Comment assurer une bonne couverture sanitaire aux 10.000 habitants
des 52 villages de la communauté rurale de Thiamène Maïmouna. Populations,
élus locaux et prestataire de soins sont préoccupés par la situation
marquée par une forte tendance aux accouchements à domicile, les
grossesses précoces, la persistance du paludisme et la prolifération
des maladies hydriques. Avec un seul poste de santé, six cases de
santé, un infirmier d'Etat et trois forages, une école à cycle complet
fortement concurrencée par les écoles coraniques, peut-on espérer
sortir de cette situation ?
Il est 16 heures passées, ce samedi à Thiamène. Trois femmes et
un enfant s'alignent sur les trois bancs en bois devant la salle
de consultation du poste de santé du village, chef-lieu de la communauté
rurale. Ici, à Thiamouna Maïmouna, Daouda Camara, l'infirmier-chef
de poste travaille encore. Les patients arrivent toute la semaine,
à toutes les heures. Sur le perron de la maternité, un nourrisson,
un jouet entre les mains n'a pas conscience des souffrances qu'endure
sa maman étendue à ses côtés. A l'intérieur, deux lits, une table
d'accouchement, quelques flocons et des ampoules vides ; deux berceaux
envahis par la rouille et une autre table couverte de poussière
complètent l'équipement de la salle d'observation et d'hospitalisation
de la maternité. C'est le même cadre qui s'offre à la clientèle
pour les soins primaires.
Etendue sur une natte, une dame d'âge moyen, entre dans deux soupirs,
cherche difficilement à atténuer la chaleur qui s'abat sur les lieux
grâce à un éventail. Entre deux consultations, Daouda Camara, l'infirmier
nous explique : " Actuellement c'est au 4ème ou 5ème mois de grossesse
que les femmes se présentent à nos services. Il y a un retard pour
les premières consultations prénatales et les accouchements à domicile
sont très courants ". En effet, le dernier monitoring relève un
taux de couverture de Cpn (consultations prénatales) de 41%,ce qui
est révélateur de l'importance du travail abattu pour prémunir les
2310 femmes en âge de procréer et protéger les 462 autres attendues.
Même si les accouchements à domicile diminuent progressivement,
l'infirmier estime que les grossesses précoces persistent et entraînent
des dégâts énormes en vies humaines et traumatismes divers.
Cette situation est aggravée par la prédominance des maladies hydriques,
des infections respiratoires aiguës mais surtout, le paludisme.
" C'est le premier motif de consultation surtout en hivernage. Toutefois,
les infections respiratoires et la dysenterie constituent les maladies
prédominantes en cette période." Ceci est dû aux difficultés d'accès
aux services de santé, à l'eau et à l'enclavement des villages et
des 6 cases de santé en dépit des efforts déployés par les stratégies
fixées et/ou avancées. Avec trois forages et deux puits, les populations
de Thiamène accèdent difficilement à l'eau potable. A cela s'ajoutent
l'insalubrité, l'assainissement défectueux et l'impraticabilité
des pistes. Les efforts des relais aux Iec (Information, éducation,
communication) pour soutenir le chef de poste médical et ses auxiliaires
ne parviennent pas à résoudre le problème car, les femmes hésitent
à monter sur des charrettes tirées par des ânes ou nourrissent des
appréhensions quant au coût financier d'une consultation.
L'ambulance octroyée par les émigrés ressortissants du village
et le véhicule de liaison acquis par le Conseil rural sont dans
un état lamentable. Madieng Dieng, le président du Conseil rural
se dit préoccupé par le dénuement du poste de santé, de la maternité
et de l'inaccessibilité des forages et des services de santé pour
ses administrés gagnés par la pauvreté que les campagnes agricoles
ratées et le manque de pâturages accentuent.
Pour l'élu local, la priorité est l'accès à la santé et à l'eau.
" Ce sont des charrettes qui approvisionnent les villages. Un seul
poste de santé est incapable de répondre à la demande sanitaire
d'autant que l'infirmier est seul". Que prévoit le Conseil rural?
Pour Madieng Dieng, force set de constater que son institution ne
peut faire grand chose, "car la taxe rurale est insuffisante pour
répondre aux besoins en infrastructures, équipements et médicaments
. Nous espérons qu'avec des partenaires, la situation va s'améliorer
".
Pape Seck
Lire l'article original : http://www.sudonline.sn/Rubriques%20Infos/Social/social2-20052003.htm
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