L'actualité

Notre métier d'éditeurs de revues médicales en Afrique francophone et au Maghreb, nous amène à suivre de très près l'actualité de la santé de ces pays.
Nous lisons la plupart des journaux spécialisés et sommes en contact avec de très nombreuses associations et ONG.
Nous fréquentons aussi certains forums spécialisés.

Dans notre développement Internet, nous avons pensé que toutes ces informations que nous recueillons quotidiennement ne pouvaient que vous intéresser.
C'est la raison de cette rubrique que nous mettrons à jour le plus régulièrement possible.

Afin d'être en harmonie avec la déontologie Internet, nous vous précisons que toutes nos sources sont informées des textes que nous leur empruntons afin de les mettre à votre disposition dans cette rubrique.

Toutefois, comme elles le précisent elles-même pour la plupart, nous vous prions de traiter les informations avec la plus grande prudence et de ne pas hésiter à suivre les liens que nous plaçons systématiquement à la fin des articles, afin de lire le document original et de contacter, le cas échéant, l'auteur ou le responsable de la publication.

Si vous souhaitiez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir suivre le lien afin de récupérer le document original et vous conseillons d'en informer les responsables.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur SantéTropicale.com

Santetropicale.com

Page d'accueil de Santetropicale.com La Bibliothèque de Santé tropicale Le Kiosque des revues médicales africaines Dictionnaire Internet Africain des Médicaments Web médical africain Annuaire de la santé en Afrique Qui contacter ?

L'actualité de la santé en Afrique

Babacar Badiane, chef du service régional de l'éducation pour la santé : "La banalisation du paludisme retarde la prise en charge des malades" - Le Soleil - Sénégal - 22/04/2004

Dans la région de Matam, beaucoup de personnes se font encore une fausse représentation du paludisme qui peut se révéler dramatique au bout du compte. C'est la banalisation de la maladie qui retarde la prise en charge des malades. Ce qui contribue à augmenter le nombre des victimes du paludisme. La confidence est de l'adjudant Babacar Badiane, chef du service régional de l'Education pour la santé.

Le soleil : Quelle est la représentation de la maladie que les gens se font ici du paludisme ?

Babacar Badiane : Beaucoup de gens se font encore une fausse représentation du paludisme qui peut se révéler dramatique au bout du compte. Certains disent que la chaleur ou le fait de recevoir l'eau de pluie sur le corps sont, entre autres, des causes qui déclenchent l'accès palustre. Ils ne sont pas toujours au fait que c'est une maladie parasitaire transmise par un seul vecteur, le moustique, qu'il faut combattre par diverses actions comme l'assainissement et l'hygiène du cadre de vie, auxquels les populations doivent prendre part effectivement aux côtés des agents du service d'hygiène. La fausse représentation de la maladie et sa banalisation persistante dans l'opinion font que son impact restera très lourd chaque année. Il y a aussi que la personne infectée, qui commence à développer un accès palustre, ne fait rien au début. Elle va prendre à la légère sa maladie en se basant sur des points trompeurs comme les moments de baisse de la fièvre et de faux signes de rétablissement. Les parasites vont, entre temps, se démultiplier dans son organisme jusqu'à faire apparaître une anémie, un des facteurs aggravant du paludisme, surtout chez l'enfant et la femme enceinte qui, elle, peut avorter, voire décéder. Nous voyons donc qu'il y a encore des actions à faire pour mieux faire comprendre à la population les dangers du paludisme, son mode de transmission, les voies et moyens de sa prévention, mais aussi l'importance d'aller à la structure sanitaire la plus proche dès les premiers signes d'accès palustre, dont le premier est la fièvre. Il y en a qui, malades, restent encore à la maison jusqu'à l'apparition des signes de gravité (très forte fièvre, délire, coma, collapsus, etc.). Nombre de gens déboulent fréquemment et tardivement à la structure de santé, avec leur (s) parent (s) malade (s). Certains n'en échappent pas…

Le soleil : Quelles sont les interventions spécifiques que vous menez pour éduquer les populations afin qu'elles comprennent les dangers du paludisme ?

Babacar Badiane : Les interventions que nous menons sont des campagnes de mobilisation sociale à travers les trois départements. Nous identifions les postes de santé où il y a des comités de salubrité pour travailler avec eux dans la promotion de l'hygiène du milieu de vie. Nous faisons avec ces comités de salubrité des opérations d'assainissement dans les concessions et leurs environs. Nous cherchons, par ces actions qui se font d'ailleurs durant les matinées, à diminuer les possibilités de gîtes larvaires, notamment par la destruction de tous ce qui est susceptible d'accueillir de l'eau propice à la prolifération des moustiques, comme les vieilles calebasses, les pneus usagés, les pots de conserves, les poteries de terre, etc. Durant l'après-midi, nous organisons des causeries avec la communauté afin d'informer les populations sur les conséquences du paludisme et les éduquer sur les conduites à tenir. Ces messages que nous délivrons à la communauté, aux chefs de famille et aux leaders, prennent bien en compte les groupes les plus vulnérables que sont les enfants et les femmes enceintes.

