10h12, il reçoit une ordonnance et met le cap sur la pharmacie au sein même du service de Gynécologie. Sur présentation de l'ordonnance, les médicaments lui sont servis. De là, nous nous rendons aux Urgences chirurgicales. L'heure n'est pas au repos. Médecins, Infirmiers, Aide - soignants, Garçons de salle, Brancardiers, chacun s'affaire. Le petit Achille, 10 ans, a failli perdre sa jambe suite à la pluie torrentielle de la veille. "Quand il pleuvait, Achille s'est retrouvé à côté de la clôture qui, sous la pression de la pluie, s'est écroulée sur lui, fracassant une jambe. Nous l'avons conduit ici (Ndlr : en Chirurgie), on ne nous a pas demandé de l'argent et on l'a soigné", témoigne sa mère. Plusieurs malades et parents interrogés ont reconnu la gratuité des prestations. Les vieilles habitudes ayant la peau dure, la rumeur d'extorsion d'argent, par une partie du personnel soignant avait fait le tour de toute la capitale du Centre. MSF-France a dû réagir vigoureusement, en multipliant les annonces appelant les malades et leurs parents à dénoncer les agents véreux. Tout semble maintenant rentrer dans l'ordre. Le CHU de Bouaké n'est plus un centre de distribution d'ordonnances aux patients indigents, comme c'est le cas dans le service publique.

Dans les salles d'hospitalisation de la chirurgie (traumatologie digestive), dernière étape de notre randonnée, tous les lits sont occupés. Là, nous découvrons trois malades qui ont fuit la cherté des services médicaux dans les zones sous le contrôle gouvernemental pour se faire opérer gratuitement au CHU de Bouaké. Le premier est venu de Yamoussoukro, le second de Konéfla, dans la région de Sinfra et le troisième de Daoukro. Deux soufraient d'hernie et un d'appendicite. Dans leurs localités d'origine, des médecins leur réclamaient, respectivement 150.000 F, 120.000 F et 140. 000 F. Dans le pavillon du bas, on retrouve beaucoup de mutilés. Alidou Coulibaly, 20 ans, s'est fait broyer l'orteil gauche avec un fusil calibres 12. Au deuxième niveau du pavillon, un jeune homme, victime d'un accident de la circulation, depuis plusieurs semaines, attend ses parents. Après plusieurs heures de visites, le constat est que les principaux services sont ouverts mais, il n'y a pas de spécialités. Une situation que Laurent Sabard, responsable de la mission MSF-France/ Bouaké explique : "En prenant en charge ce CHU, le 13 octobre 2002, notre objectif était de ne prendre en charge que les urgences, avec un accès aux soins pour toutes les populations. C'est pour cela que les soins, les consultations et les médicaments sont gratuits. On n'a pas ouvert tous les services parce que le CHU est grand. Lorsque quelqu'un arrive pour une intervention chirurgicale, non seulement l'acte est gratuit, mais il repart avec des médicaments". Et M. Sabard d'ajouter : "Nous réalisons mensuellement 300 interventions chirurgicales, 500 accouchements, 800 hospitalisations et environs 7.000 consultations externes, tous services confondus. Précisons que nous avons ouvert deux postes de santé : Belleville et Dar-Es - Salam. Dans ces postes, nous faisons les consultations ordinaires, les vaccinations et les consultations prénatales. Les médicaments y sont également gratuits. Sur les 7.000 consultations externes, 3.000 sont réalisées dans ces deux postes de santé". A l'en croire, on dénombre 70 lits en chirurgie, 20 en Médecine générale, 40 en Pédiatrie et 31 en Gynécologie - maternité. Les 202 membres du personnel sont à la charge de MSF-France. Médecins, Sage - femmes, Garçons de salle, techniciens de surface etc... ne sont pas des salariés, mais des prestataires de service. "Avec ce que je gagne chez MSF je n'ai plus besoin de me rendre à Yamoussoukro pour toucher mon salaire avec tous les risques d'assassinat qui planent sur nos têtes. Par la grâce de Dieu et de MSF, on tient la route", confie une sage-femme, fonctionnaire de son état.

"Un médecin ne choisit pas son patient"

Il est l'un des médecins par qui tout Bouaké jurait aux heures chaudes de la rébellion armée. Certains l'appellent affectueusement le "médecin rebelle". Lui ne s'en offusque point. "Si être rebelle est le fait de soigner les populations vulnérables de Bouaké, alors, je le suis. Je suis resté parce que j'estime que la population avait besoin de moi. J'ai soigné des soldats du Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI). Des soldats dits "loyalistes", blessés ont été soignés par moi-même. Un adjudant dont je tais le nom, grièvement blessé, a eu la vie sauve grâce à moi. Il se reconnaîtra certainement entre ces lignes. Des Officiers faits prisonniers de guerre étaient suivis médicalement. J'étais à leurs petits soins. Aujourd'hui, certains me sont reconnaissants et m'appellent régulièrement. Un médecin n'a pas le droit de choisir son patient. Il n'y a pas de blessés ou malades loyalistes ou rebelles". Dr Kouyaté, affirme sans ambages, que c'est grâce à lui que la Faculté de Médecine de Bouaké ou UFR des Sciences Médicales n'a pas été pillée. Aujourd'hui elle est surveillée par des éléments des Forces Nouvelles. "Lorsque des enseignants ont besoin de documents, ils m'appellent et je leur envoie ce dont ils ont besoin", dit-il, l'air amusé. Il consulte au sein du CHU et est l'homme à tout faire du bureau de santé des Forces Nouvelles. Selon lui, sa structure a réouvert des établissements sanitaires tels que la PMI de Sokoura et l'hôpital général de Béoumi. "Ceux qui travaillent, pour les Forces Nouvelles, ne sont pas payés, c'est du volontariat. Dans nos centres, les soins et les consultations sont gratuits. Nos médicaments sont des dons d'amis généralement de l'extérieur", précise Dr Kouyaté.
Si en ville MSF soulage les populations, la situation sanitaire, dans les villages, est encore beaucoup préoccupante.

Coulibaly Brahima (Envoyé Spécial)

Lire l'article original : http://lepatriote.net/lpX3.asp?action=lire&rname=Sommaire&id=9269


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