Les Enquêtes de Surveillance des comportements sont des enquêtes
effectuées au sein de groupes de population clés (susceptibles de
disséminer le VIH/Sida) afin de suivre systématiquement les changements
dans le temps des comportements à risque vis-à-vis de l'infection
à Vih/Sida/Ist. La première édition de l'Enquête de surveillance
des comportements au Bénin (ESCB-1) est une enquête nationale par
sondage réalisée en 2001 grâce au financement de l'USAID et avec
l'appui technique de FHI et CEFORP. Elle a été réalisée dans les
lieux de travail et de transit de divers corps de métiers : professionnelles
du sexe (PS), routiers, adolescents et jeunes non mariés de 15-24
ans (ouvriers/artisans, élèves/étudiants, filles ''de restauration'').
Ce document présente les principaux résultats de cette étude selon
les groupes enquêtés.
Professionnelles du sexe
Exposition aux activités de prévention et niveau de connaissance
du Vih/sida/Ist Au cours du semestre précédant l'enquête, 81% des
Ps ont entendu, vu ou lu des messages relatifs au Vih/Sida/Ist,
62% ont participé à la simulation du port correct du condom et 55%
ont assisté à des témoignages sur les signes ou conséquences des
IST. La plupart des PS savent qu'on peut se protéger du Vih/sida
en utilisant correctement le condom à chaque rapport sexuel (77%).
Cependant, moins de la moitié connaissent deux signes ou plus d'IST
chez l'homme (41%) et chez la femme (48%). Par ailleurs 43% ont
rejeté les croyances erronées sur la transmission du virus du Sida.
La majorité des PS (79%) sont informées de l'existence du test confidentiel
VIH, mais très peu (28%) se sont prêtées audit test et ont recherché
les résultats. Au cours des six mois précédant l'enquête, moins
de la moitié des PS (47%) ont bénéficié des services de prise en
charge spécifiques offerts à la corporation par les structures sanitaires.
Les faibles niveaux d'exposition aux activités de prévention et
d'accès aux services spécifiques sont observés dans les départements
du Mono, du Zou et en milieu rural. Dans le département de l'Atacora,
seule une PS sur cent a récemment bénéficié des services spécifiques
offerts à la corporation.
Comportements sexuels à risque et utilisation du condom
Nonobstant une forte exposition aux activités de prévention, les PS
ne font pas usage du condom à chaque rapport sexuel. En effet, si
la plupart d'entre elles ont utilisé le condom au dernier rapport
avec un client (90%), seules sept PS sur dix (69%) ont systématiquement
protégé les relations sexuelles monnayées au cours des 30 jours qui
ont précédé l'interview. Les départements du Mono, de l'Atacora, de
l'Ouémé et le milieu rural sont les régions où les PS sont relativement
moins nombreuses à recourir au condom à chaque rapport commercial.
Prévalence des signes d'IST et recours thérapeutique
Au cours des douze mois précédant l'enquête, un neuvième (11%) des
PS a présenté des signes d'IST, et environ trois cinquièmes (56%)
d'entre elles se sont référées à une structure sanitaire moderne.
Elles y ont bénéficié d'un traitement auquel la quasi-totalité (94%)
s'est conformée.
Camionneurs ou routiers
Exposition aux activités de prévention et niveau de connaissance
du Vih/Sida/Ist Au cours des six mois ayant précédé l'enquête, quatre
cinquièmes (81%) des routiers ont entendu, vu ou lu des messages
relatifs au Vih/Sida/Ist, la moitié a participé à la démonstration
de l'usage correct de la capote et 62% ont assisté à des témoignages
sur les signes ou conséquences des IST. Cette forte exposition aux
activités d'IEC contraste avec la faible connaissance des symptômes
des IST notamment chez la femme, des moyens de prévention et de
transmission du VIH/SIDA. En effet, seulement le quart des routiers
ont cité deux signes ou plus d'Ist chez la femme (23% contre 49%
chez l'homme). Moins du dixième (8%) des routiers a une bonne connaissance
des moyens de prévention et de transmission du Vih. La moitié des
routiers savent qu'il est possible d'effectuer un test confidentiel
dans leur localité, mais une infime partie (7%) s'est renseignée
sur son statut sérologique.
Comportements sexuels à risque et utilisation du condom
L'étude révèle que 70% des routiers actifs sexuels ont déjà utilisé
au moins une fois le condom masculin, que cela soit avec une partenaire
régulière, commerciale ou occasionnelle. Cette proportion varie
selon l'âge, le niveau d'instruction, la durée de pratique des routes
et le statut matrimonial des routiers. Durant les 12 mois précédant
l'enquête, nombre de routiers ont entretenu des rapports sexuels
non protégés avec des partenaires à haut risque. Un quart (25%)
des camionneurs sexuellement actifs dans la période de référence
a eu au moins une partenaire occasionnelle et 13% une partenaire
commerciale. Le taux de recours systématique au condom n'est que
de 33% pour la partenaire occasionnelle contre 60% pour la partenaire
sexuelle rétribuée. Mieux, un septième (15%) des routiers concernés
a toujours eu des rapports sexuels non protégés avec l'un ou l'autre
de ces deux types de partenaires sexuelles.
