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LA TUBERCULOSE PULMONAIRE : 5. 823 cas recensés - Sud quotidien - Sénégal - 08/06/02

Maladie infectieuse, contagieuse d’évolution progressive, la tuberculose est due à une bactérie de la famille mycho bactérie que l’on appelle le bacille de Koch. En 2000, quelque 8.934 cas de tuberculose, toutes formes confondues, ont été déclarés, d’après les dernières statistiques disponibles. Parmi eux, 5.823 cas sont d’origine pulmonaire donc contagieux. Selon Moustapha Ndir, coordonnateur du programme national de lutte contre la tuberculose (Pnt), " malheureusement tous les cas ne guérissent pas et 29% des malades abandonnent le traitement avant guérison ". D’autres vont s’approvisionner dans le circuit parallèle, objet de tous les trafics. La Conséquence qui en résulte est qu’il y a des rechutes ou l’apparition de cas résistants aux antituberculeux.

Les spécialistes estiment que la tuberculose, surtout celle dite pulmonaire, pose un problème de santé publique. Moustapha Ndir, coordonnateur du programme national de lutte contre la tuberculose (Pnt) estime que l’état de développement de cette maladie en fait un problème de santé publique. C’est ainsi qu’au Sénégal, poursuit-il, " la maladie a subi une hausse de 10 % ces dernières années ". Les signes cliniques de la maladie sont assez connues des populations. " Elle se manifeste par la production de crachats purilents et qui évolue pendant trois semaines au moins. Elle est également souvent accompagnée de fièvre le soir ou la nuit ", souligne M. Ndir. Et de préciser d’ailleurs que parfois ces toux s’accompagnent de sang. Cependant à côté de ces signes spécifiques, il y a des signes généraux. Il s’agit de l’amaigrissement, la fatigue, la perte de l’appétit et la production de sueurs nocturnes.

La progression de la tuberculose pulmonaire s’explique selon le coordonnateur du Pnt par deux faits. Il s’agit des facteurs contaminants qui sont nombreux d’une part et d’autre part de la perfection des systèmes de dépistage de la maladie qui favorise la découverte régulière de nouveaux cas liés à cette maladie.

Considérée comme une maladie honteuse, la tuberculose est liée à la pauvreté, à la dégradation des conditions économiques. " Ce qui fait que plus les personnes sont pauvres, plus elles sont exposées à la tuberculose ", explique un médecin. L’apparition depuis quelques années d’une nouvelle pandémie notamment le Vih/sida a contribué par ailleurs à aggraver davantage la tuberculose.

Vente illicite de médicaments

Comme beaucoup de médicaments qui circulent en dehors des circuits officiels, certains produits utilisés contre la tuberculose se retrouvent comme par enchantement sur le marché parallèle. Il est facile de se les procurer à Keur Serigne-Bi, au marché Thiaroye, ainsi qu’au niveau de certains marchands ambulants. Pour preuve, A. L. Mb, la quarantaine est un pharmacien " informel " établi à Keur Serigne-Bi depuis des années. Il explique que le marché des médicaments est très fluide. " Nous avons des personnes qui nous fournissent des médicaments régulièrement " confie-il. Dans le lot dont il dispose, A. L Mb, énumère des médicaments contre le paludisme, la fièvre, la méningite, et la tuberculose. " Pour tout dire, généralement tous les médicaments disponibles dans les pharmacies peuvent se retrouver sur nos étables à moindre prix " ajoute-t-il. Selon lui, c’est l’accessibilité des médicaments qui fait courir les malades et autres parents vers Keur Serigne-Bi. Et celle-ci s’explique par le fait qu’ils sont acquis à faible prix. " Nos fournisseurs nous vendent les médicaments moins chers parce qu’ils les soustraient des hôpitaux, des pharmacies ou d’autres lieues que nous ignorons ", tient-il à faire savoir. Selon un directeur de santé qui a requis l’anonymat, " il y a des pratiques qui se passent au niveau de certains services depuis des années ". Et de citer nommément le programme national de lutte contre la tuberculose. Il y dénonce " l’existence d’un réseau parallèle de distribution de médicaments antituberculeux, de matériels et produits de laboratoire". Il révèle que ce réseau est alimenté depuis le site du Programme situé à la rue Aimée Césaire, ravitaillé en général les week-ends ou après les heures de bureaux. Afin de le contrôler, il estime que " ce circuit devrait être pris en charge par un docteur en pharmacie assermenté ".

Notre source révèle que le commandant Bacary Sambou, ancien coordonnateur au Pnt avait commencé un travail extraordinaire mais n’a pas eu le temps de le terminer car l’Oms l’avait appelé. Pour sécuriser les malades, elle déclare que des efforts devraient être fournis pour réglementer le circuit des médicaments, des produits et matériels de laboratoire. Ce travail devra consister selon notre source, à faire chaque année un inventaire physique des matériels et médicaments du Pnt par des personnes étrangères.

