En
février dernier, le ministre de la Santé et de la
Prévention annonçait un financement de 21 milliards
de francs Cfa de la Banque mondiale pour lutter contre le Vih/sida
au Sénégal. Une maladie sexuellement transmissible
bien connue des Sénégalais. En tout cas, cest
ce qui ressort dune campagne de mobilisation sociale de la
lutte contre les infections sexuellement transmissibles (Ist) sida
dans les dix régions du Sénégal entre août
et novembre 2001. Cette campagne exécutée par Direct
Marketing Communication pour le compte de Family Health International
et lAdemas, sur financement de lUsaid, a permis datteindre
4 683 personnes par le système des niches.
En
effet, 95,5 % des personnes interviewées, hommes comme femmes,
ont déclaré savoir ce quest le sida, cest-à-dire
que cest une maladie sexuellement transmissible. Et la notoriété
du sida est fonction de lâge des populations, car nous
avons remarqué que cétaient les personnes âgées
entre 0 et 39 ans qui ont le plus déclaré savoir ce
quest le sida (par rapport à la classe des 40 ans et
plus), lit-on dans le rapport. Seulement, savoir que le sida
est une maladie sexuellement ne veut pas dire être au fait
du danger lié à cette pandémie.
Dailleurs,
à la suite de cette campagne organisée par Direct
Marketing Communication Sénégal (Dmc), il ressort
que, dans leur majorité, les Sénégalais considèrent
que le sida est une maladie comme les autres, ignorant ainsi son
degré de gravité. Et ceux qui pensent que le
sida est une affection grave, incurable, mortelle, dangereuse
ou contagieuse ne mesurent pas avec exactitude les dégâts
que le sida est en train de faire au sein des populations.
Doù linquiétude de léquipe
de Dmc qui se demande quoi dire de ceux qui nappréhendent
le sida quà travers ses aspects externes, cest-à-dire
lamaigrissement, la destruction du corps humain, sans
saisir la différence entre le porteur du virus sain, mais
néanmoins contagieux, et le malade du sida.
Pire,
après une décennie de sensibilisation, il y en a encore
au Sénégal des personnes qui ignorent ce quest
le sida, car 4,5 % des Sénégalais ont déclaré
ne pas savoir ce quest cette maladie sexuelle. Et les
taux les plus faibles de connaissance du sida sont enregistrés
à Kaolack et à Louga avec des taux de notoriété
respectifs de 93,1 % et 93,6 %. Une ignorance confirmée par
certains moyens de transmission de la maladie cités par des
personnes interviewées. Il sagit du contact avec la
personne infectée, des piqûres de moustique et du manque
dhygiène.
En
outre, dautres Sénégalais considèrent
le sida comme une punition divine, sil nest la maladie
des infidèles ou celle des femmes. Alors, il est nécessaire
de recentrer le débat sur le sida et surtout dinformer,
conseille le rapport du Dmc.
Quant
aux moyens de transmission du sida, la voie sexuelle et la voie
sanguine sont plus connues par les hommes que par les femmes. Par
contre, pour la transmission verticale, cest-à-dire
la transmission de la mère à lenfant, les femmes
sont plus informées que les hommes, car plus réceptives
à un problème qui les concerne directement,
expliquent les enquêteurs. Par ailleurs, pour se prévenir
contre le sida, les Sénégalais de manière
générale (sy) connaissent bien».
Dans
létude de Dmc pour le compte de Family Health International,
certaines régions se distinguent par leurs méthodes
de préférence. Si la région de Fatick prône
plus lusage du préservatif que les autres régions,
Ziguinchor a choisi la fidélité alors que Saint-Louis
opte pour labstinence. Toutefois, cette dernière région
mise à part, labstinence, qui a enregistré 16
% des réponses, nest plus le moyen de prévention
des Sénégalais. Selon les résultats de la campagne
de la mobilisation, cest dabord la fidélité
avec 39,6 % des réponses, ensuite le préservatif (29,9
%). Néanmoins, cela révèle un changement de
mentalité qui samorce dautant que 13,1 % des
personnes interrogées sont favorables à un contrôle
systématique du sang avant le mariage.
Pour
une meilleure information
Les
différentes activités de mobilisation contre le Vih/sida
menées dans les neuf des régions du Sénégal
ont constitué en des roadshow et des niches composées
en particulier de corps professionnels comme les pêcheurs,
les transporteurs ou les militaires. Aussi il a été
diffusé une pièce de théâtre suivie de
discussions lors desquelles il a été constaté
que le besoin de parole entre parents et enfants est vécu
comme une nécessité douloureuse aussi bien dans le
sens parents-enfants que dans le sens enfants-parents.
Par
ailleurs, si le sida est bien connu du public, il nen est
pas de même pour les autres infections sexuellement transmissibles
(Ist) qui
sont très méconnues et leurs dangers sont très
souvent sous-estimés. Ne comptez pas sur des images
pour convaincre ce public de lexistence dautres infections
sexuellement transmissibles. En effet, les images des lésions
causées par les principales Ist qui sont montrées
au public sont considérées par ce dernier à
100 % comme des images qui ont été prises ailleurs
quau Sénégal. Lémoi est toujours
très grand à lidée que ces choses
là existent à côté deux,
lit-on dans le rapport.
Cependant,
les hommes se sont révélés plus curieux quant
aux Ist et le Vih/sida parce que conscients que le problème
est réel et quil convient dy porter attention.
Les jeunes, quant à eux, sont en général informés
sur ces infections sexuelles, mais leur curiosité soriente
vers les moyens de se protéger et la difficulté
du dialogue entre les générations. Chez les
femmes, lidée du test avant le mariage commence à
germer et certaines estiment même nécessaire
ce test. Par contre, dautres pensent ne pas détenir
la clef de leur propre sexualité, en tout cas dans le mariage.
Quelques-unes ont avoué publiquement savoir que leurs
maris ne sont pas fidèles, mais ne peuvent rien faire pour
se protéger elles-mêmes.
Par
ailleurs, la notion de comportement à risques nest
pas encore bien vulgarisée et les transporteurs à
Thiès se sont plaints dêtre stigmatisés
comme «groupe à risques. Dailleurs, des
questions déthique se posent par rapport à la
vie sociale du séropositif, du genre à savoir sil
doit se marier ou avoir des enfants. Ce qui démontre que
ces populations dhommes mûrs nécessitent encore
beaucoup dinformations, car ils ont plein didées
préconçues et ne peuvent, compte tenu de leur rang
social, sinformer auprès des jeunes. Le vieux
reste celui qui est censé tout savoir.
Aminatou M. DIOP
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9572&unelocale__edition=3055
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