Prévalence des signes d'IST et recours thérapeutique
Un quatorzième (7%) des routiers a présenté des symptômes d'IST
au cours des douze mois ayant précédé l'étude. La moitié (51%) d'entre
eux s'est rapprochée des formations sanitaires modernes. Ils y ont
bénéficié d'un traitement (87%) auquel la majorité (78%) s'est soumise.
Adolescents et jeunes non mariés de 15-24 ans
Exposition aux activités de prévention et niveau de connaissance
du Vih/Sida/Ist Au cours des six mois ayant précédé l'enquête, 69%
des adolescents et jeunes interrogés ont entendu, vu ou lu des messages
relatifs au Vih/Sida/Ist, un tiers (31%) a assisté à des témoignages
sur les signes ou conséquences des IST et un cinquième (18%) a participé
à la démonstration de l'usage correct du préservatif. Si en matière
d'exposition récente aux interventions, certains résultats semblent
encourageants, le nombre très élevé (84%) d'adolescents et jeunes
ayant une connaissance limitée des moyens de prévention et de transmission
du Vih/Sida constitue un risque certain pour leur santé sexuelle.
On note également une ignorance des signes ou symptômes des IST
avec un taux de connaissance de deux signes ou plus chez la femme
et chez l'homme estimé respectivement à 24% et 21%. Nombre d'adolescents
et jeunes (43%) sont au courant des facilités offertes pour permettre
aux populations de connaître leur statut sérologique, mais seuls
quelque uns (4%) ont exploité cette opportunité. Par rapport aux
caractéristique socio-démographiques des adolescents et jeunes,
la faible connaissance des moyens de prévention et de transmission
du Vih/Sida est observée partout sauf dans le département du Borgou.
Les départements où les filles connaissent moins les symptômes d'IST
liés à leur sexe sont le Mono, l'Ouémé et l'Atlantique puis l'Ouémé,
le Zou, l'Atacora et l'Atlantique pour les garçons.
Comportements sexuels à risque et utilisation du condom
Les résultats de l'ESCB-1 ont montré qu'une importante frange des
adolescents et jeunes non mariés ont des rapports sexuels occasionnels
ou entretiennent de nombreuses relations consécutives de brève durée.
Au cours des 12 mois précédant l'enquête, sept dixièmes (70%) des
adolescents et jeunes sexuellement actifs ont eu des rapports sexuels
avec des partenaires à risque. Le taux de recours systématique au
condom dans la période de référence n'est que de 40% pour les rapports
sexuels intéressés contre 23% pour les rapports sexuels non rétribués.
On note, par ailleurs, que deux cinquièmes (38%) des adolescents
et jeunes sexuellement actifs dans la période étudiée ont toujours
eu des rapports sexuels non protégés avec l'un ou l'autre de ces
deux types de partenaires sexuels. Les rapports sexuels non protégés
avec des partenaires à risque sont relativement élevés dans le Zou
(65%) et l'Ouémé (45%). Ils sont également plus prononcés chez les
serveuses et les artisans des deux sexes : respectivement44% et
47% contre 24% chez les élèves et les étudiants.
Prévalence des signes d'Ist et recours thérapeutique
Un adolescent/jeune sur quatorze (7%) a présenté des signes ou symptômes
d'Ist dans les douze mois précédant l'enquête. Les deux cinquième
(41%) d'entre eux ont bénéficié d'une prise en charge adéquate que
la majorité (86%) a respecté. Selon les caractéristiques socio-démographiques
des adolescents et jeunes, la prévalence des signes des IST est
très élevée chez les filles du Borgou (24%) notamment les serveuses
et les apprenties (32%). On note également que le taux de recours
aux centres de traitement des IST croît avec le niveau d'instruction.
Attitudes vis-à-vis des personnes vivant avec
le Vih/Sida
Une large frange des enquêtés a manifesté une grande disposition
à héberger et soigner les PVVIH et à communiquer leur séropositivité
à la communauté. Ils sont par contre peu nombreux à accepter les
PVVIH évoluant dans le secteur de la restauration comme des malades
qui doivent continuer à exercer leur profession même si l'état de
santé le permettait.
Selon les résultats, les adolescents et jeunes non mariés semblent
les plus enclins à manifester une attitude positive envers les PVVIH.
Viennent ensuite les routiers puis les professionnelles du sexe.
Conclusion
Les informations recueillies par l'ESCB-1 fournissent les mesures
récentes et représentatives au plan national de l'activité sexuelle
des populations ciblées. Comme toute enquête de surveillance des
comportements, elle comporte essentiellement deux limites. D'une
part, elle met l'accent sur les variables intermédiaires ayant une
incidence sur le risque d'infection au Vih/Sida/Ist ; d'où la nécessité
d'entreprendre des recherches complémentaires pour cerner les déterminants
contextuels que sont les facteurs culturels, sociaux, psychologiques,
économiques, sanitaires et environnementaux. D'autre part, les estimations
produites n'autorisent pas l'évaluation d'une intervention spécifique.
Lire l'article original : http://www.lerepublicain.org/societe/socio2205031
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