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PROFESSEUR LAMINE GUEYE : Faire attention avec les genoux et les chevilles - Wal Fadjri - Sénégal - 22/05/02

Walfadjri : Les cas de traumatismes du genou et de la cheville semblent de plus en plus inquiéter les praticiens que vous êtes. Le phénomène a-t-il atteint la cote d’alerte et en quoi ces traumatismes sont-ils dangereux ?

Pr Lamine Guèye : Ces affections du genou et de la cheville constituent une traumatologie fréquente et grave dans le sport. Raison pour laquelle l’Association sénégalaise de médecine du sport a choisi de débattre du sujet pour sensibiliser ses propres membres, mais aussi les encadreurs et les sportif. Cette traumatologie se développe avec le niveau des performances et le nombre de pratiquants. Si le degré de technicité atteint dans le sport n’est pas accompagné de mesures au niveau du comportement et du degré d’entraînement, il y a des blessures. Cela implique un bon encadrement médical et technique qui fait défaut dans bien des cas dans notre pays.

Du point de vue de la gravité, il y a des traumatismes de la cheville et du genou qui peuvent porter atteinte à la performance sportive et même à la carrière du sportif. Avec certains traumatismes comme les entorses graves de la cheville, les lésions ligamenteuses importantes au niveau du genou, etc., il peut y avoir un handicap que le sportif va traîner toute la vie et qui peut l’obliger à arrêter sa pratique sportive, si la prise en charge n’est pas précoce et adaptée aux types de lésions.

Walfadjri : Quelle conduite tenir au plan du traitement face à certains traumatismes ?

Pr Lamine Guèye : C’est une question importante et c’est pourquoi nous faisons ces séminaires de formation. Il y a en effet des gestes à faire et d’autres à éviter face à un traumatisme du genou ou de la cheville. Parfois quand un joueur se blesse, on se précipite sur lui, on manipule plus ou moins une articulation sans savoir ce qu’il y a en dessous ; cela est contre indiqué. Quand quelqu’un se blesse, c’est l’équipe médicale, les sapeurs-pompiers et les secouristes qui doivent intervenir. Cela permet de bien prendre soin de son membre qui fait mal, de donner les premiers soins qui peuvent arrêter la douleur et faire un diagnostic rapide pour évaluer la gravité de la lésion. Encore une fois, ce qui est important, c’est de reconnaître la gravité d’une lésion, de pouvoir dire que ce joueur doit sortir immédiatement du terrain, de lui appliquer un traitement s’il doit continuer son match ou de l’évacuer vers un milieu spécialisé.

Walfadjri : On semble abuser de l’emploi de la vessie de glace et des infiltrations. Est-ce que ces types de traitement sont recommandés ?

Pr Lamine Guèye : Ils sont bien recommandés. Le glaçage (Ndlr : application de la vessie de glace) est un antalgique, on pare la douleur avec une application froide sur la zone douloureuse. On peut aussi employer les bombes refroidissantes. Un tel procédé calme la douleur, mais ne traite pas la lésion. Il faut examiner la lésion pour pouvoir décider ou non de la poursuite du match par le joueur. Et cela, très vite. Quant aux infiltrations, leurs indications sont bien précises en médecine du sport. Il y a des cas de traumatisme du genou ou de la cheville à infiltrer et d’autres pour lesquels cela ne s’impose pas.

Il y a aussi ces infiltrations qu’on fait en trop et parfois par des gens non qualifiées qui opèrent sur des points à éviter. Il faut maîtriser la technique d’infiltration quand on est dans la médecine sportive. Il faut retenir aussi que ce sont des corticoïdes qu’on infiltre. Cela agit sur l’inflammation, mais avec cependant des effets secondaires. Il y a donc des personnes sur qui on ne doit pas le faire, quand ils sont sujets à des contre-indications. Il y a enfin des zones où il ne faut pas infiltrer, car il y a par exemple un tendon qui risque d’être fragilisé. C’est vraiment dangereux, or ces infiltrations passent à la mode. Même dans les cas d’arthrose où on y va vite parfois, malgré les cas de contre-indications.
Propos recueillis par Birane GNING

Lire l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9552&unelocale__edition=3054

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