Maladie
infectieuse, contagieuse dévolution progressive, la
tuberculose est due à une bactérie de la famille mycho
bactérie que lon appelle le bacille de Koch. En 2000,
quelque 8.934 cas de tuberculose, toutes formes confondues, ont
été déclarés, daprès les
dernières statistiques disponibles. Parmi eux, 5.823 cas
sont dorigine pulmonaire donc contagieux. Selon Moustapha
Ndir, coordonnateur du programme national de lutte contre la tuberculose
(Pnt), " malheureusement tous les cas ne guérissent
pas et 29% des malades abandonnent le traitement avant guérison
". Dautres vont sapprovisionner dans le circuit
parallèle, objet de tous les trafics. La Conséquence
qui en résulte est quil y a des rechutes ou lapparition
de cas résistants aux antituberculeux.
Les
spécialistes estiment que la tuberculose, surtout celle dite
pulmonaire, pose un problème de santé publique. Moustapha
Ndir, coordonnateur du programme national de lutte contre la tuberculose
(Pnt) estime que létat de développement de cette
maladie en fait un problème de santé publique. Cest
ainsi quau Sénégal, poursuit-il, " la maladie
a subi une hausse de 10 % ces dernières années ".
Les signes cliniques de la maladie sont assez connues des populations.
" Elle se manifeste par la production de crachats purilents
et qui évolue pendant trois semaines au moins. Elle est également
souvent accompagnée de fièvre le soir ou la nuit ",
souligne M. Ndir. Et de préciser dailleurs que parfois
ces toux saccompagnent de sang. Cependant à côté
de ces signes spécifiques, il y a des signes généraux.
Il sagit de lamaigrissement, la fatigue, la perte de
lappétit et la production de sueurs nocturnes.
La
progression de la tuberculose pulmonaire sexplique selon le
coordonnateur du Pnt par deux faits. Il sagit des facteurs
contaminants qui sont nombreux dune part et dautre part
de la perfection des systèmes de dépistage de la maladie
qui favorise la découverte régulière de nouveaux
cas liés à cette maladie.
Considérée
comme une maladie honteuse, la tuberculose est liée à
la pauvreté, à la dégradation des conditions
économiques. " Ce qui fait que plus les personnes sont
pauvres, plus elles sont exposées à la tuberculose
", explique un médecin. Lapparition depuis quelques
années dune nouvelle pandémie notamment le Vih/sida
a contribué par ailleurs à aggraver davantage la tuberculose.
Vente
illicite de médicaments
Comme
beaucoup de médicaments qui circulent en dehors des circuits
officiels, certains produits utilisés contre la tuberculose
se retrouvent comme par enchantement sur le marché parallèle.
Il est facile de se les procurer à Keur Serigne-Bi, au marché
Thiaroye, ainsi quau niveau de certains marchands ambulants.
Pour preuve, A. L. Mb, la quarantaine est un pharmacien " informel
" établi à Keur Serigne-Bi depuis des années.
Il explique que le marché des médicaments est très
fluide. " Nous avons des personnes qui nous fournissent des
médicaments régulièrement " confie-il.
Dans le lot dont il dispose, A. L Mb, énumère des
médicaments contre le paludisme, la fièvre, la méningite,
et la tuberculose. " Pour tout dire, généralement
tous les médicaments disponibles dans les pharmacies peuvent
se retrouver sur nos étables à moindre prix "
ajoute-t-il. Selon lui, cest laccessibilité des
médicaments qui fait courir les malades et autres parents
vers Keur Serigne-Bi. Et celle-ci sexplique par le fait quils
sont acquis à faible prix. " Nos fournisseurs nous vendent
les médicaments moins chers parce quils les soustraient
des hôpitaux, des pharmacies ou dautres lieues que nous
ignorons ", tient-il à faire savoir. Selon un directeur
de santé qui a requis lanonymat, " il y a des
pratiques qui se passent au niveau de certains services depuis des
années ". Et de citer nommément le programme
national de lutte contre la tuberculose. Il y dénonce "
lexistence dun réseau parallèle de distribution
de médicaments antituberculeux, de matériels et produits
de laboratoire". Il révèle que ce réseau
est alimenté depuis le site du Programme situé à
la rue Aimée Césaire, ravitaillé en général
les week-ends ou après les heures de bureaux. Afin de le
contrôler, il estime que " ce circuit devrait être
pris en charge par un docteur en pharmacie assermenté ".
Notre
source révèle que le commandant Bacary Sambou, ancien
coordonnateur au Pnt avait commencé un travail extraordinaire
mais na pas eu le temps de le terminer car lOms lavait
appelé. Pour sécuriser les malades, elle déclare
que des efforts devraient être fournis pour réglementer
le circuit des médicaments, des produits et matériels
de laboratoire. Ce travail devra consister selon notre source, à
faire chaque année un inventaire physique des matériels
et médicaments du Pnt par des personnes étrangères.
