Cette revue de presse est faite par nos services en accord avec les sources.
Seuls ces journaux détiennent les droits de reproduction de ces articles.
Si vous souhaitez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir vous mettre en relation aves les responsables afin de solliciter leur autorisation.
Chaque article reproduit comporte le lien vers la page d'accueil du journal ainsi qu'un lien vers l'article original.
Merci de votre compréhension.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur
Santé Tropicale



Abonnez vous gratuitement à l'édition numérique de Médecine d'Afrique Noire
4729 abonnés - 37 nouveaux abonnés cette semaine !

Le cancer du col de l'utérus : "Les contraceptifs hormonaux n'engendrent pas la survenue de cette affection» explique le Dr Charlemagne Ouédraogo - Sidwaya - Burkina Faso - 19/04/2005
Le docteur Charlemagne Ouédraogo, gynécologue-accoucheur et chef de la maternité du Centre médical avec antenne chirurgicale du secteur 30 de la ville de Ouagadougou nous éclaire sur le cancer du col de l'utérus. Une infection mal connue au Burkina Faso, du fait que toutes les femmes présentant un cancer du col de l'utérus ne se rendent pas dans une formation sanitaire et ne sont pas ainsi répertoriées.

Sidwaya : Qu'est-ce que le cancer du col de l'utérus ?

Dr Charlemagne Ouédraogo : Il faut peut-être rappeler que le cancer est une tumeur développée à partir d'un organe qui a tendance à augmenter de volume (solide) et qui, laissé à lui- même tue obligatoirement l'organe qui le porte. Le cancer envahit les organes de voisinage, fait des métastases à distance. Il s'agit d'une prolifération anarchique de cellules nées d'un ou plusieurs clones cellulaires. Ces cellules sont devenues anormales car elles n'obéissent plus aux lois de l'homéostasie (ensemble des mécanismes qui régularisent l'harmonie entre les tissus, les organes d'un organisme pluricellulaire). Ces cellules échappent aux mécanismes de contrôle de l'organisme. Ce qui caractérise le cancer, c'est la rupture de l'équilibre.
Les cancers gynécologiques sont donc constitués par le cancer du col de l'utérus, du corps de l'utérus, de l'endomètre, de l'ovaire, de la vulve, du vagin. Le cancer du col est donc une prolifération anormale (maligne) des cellules du col de l'utérus qui sont devenues cancéreuses.

Sidwaya : Quelle est la gravité de la maladie ?

Dr Charlemagne Ouédraogo : C'est une affection grave car abandonnée à elle-même sans traitement, le cancer du col tue après avoir traversé plusieurs stades évolutifs. Ces stades évolutifs sont en général des complications : hémorragie génitale, infection, envahissement des organes de voisinage par les cellules cancéreuses du col. Ainsi, la vessie et les voies urinaires, le rectum, le col de l'utérus ainsi que les ovaires peuvent être atteints. Cet envahissement de proximité peut conduire à un véritable "blindage" du pelvis rendant toute chirurgie laborieuse, voire impossible. A distance, le cancer du col peut essaimer l'organisme et occasionner des métastases qui sont des localisations secondaires à distance du cancer primitif (poumon, foie, rein, etc.).

Sidwaya : Quelle est la réalité de la maladie au Burkina ?

Dr Charlemagne Ouédraogo : Au Burkina Faso, la fréquence est mal connue du fait que toutes les femmes présentant un cancer du col ne se rendent pas dans une formation sanitaire et ne sont pas répertoriées. Une étude réalisée au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) montre que sur 3 ans, 46 femmes souffrant du cancer du col ont été hospitalisées (soit environ 15 cas par an). Cela représentait 37,70% des cancers gynécologiques enregistrés au laboratoire d'anatomie pathologique du CHU-YO alors que les cancers du sein représentaient 51%.

Sidwaya : Existent-ils des facteurs de risques ?

Dr Charlemagne Ouédraogo : Les facteurs de risque sont ceux qui, pris ensemble, permettent de définir une population à risque de cancer du col. Il s'agit des rapports sexuels précoces (15 à 17 ans) où le risque est alors multiplié par deux, des partenaires multiples, des infections génitales comme l'herpès II, le HPV 16-18-31-33. 10% des condylomes évoluent aussi vers le cancer du col. Ces infections génitales occupent une place très importante de nos jours, au point que le cancer du col est considéré par certains comme une maladie infectieuse. Les autres facteurs de risques sont le bas niveau socio-économique, le tabac qui est un facteur de risque très important. Il faut insister sur le fait que la prise de contraceptifs hormonaux, c'est-à-dire les pilules et autres n'engendre pas ou ne favorise pas la survenue du cancer du col de l'utérus.

Sidwaya : Parlez-nous du traitement de la maladie ?

Dr Charlemagne Ouédraogo : Le traitement comporte la chirurgie, la radiothérapie avec de nos jours la chimiothérapie. Il est fonction du stade évolutif du cancer. Plus le stade est élevé plus la maladie est grave. Lorsque le traitement est fait selon les normes, la survie à 5 ans est de l'ordre de 100% dans les stades 0, elle est de 80% pour les stades 1 et 2 précoces, elle est de 40% pour les stades 3 et de 10% pour les stades 4.

Sidwaya : Le Burkina a-t-il les moyens techniques et humains pour traiter efficacement le cancer du col de l'utérus ?

Dr Charlemagne Ouédraogo : En Afrique de l'Ouest en général et au Burkina Faso en particulier, les structures de santé ne disposent pas de radiothérapie (sauf au Sénégal et au Ghana) ni de centre de cancérologie pour la prise en charge adéquate des cancers. Les évacuations en Europe coûtent extrêmement cher. En moyenne la journée d'hospitalisation pour le cancer du col est d'environ 500 000 FCFA par jour pour les centres les moins coûteux.
Au Burkina Faso sur le plan technique, nous sommes limités dans la prise en charge de cette affection : nous ne disposons que de la chirurgie qui est réalisable au Burkina Faso. Sur le plan humain, il y a des gynécologues et des chirurgiens qui ont des compétences certaines et sont habitués à opérer les patientes atteintes d'un cancer du col.
Cependant, la cancérologie reste un domaine à développer au Burkina Faso, si l'on veut aller jusqu'au bout de la prise en charge. Le cancer coûte cher à l'Etat chaque année à travers les évacuations en Europe. Si nous développons un centre de cancérologie avec une chaîne complète de prise en charge, beaucoup de femmes pourront se faire traiter sur place.
Il faut souligner l'importance du dépistage précoce de ce cancer qui est le seul à pouvoir guérir s'il est découvert tôt et s'il est bien traité.

Propos recueillis par Hamado NANA

Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidwaya_quotidiens/sid2005_19_04/sidwaya.htm

Retour au sommaire de l'actualité de la santé tropicale

Valid XHTML 1.0! Valid CSS!