Au
sujet du marché conclu entre les deux parties pour la construction
du réfectoire du CHL, les conseils juridiques ont été
saisis et l'établissement sanitaire a même été
traduit en justice.
AU
départ, une idée merveilleuse: mettre à la
disposition des malades et des personnels du Centre hospitalier
de Libreville (CHL) un restaurant moderne. C'était en 1994.
Cette année-là, la direction générale
de cet établissement contacte la société Entrebat
pour matérialiser cette initiative dont l'utilité
avait été saluée par de nombreuses personnalités
qui y exercent.
De
fait, le plus ancien établissement sanitaire public du pays
souffre de 1'absence d'une structure de ce genre qui aurait l'avantage
non seulement d'offrir des mets adaptés aux malades mais
également d'arrêter les sorties intempestives de ces
derniers en quête d'aliments et de boissons dans les bistrots
du centre-ville où il est fréquent de les rencontrer,
quelques-uns traînant même une perfusion à bout
de bras. C'est pour pallier tous ces manquements qui entravent l'effort
réalisé à l'endroit des patients compromis
par ce manque d'hygiène alimentaire et l'absence de contrôle
de leurs mouvements qu'a germé cette trouvaille à
la fois judicieuse et indispensable.
Le
devis d'un montant de 18 137 728 de francs CFA fut accepté
par la direction générale. Mais au cours des négociations,
il a été convenu que la structure serait commercialement
exploitée par Entrebat "pour mieux apprécier
les avantages découlant de l'opération", dira
la direction de cette société. Un accord (sous forme
de "convention") sera conclu entre les deux parties qui
prévoit une participation financière de l'hôpital
de l'ordre de 20%, soit une somme de 3 627 545 de francs qui du
reste, a été intégralement payée. Le
reliquat des dépenses devant revenir à l'entreprise.
Les
travaux commencent vite et bien; et ce grâce à un crédit
de 23 millions de francs contracté par Entrebat auprès
de la Banque gabonaise du développement (BGD).
MISSION
D'EXPERTISE.
Alors
que les travaux sont déjà en phase de finition, comme
en témoignent les conclusions de la mission d'expertise commise
en juillet 1998 par le ministère de l'Équipement et
de la Construction à la demande du CHL, Entrebat suggère,
dans le souci de diversifier les prestations, l'érection
d'une terrasse moderne couverte à l'avant du bâtiment
qui pourrait accueillir des cabines téléphoniques
et un kiosque à journaux. Le devis estimatif pour ces travaux
que la direction de l'hôpital accepte se chiffre à
19 064 750 de francs. Et là aussi, s'étant assuré
que l'engagement de cette somme a été effectué
au ministère des Finances, Entrebat débute les travaux
de construction de la terrasse.
Mais,
au moment où les choses progressaient, surprise: la nouvelle
direction générale demande à toutes les sociétés
de construction ayant des chantiers dans l'enceinte du CHL de cesser
momentanément leurs activités, car selon elle "les
autorités du ministère (?) et du CHL souhaitaient
prendre connaissance de tous les dossiers concernant les projets
en cours de réalisation dans cet établissement."
REMBOURSEMENT
Or,
pendant ce temps, les agents en service au CHL apprennent à
Entrebat que la nouvelle direction générale est déjà
dans un autre projet de "restaurant", en cours de réalisation
du côté de la morgue. En outre, les autres entreprises
avaient repris du service, alors que le chantier du réfectoire
était interdit d'avancer. Et ce jusqu'à ce jour...
Pourquoi ?
Depuis
lors, les deux parties se regardent en chiens de faïence. Déjà,
les conseils juridiques ont été sollicités.
Et Entrebat a déjà assigné en justice le Centre
hospitalier de Libreville. Mais, pour la société,
le problème est simple. Ou elle continue les travaux du réfectoire
conformément à l'accord initial qui comprend l'exploitation
de celui-ci par ses responsables; ou, comme elle l'exige: le remboursement
des sommes mises en jeu pour les travaux de réhabilitation
du foyer, les frais d'un gardiennage assuré depuis le début
des travaux jusqu'aujourd'hui et le paiement des dommages et intérêts
pour la non-exploitation commerciale dudit bâtiment.
Du
côté de l'Hôpital général, plusieurs
arguties juridiques ont déjà été avancées
pour récuser non seulement la signature apposée sur
la convention par l'ancienne direction générale, mais
également, selon son conseil, le document d'accord des travaux
liant les deux parties n'a plus de valeur à ses yeux.
BEAU
RÔLE
Entrebat,
elle, ne veut pas s'en laisser conter. Et ce, d'autant qu'elle ne
saisit pas jusque-là les raisons de l'arrêt d'un chantier
presque en fin de réalisation. Encore que selon certaines
sources du Centre hospitalier de Libreville, "il n'est pas
évident que le ministre soit derrière cette tournure
des choses; et surtout l'abandon d'un projet qui avait l'assentiment
du personnel et devait améliorer la situation de certains
malades". Puisqu'il s'agit d'un argument souvent avancé
à la direction générale pour se donner le beau
rôle.
En
attendant, étant donné que les travaux sont arrêtés
sur ordre de la direction générale et que le Trésor
public avait dé}à décaissé le financement
de la terrasse, la Cour des comptes a été récemment
sur le terrain pour vérifier l'exactitude des travaux. Effectivement,
elle a été édifiée sur le fait que la
non-réalisation de ceux-ci incombe à la direction
du CHL qui a ordonné leur arrêt.
Entre-temps,
la direction du CHL a tenu à récupérer les
clés du bâtiment. Ce que refuse catégoriquement
Entrebat pour qui, seule une réelle conciliation avec intéressement
peut aboutir à cette remise des clés. Affaire à
suivre...
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l'article original : www.internetafrica.com/gabon/actu/actu_22052002h.htm
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