Les
pharmaciens accusent
"Les
autorités doivent prendre leurs responsabilités "
Cest
pour lutter contre la vente illicite des médicaments que
les pharmaciens du Sénégal sont sortis de leur mutisme
pour battre le macadam mardi 28 mai dernier. Ils tenaient en effet
à travers cette manifestation, sensibiliser les populations
sur les dangers de lutilisation des médicaments illicites
et lautomédication.
Les
pharmaciens issus de lordre national des pharmaciens du Sénégal
ainsi que des différents syndicats de la corporation ont
ainsi tenu manifester leur désarroi face à la menace
que constitue la vente illicite de médicaments au niveau
du marché parallèle. Selon Mme Annette Ndiaye, présidente
du syndicat des pharmaciens privé du Sénégal,
" les médicaments de la rue tuent ". Aussi, tiennent-ils
(Ndlr : les pharmaciens) à sensibiliser les populations et
les pouvoirs publics sur les dangers que constituent le marché
illicite des médicaments. Il sagit également,
selon eux, dinformer sur les dangers de lautomédication,
de mieux faire connaître le circuit formel des médicaments
et de faire la promotion des médicaments dits génériques.
Dénonçant les circuits parallèles qui concurrencent
leur marché, Mme Annette Ndiaye estime que des marchés
illégaux comme ceux de " Keur Seurigne-bi " et
Thiaroye entre autres doivent être éradiquer à
jamais pour la préservation de la santé des populations.
Pour ce faire, elle considère que la volonté des autorités
peut venir à bout de ce fléau. Par ailleurs se désole-t-elle,
" il y a le fait que les vendeurs ambulants de médicaments
sont prêts à tout pour écouler leurs marchandises
". Elle donne lexemple des antituberculeux qui se retrouvent
sur le marché parallèle et qui sont revendus comme
soit disant soignant la toux. Indexant les organisations et autres
réseaux qui soustrayent ces médicaments de leur circuit
normal pour les replacer dans le marché parallèle,
elle en appelle au sens de respopnsabilité des uns et des
autres. " Il ne faut pas que lappât du gain puissent
conduire les gens à sacrifier la vie dautrui "
lance-t-elle.
Mais
ce qui est plus grave, assène t-elle, " cest quil
y a des médicaments qui sont vendus alors quils sont
périmés, sils ne sont pas purement et simplement
déviés de leur but originel ".
Moustapha
Ndir, Coordonnateur du Pnt
"
Il est impossible de retrouver les anti-tuberculeux sur le marché
parallèle "
"
Cest impossible quil y ait un trafic de médicaments
dans notre service " déclare demblée Moustapha
Ndir, en réponse aux accusations selon lesquelles, les médicaments
antituberculeux se retrouvent sur le marché parallèle
via la rue Aimé Césaire. Nommé coordonnateur
du programme il y a un an, il explique que " le traitement
est gratuit sur toute létendue du territoire et que
ce sont des agents de la santé qui manipulent les médicaments,
qui les sortent du service sur la base de déclarations vérifiées
". Cest pourquoi a-t-il précisé, "il
est quasi impossible que ces médicaments sortent du centre
pour se retrouver sur le marché parallèle " .Et
de poursuivre : " Si ce trafic existait, il y a longtemps quon
aurait des ruptures de stock ". Selon Moustapha Ndir, lapprovisionnement
et la redistribution des médicaments antituberculeux suivent
un circuit où il est matériellement impossible de
verser dans la fraude. En effet, explique-t-il, " nous faisons
des commandes de médicaments, tous les six mois par lintermédiaire
de lUnion international contre la tuberculose et les maladies
respiratoires basée à Paris et des inventaires sont
effectués tous les semestres et les stocks sont comparés
". En effet , poursuit-il, "il y a un auditeur externe
qui contrôle les médicaments et les finances ".
En outre pour sécuriser davantage les lieux, il y a des gardiens
qui veillent jour et nuit sur le centre. Cest pourquoi, Moustapha
Ndir est formel : " lunité centrale est verrouillée,
il est impossible de retrouver des antiberculeux provenant du Pnt
sur le marché parallèle ". Cependant tient-il
à préciser " chaque région médicale
est ravitaillée tous les trois mois et cest à
elle de faire la répartition dans ses différents districts
sanitaires ".
Par
ailleurs, le coordonnateur du Pnt révèle quil
existe actuellement six anti-tuberculeux dont certains ne sont pas
disponibles dans les pharmacies. " Cest pour éviter
les résistances à ces médicaments que certains
anti-tuberculeux ne sont pas vendus dans les officines " a
t-il expliqué. Ismaïla SARRE
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l'article original : www.sudonline.sn/archives/08062002.htm
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