Le
premier clap du long métrage du cinéaste-écricain
sénégalais Sembène Ousmane, «Moolaadé»,
a été donné le 18 mai 2002 à Djérisso,
par le président de lAssemblée nationale, M.
Mélégué Maurice Traoré, député
de la province de la Léraba. Pour la circonstance, on remarquait
la présence du délégué général
du FESPACO, M. Baba Hama, de cinéastes de renom tels que
Gaston Kaboré et Bassouri Timité de la Côte
dIvoire et du directeur de la production de Moolaadé,
M. Bertrand Kaboré. Ce chef-duvre en préparation
coûtera plus dun milliard de francs CFA.
Moolaadé
signifie en langue peule, droit dasile. Le film traite de
lexcision. Colle Ardo Gallo Sy, seconde épouse et mère
excisée, souffre des séquelles de cette pratique considérée
dans le milieu, comme un rite de purification. Toute fillette doit
subir la salindé ou excision.
Cependant, Colle Ardo Gallo Sy avait refusé de faire «couper»
sa troisième fille vivante. Par la suite, quatre fillettes
refusent de se faire «purifier» et viennent demander
le Moolaadé, cest-à-dire la protection, le droit
dasile à Colle Ardo Gallo Sy. Or, le Moolaadé
est inviolable sous peine de mort. Le village, en ébullition
est confronté au choc de deux valeurs : salindé et
Moolaadé. Pour chacun et chacune se manifeste lhéroïsme
au quotidien.
Le
décor était planté pour le premier clap du
film. Ce dernier se déroule au sein de ce village assez typique,
autour dune mosquée centenaire à côté
de laquelle il y a trois tombes. La mosquée a été
réfectionnée pour les besoins de la cause.
A son sommet, est placé un uf dautruche, symbole,
selon le réalisateur, de la tradition dans la société
mandingue. Les exciseuses sont toutes de rouge habillées.
Vint alors le moment décisif : lexécution par
le président de lAssemblée nationale, M. Mélégué
Maurice Traoré du premier clap, suivie dune mise en
scène pour le premier coup de manivelle qui marque le lancement
officiel du tournage du film. M. Mélégué Maurice
Traoré a dit que Sembène Ousmane est un des monuments
du cinéma africain.
Le film est le fruit dune collaboration sous-régionale.
En effet, des professionnels de plusieurs pays africains sont impliqués
dans sa réalisation. Il sagit notamment de la Côte
dIvoire, du Mali, du Sénégal, du Bénin
et du Burkina. Cette diversité dhorizons serait, selon
M. Sembène Ousmane, une manifestation de lintégration
africaine. De techniciens français sont également
sur le plateau. Parmi les comédiens, on retrouve de grandes
figures comme Sidiki Bakaba, Naky Sy Savané, Cheik Oumar
Maïga, Rasmané Ouédraogo, Georgette Paré
et Gustave Sorgho. Au total, un millier de figurants doivent jouer
dans ce film.
Au
cours dune conférence de presse animée par le
réalisateur du film, Sembène Ousmane, en marge de
la cérémonie, ce dernier a expliqué
quil voulait magnifier «lhéroïsme
au quotidien» dun petit village comme Djérisso
qui est de son point de vue, un havre de paix par rapport au climat
dinstabilité qui caractérise le monde. Il faut
signifier que Djérisso est un village musulman qui na
pas de marché et où lalcool est interdit et
dont le sol est, aux dires du réalisateur, parsemé
danciennes tombes.
Sembène Ousmane a, entre autres sujets, évoqué
au cours de la conférence de presse, lémergence
dune nouvelle catégorie de professionnels africains
du cinéma, les problèmes de financement ou de distribution
des films, etc.
Ce
film a bénéficié du soutien de plusieurs partenaires
et sponsors dont Total Burkina qui était présent à
Djérisso. Pour M. Tibredo Sawadogo, chef du réseau
Total Fina Elf Burkina, le soutien à ce film sinscrit
«dans le cadre de la mobilisation de toutes les ressourvces
nécessaires en vue de labolition progressive de lexcision».
Cette préoccupation rejoint celle du réalisateur qui
saffiche comme un ardent abolitonniste de lexcision.
Total se dit fier de pouvoir, à travers cet appui, contribuer
au solutionnement dun problème dont la résolution
contribuera au rayonnement culturel de notre pays.
Ce nest certainement pas le fait du hasard si le premier coup
de manivelle de Moolaadé a eu lieu le 18 mai, date retenue
pour la commémoration de la journée nationale de lutte
contre lexcision. Jonas Appolinaire Kaboré & Marie
K. Quenum
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