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«Moolaadé» ou droit d’asile : Sembène Ousmne, abolitionniste de l’excision - L'observateur Paalga - Burkina Faso - 23/05/02

Le premier clap du long métrage du cinéaste-écricain sénégalais Sembène Ousmane, «Moolaadé», a été donné le 18 mai 2002 à Djérisso, par le président de l’Assemblée nationale, M. Mélégué Maurice Traoré, député de la province de la Léraba. Pour la circonstance, on remarquait la présence du délégué général du FESPACO, M. Baba Hama, de cinéastes de renom tels que Gaston Kaboré et Bassouri Timité de la Côte d’Ivoire et du directeur de la production de Moolaadé, M. Bertrand Kaboré. Ce chef-d’œuvre en préparation coûtera plus d’un milliard de francs CFA.

Moolaadé signifie en langue peule, droit d’asile. Le film traite de l’excision. Colle Ardo Gallo Sy, seconde épouse et mère excisée, souffre des séquelles de cette pratique considérée dans le milieu, comme un rite de purification. Toute fillette doit subir la salindé ou excision.
Cependant, Colle Ardo Gallo Sy avait refusé de faire «couper» sa troisième fille vivante. Par la suite, quatre fillettes refusent de se faire «purifier» et viennent demander le Moolaadé, c’est-à-dire la protection, le droit d’asile à Colle Ardo Gallo Sy. Or, le Moolaadé est inviolable sous peine de mort. Le village, en ébullition est confronté au choc de deux valeurs : salindé et Moolaadé. Pour chacun et chacune se manifeste l’héroïsme au quotidien.

Le décor était planté pour le premier clap du film. Ce dernier se déroule au sein de ce village assez typique, autour d’une mosquée centenaire à côté de laquelle il y a trois tombes. La mosquée a été réfectionnée pour les besoins de la cause.
A son sommet, est placé un œuf d’autruche, symbole, selon le réalisateur, de la tradition dans la société mandingue. Les exciseuses sont toutes de rouge habillées.
Vint alors le moment décisif : l’exécution par le président de l’Assemblée nationale, M. Mélégué Maurice Traoré du premier clap, suivie d’une mise en scène pour le premier coup de manivelle qui marque le lancement officiel du tournage du film. M. Mélégué Maurice Traoré a dit que Sembène Ousmane est un des monuments du cinéma africain.
Le film est le fruit d’une collaboration sous-régionale. En effet, des professionnels de plusieurs pays africains sont impliqués dans sa réalisation. Il s’agit notamment de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal, du Bénin et du Burkina. Cette diversité d’horizons serait, selon M. Sembène Ousmane, une manifestation de l’intégration africaine. De techniciens français sont également sur le plateau. Parmi les comédiens, on retrouve de grandes figures comme Sidiki Bakaba, Naky Sy Savané, Cheik Oumar Maïga, Rasmané Ouédraogo, Georgette Paré et Gustave Sorgho. Au total, un millier de figurants doivent jouer dans ce film.

Au cours d’une conférence de presse animée par le réalisateur du film, Sembène Ousmane, en marge de la cérémonie, ce dernier a expliqué
qu’il voulait magnifier «l’héroïsme au quotidien» d’un petit village comme Djérisso qui est de son point de vue, un havre de paix par rapport au climat d’instabilité qui caractérise le monde. Il faut signifier que Djérisso est un village musulman qui n’a pas de marché et où l’alcool est interdit et dont le sol est, aux dires du réalisateur, parsemé d’anciennes tombes.
Sembène Ousmane a, entre autres sujets, évoqué au cours de la conférence de presse, l’émergence d’une nouvelle catégorie de professionnels africains du cinéma, les problèmes de financement ou de distribution des films, etc.

Ce film a bénéficié du soutien de plusieurs partenaires et sponsors dont Total Burkina qui était présent à Djérisso. Pour M. Tibredo Sawadogo, chef du réseau Total Fina Elf Burkina, le soutien à ce film s’inscrit «dans le cadre de la mobilisation de toutes les ressourvces nécessaires en vue de l’abolition progressive de l’excision». Cette préoccupation rejoint celle du réalisateur qui s’affiche comme un ardent abolitonniste de l’excision.
Total se dit fier de pouvoir, à travers cet appui, contribuer au solutionnement d’un problème dont la résolution contribuera au rayonnement culturel de notre pays.
Ce n’est certainement pas le fait du hasard si le premier coup de manivelle de Moolaadé a eu lieu le 18 mai, date retenue pour la commémoration de la journée nationale de lutte contre l’excision. Jonas Appolinaire Kaboré & Marie K. Quenum

Lire l'article original : www.lobservateur.bf/quotidiens/select.asp?Numero=597

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