Les pharmaciens accusent

"Les autorités doivent prendre leurs responsabilités "

C’est pour lutter contre la vente illicite des médicaments que les pharmaciens du Sénégal sont sortis de leur mutisme pour battre le macadam mardi 28 mai dernier. Ils tenaient en effet à travers cette manifestation, sensibiliser les populations sur les dangers de l’utilisation des médicaments illicites et l’automédication.

Les pharmaciens issus de l’ordre national des pharmaciens du Sénégal ainsi que des différents syndicats de la corporation ont ainsi tenu manifester leur désarroi face à la menace que constitue la vente illicite de médicaments au niveau du marché parallèle. Selon Mme Annette Ndiaye, présidente du syndicat des pharmaciens privé du Sénégal, " les médicaments de la rue tuent ". Aussi, tiennent-ils (Ndlr : les pharmaciens) à sensibiliser les populations et les pouvoirs publics sur les dangers que constituent le marché illicite des médicaments. Il s’agit également, selon eux, d’informer sur les dangers de l’automédication, de mieux faire connaître le circuit formel des médicaments et de faire la promotion des médicaments dits génériques. Dénonçant les circuits parallèles qui concurrencent leur marché, Mme Annette Ndiaye estime que des marchés illégaux comme ceux de " Keur Seurigne-bi " et Thiaroye entre autres doivent être éradiquer à jamais pour la préservation de la santé des populations. Pour ce faire, elle considère que la volonté des autorités peut venir à bout de ce fléau. Par ailleurs se désole-t-elle, " il y a le fait que les vendeurs ambulants de médicaments sont prêts à tout pour écouler leurs marchandises ". Elle donne l’exemple des antituberculeux qui se retrouvent sur le marché parallèle et qui sont revendus comme soit disant soignant la toux. Indexant les organisations et autres réseaux qui soustrayent ces médicaments de leur circuit normal pour les replacer dans le marché parallèle, elle en appelle au sens de respopnsabilité des uns et des autres. " Il ne faut pas que l’appât du gain puissent conduire les gens à sacrifier la vie d’autrui " lance-t-elle.

Mais ce qui est plus grave, assène t-elle, " c’est qu’il y a des médicaments qui sont vendus alors qu’ils sont périmés, s’ils ne sont pas purement et simplement déviés de leur but originel ".

Moustapha Ndir, Coordonnateur du Pnt

" Il est impossible de retrouver les anti-tuberculeux sur le marché parallèle "

" C’est impossible qu’il y ait un trafic de médicaments dans notre service " déclare d’emblée Moustapha Ndir, en réponse aux accusations selon lesquelles, les médicaments antituberculeux se retrouvent sur le marché parallèle via la rue Aimé Césaire. Nommé coordonnateur du programme il y a un an, il explique que " le traitement est gratuit sur toute l’étendue du territoire et que ce sont des agents de la santé qui manipulent les médicaments, qui les sortent du service sur la base de déclarations vérifiées ". C’est pourquoi a-t-il précisé, "il est quasi impossible que ces médicaments sortent du centre pour se retrouver sur le marché parallèle " .Et de poursuivre : " Si ce trafic existait, il y a longtemps qu’on aurait des ruptures de stock ". Selon Moustapha Ndir, l’approvisionnement et la redistribution des médicaments antituberculeux suivent un circuit où il est matériellement impossible de verser dans la fraude. En effet, explique-t-il, " nous faisons des commandes de médicaments, tous les six mois par l’intermédiaire de l’Union international contre la tuberculose et les maladies respiratoires basée à Paris et des inventaires sont effectués tous les semestres et les stocks sont comparés ". En effet , poursuit-il, "il y a un auditeur externe qui contrôle les médicaments et les finances ". En outre pour sécuriser davantage les lieux, il y a des gardiens qui veillent jour et nuit sur le centre. C’est pourquoi, Moustapha Ndir est formel : " l’unité centrale est verrouillée, il est impossible de retrouver des antiberculeux provenant du Pnt sur le marché parallèle ". Cependant tient-il à préciser " chaque région médicale est ravitaillée tous les trois mois et c’est à elle de faire la répartition dans ses différents districts sanitaires ".

Par ailleurs, le coordonnateur du Pnt révèle qu’il existe actuellement six anti-tuberculeux dont certains ne sont pas disponibles dans les pharmacies. " C’est pour éviter les résistances à ces médicaments que certains anti-tuberculeux ne sont pas vendus dans les officines " a t-il expliqué. Ismaïla SARRE

Lire l'article original : www.sudonline.sn/archives/08062002.htm

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