Guikahué, quel Ivoirien ne connaît ce nom ? Pour ceux qui ne le connaîtraient pas, c’est l’ex-ministre de la Santé publique (déc.1993-août 1999) de Monsieur Bédié, sous qui a éclaté le scandale des dix huit milliards (18.000.000.000) FCFA de l’Union européenne (UE) en 1999. Il a tellement bien géré ces fonds que l’UE s’est vu obligée d’arrêter toute assistance financière à la Côte d’Ivoire, qui a été du reste contrainte de rembourser ce qui n’était qu’un don au départ. Cet argent destiné à soigner les Ivoiriens a servi à autre chose que seul, le professeur Guikahué et ses complices nous expliqueront certainement un jour. Un homme qui a causé un tel tort à notre pays s’offusque qu’on parle de sa gestion chaotique, sans repère, donc désordonnée du ministère de la Santé publique.
En effet, dans des canards de la place, ce monsieur qui a subitement retrouvé l’usage de la parole - la parole n’est-elle pas libérée ?-a cru bon de se répandre en invectives gratuites contre l’actuel ministre de la Santé publique, le professeur Abouo N’Dori Raymond, à travers une “lettre ouverte”. S’il avait séjourné ne serait-ce qu’une nuit avec la honte, il nous aurait épargnés de ses inepties. Ce qui frappe le lecteur de son papier à première vue, c’est le manque d’humilité de cet ex-ministre bédiéiste. Comment peut-il, sans vergogne, s’attribuer la paternité de tout ce qui existe au ministère de la Santé publique, y compris le Plan national de développement sanitaire (PNDS) qui n’est que “le fruit de la table ronde des bailleurs de fonds de juin 1996”, comme il l’écrit, lui-même ? A lire sa lettre, on a l’impression que le monde s’est arrêté avec lui au ministère de la Santé publique, même si l’on se rend à l’évidence que, n’ayant rien compris du PNDS, le sieur Guikahué n’a pu l’appliquer.
En réalité, avec Guikahué, le ministère baignait dans un désordre indescriptible. La preuve est que dans sa lettre, inutilement longue, il n’a pas été capable de nous dire combien de centres de santé il a ouvert pendant qu’il était aux affaires. Il ne souffle aucun mot non plus de ce qu’il a réalisé avec les dix-huit milliards (18.000.000.000)FCFA de l’UE. Il se contente simplement d’écrire : “Monsieur le ministre, vous connaissant rigoureux, teigneux et patriote avant votre nomination, nous espérons qu’un jour, vous ferez, avec la délégation de l’UE en Côte d’Ivoire, un inventaire exhaustif des réalisations”. Ces propos montrent clairement qu’avec cet autre cardiologue au ministère de la Santé publique, le désordre était roi et que la programmation était l’exception. Il compte donc sur le ministre N’Dori Raymond pour le sortir de l’ornière. C’est alors en connaissance de cause, que le professeur N’Dori Raymond a déclaré depuis Gnibawa que “nous sommes une nouvelle équipe, nous faisons une programmation et nous appliquons la bonne gouvernance”. Où est donc la contradiction dont parle l’ex-ministre de Bédié ? Elle doit se trouver certainement, au niveau de celui (Guikahué) qui n’a pas réussi à appliquer un programme dont il se vante d’être le concepteur et de ceux qui (Bédié et ses suiveurs, dont Guikahué) par leur mauvaise gestion, avaient réussi la prouesse de chasser tous les bailleurs de fonds de la Côte d’Ivoire. C’est parce que le concept “Refondation” rime avec bonne gouvernance que ces mêmes bailleurs de fonds (y compris l’UE) sont de retour aujourd’hui. Cela peut rendre effectivement jaloux ceux qui nous ont menti pendant plus de quarante (40) ans. Les Guikahué et autres devraient se taire maintenant parce qu’ils n’ont plus rien à proposer aux Ivoiriens. S’ils ne se tiennent pas tranquilles, ils s’exposent au tintamarre de leurs nombreuses casseroles. A bon entendeur…
Une correspondance particulière de Sanogo Mamadou à Abidjan

Lire l'article original : www.notrevoie.ci/story.asp?ID=5310