Le soleil : Quelles sont les organisations qui vous appuient dans vos interventions à base communautaire ?

Babacar Badiane : Je vous ai parlé plus haut des stratégies que nous mettons en œuvre avec les comités de salubrité. Mous oeuvrons également avec les autres organisations communautaires de base, les associations sportives et culturelles, les groupements féminins, les clubs de solidarité, la Croix-Rouge, les associations de religieux, etc. Quand il y a des actions de mobilisation sociale, chacune de ces organisations envoie des membres au niveau d'un comité chargé de piloter les actions. Ils participent à des séances de formation, aux causeries et aux actions sur le terrain. L'autre action consiste à la mise en place d'unités d'imprégnation (et de ré-imprégnation) des moustiquaires composées de membres provenant des comités de salubrité. Ces personnes seront formées par les agents d'hygiène aux techniques simples d'imprégnation avec utilisation de produits chimiques liquides ou sous forme de pastilles solides à dissoudre.
Chaque poste de santé a son comité de salubrité et son unité d'imprégnation de moustiquaires. Dans le département de Matam, nous avons 25 postes de santé. Il y en a 24 dans le département de Kanel et 6 dans celui de Ranérou. Ce sont les infirmiers chefs de poste (ICP) eux-mêmes qui encadrent les unités d'imprégnation composées de membres choisis et formés dans le comité de salubrité. Le personnel du service régional de l'hygiène n'est pas assez fourni. Il ne peut pas donc tout faire. Il revient donc aux ICP d'encadrer les unités d'imprégnation avec l'appui des comités de santé qui achètent les produits et les moustiquaires au dépôt de Matam. Nous leur fournissons aussi du matériel d'intervention puisqu'il s'agit de manipulation de produits chimiques. Grâce aux recettes de prestations d'imprégnation et de vente de moustiquaires, le comité de santé rémunère les membres des unités d'imprégnation. Je signale que chaque dimanche, les comités de salubrité ont des actions d'assainissement du cadre de vie de leurs propres communautés.

Le soleil : Est-ce que les gens acceptent d'y aller de leur poche pour participer à la lutte préventive contre le paludisme ?

Babacar Badiane : Il arrive parfois que les populations ne participent pas aux séances de réimprégnation des moustiquaires, même si le prix d'une réimprégnation est de 300 Fcfa. En revanche, si on leur dit que c'est gratuit, elles sortent en masse avec leurs moustiquaires. Même si c'est 200 Fcfa, elles nous disent que c'est cher alors qu'elles ont dans leurs maisons beaucoup de moustiquaires, entre cinq et dix, faites artisanalement.

Le soleil : Quel est le coût unitaire véritable de la réimprégnation ?

Babacar Badiane : D'après la lettre circulaire du ministre de la Santé et de la prévention, il est de 500 Fcfa. Notre objectif est d'arriver à amener les gens à dormir sous moustiquaire imprégnée. Cela nous aidera à lutter contre le paludisme et aussi à diminuer la charge ambiante en moustiques.

Le soleil : Comment faites-vous pour effectuer des opérations sur le terrain ?

Babacar Badiane : Indépendamment de la sensibilisation et de l'imprégnation des moustiquaires, les agents de la brigade régionale de l'hygiène font aussi de la promotion de moustiquaires imprégnées dans les communes et les villages, notamment au niveau des marchés fixes ou des marchés itinérants hebdomadaires populairement appelés "loumas" et qui se tiennent de façon hebdomadaire. Nous faisons aussi des opérations d'assainissement pendant et après l'hivernage pour lutter contre la prolifération des moustiques par la destruction des gîtes larvaires.

Le soleil : Quels sont vos moyens ?

Babacar Badiane : Ils sont limités. Nous n'avons pas de véhicule destiné uniquement aux opérations essentielles de lutte contre les vecteurs des maladies : la sensibilisation, la formation décentralisée des personnels de santé, le monitoring et la promotion de produits. On se rabat donc sur le véhicule du médecin chef de région, le seul d'ailleurs de la région médicale. Nous n'en sommes pas les seuls utilisateurs, car il y a d'autres programmes qui sont mis œuvre. Pour que le service régional de l'hygiène arrive à mieux assurer ces activités de prévention, il lui faut des moyens mobiles. Sur le plan du personnel, je n'ai que huit agents. La brigade est composée d'un sous-officier (moi-même), de cinq agents et trois auxiliaires qui sont basés à Matam. Du fait de leur petit nombre, nous ne pouvons pas les disperser dans les départements. Il y en aurait que deux à trois agents par département ; ce qui est très peu pour assurer toutes les activités nécessaires. On les a regroupés pour plus d'efficacité.

Propos recueillis par FARA DIAW et MBAYE DRAME

Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=36862&index__edition=10167


Retour actualités
 
Copyright © 2004 NG COM Santé tropicale. Tous droits réservés. Site réalisé et developpé par NG COM Santé tropicale