Walfadjri
:
Les cas de traumatismes du genou et de la cheville semblent de plus
en plus inquiéter les praticiens que vous êtes. Le
phénomène a-t-il atteint la cote dalerte et
en quoi ces traumatismes sont-ils dangereux ?
Pr
Lamine Guèye :
Ces affections du genou et de la cheville constituent une traumatologie
fréquente et grave dans le sport. Raison pour laquelle lAssociation
sénégalaise de médecine du sport a choisi de
débattre du sujet pour sensibiliser ses propres membres,
mais aussi les encadreurs et les sportif. Cette traumatologie se
développe avec le niveau des performances et le nombre de
pratiquants. Si le degré de technicité atteint dans
le sport nest pas accompagné de mesures au niveau du
comportement et du degré dentraînement, il y
a des blessures. Cela implique un bon encadrement médical
et technique qui fait défaut dans bien des cas dans notre
pays.
Du
point de vue de la gravité, il y a des traumatismes de la
cheville et du genou qui peuvent porter atteinte à la performance
sportive et même à la carrière du sportif. Avec
certains traumatismes comme les entorses graves de la cheville,
les lésions ligamenteuses importantes au niveau du genou,
etc., il peut y avoir un handicap que le sportif va traîner
toute la vie et qui peut lobliger à arrêter sa
pratique sportive, si la prise en charge nest pas précoce
et adaptée aux types de lésions.
Walfadjri
: Quelle
conduite tenir au plan du traitement face à certains traumatismes
?
Pr
Lamine Guèye : Cest
une question importante et cest pourquoi nous faisons ces
séminaires de formation. Il y a en effet des gestes à
faire et dautres à éviter face à un traumatisme
du genou ou de la cheville. Parfois quand un joueur se blesse, on
se précipite sur lui, on manipule plus ou moins une articulation
sans savoir ce quil y a en dessous ; cela est contre indiqué.
Quand quelquun se blesse, cest léquipe
médicale, les sapeurs-pompiers et les secouristes qui doivent
intervenir. Cela permet de bien prendre soin de son membre qui fait
mal, de donner les premiers soins qui peuvent arrêter la douleur
et faire un diagnostic rapide pour évaluer la gravité
de la lésion. Encore une fois, ce qui est important, cest
de reconnaître la gravité dune lésion,
de pouvoir dire que ce joueur doit sortir immédiatement du
terrain, de lui appliquer un traitement sil doit continuer
son match ou de lévacuer vers un milieu spécialisé.
Walfadjri
: On
semble abuser de lemploi de la vessie de glace et des infiltrations.
Est-ce que ces types de traitement sont recommandés ?
Pr
Lamine Guèye : Ils
sont bien recommandés. Le glaçage (Ndlr : application
de la vessie de glace) est un antalgique, on pare la douleur avec
une application froide sur la zone douloureuse. On peut aussi employer
les bombes refroidissantes. Un tel procédé calme la
douleur, mais ne traite pas la lésion. Il faut examiner la
lésion pour pouvoir décider ou non de la poursuite
du match par le joueur. Et cela, très vite. Quant aux infiltrations,
leurs indications sont bien précises en médecine du
sport. Il y a des cas de traumatisme du genou ou de la cheville
à infiltrer et dautres pour lesquels cela ne simpose
pas.
Il
y a aussi ces infiltrations quon fait en trop et parfois par
des gens non qualifiées qui opèrent sur des points
à éviter. Il faut maîtriser la technique dinfiltration
quand on est dans la médecine sportive. Il faut retenir aussi
que ce sont des corticoïdes quon infiltre. Cela agit
sur linflammation, mais avec cependant des effets secondaires.
Il y a donc des personnes sur qui on ne doit pas le faire, quand
ils sont sujets à des contre-indications. Il y a enfin des
zones où il ne faut pas infiltrer, car il y a par exemple
un tendon qui risque dêtre fragilisé. Cest
vraiment dangereux, or ces infiltrations passent à la mode.
Même dans les cas darthrose où on y va vite parfois,
malgré les cas de contre-indications.
Propos recueillis par Birane GNING
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9552&unelocale__edition=3054
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