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Lutte contre le Sida : 864 cas de dépistage en 5 mois - L'observateur Paalga - Burkina Faso - 13/06/02

Ils sont aujourd'hui nombreux à s'accorder sur la nécessité de connaître son statut sérologique. Mais beaucoup se refusent encore à se soumettre au test de dépistage VIH. Au Centre anonyme de dépistage et d'information (CADI) situé au Centre Muraz de Bobo, bien que le taux de fréquentation connaisse une nette progression, les chiffres demeurent toujours en deça des attentes. C'est ce qui ressort de cette interview que nous a accordée Mme Madina Traoré, coordonnatrice du CADI.


Pouvez-vous tout d'abord nous faire un bref aperçu sur le CADI ?

• Le CADI est une structure qui est gérée par une association locale dénommée APRODEC (Association de lutte contre le Sida par la promotion du dépistage et du conseil). Le centre mène trois principales activités qui sont d'abord l'information sur l'infection à VIH/Sida. Cette activité permet à toute personne de venir au centre pour s'informer sur la maladie à travers la documentation dont nous disposons à notre bibliothèque. Il y aura aussi ce que nous appelons l'information personnalisée qui consiste à échanger directement avec ceux qui le désirent. Toujours dans le cadre de l'information, nous organisons aussi des conférences, des émissions radio, etc. La 2e activité au CADI
concerne le conseil dépistage. Il s'agit pour nous de préparer psychologiquement ceux qui désirent faire leur test. Je préfère ne pas trop m'étendre sur ce volet parce qu'il s'agit d'un dépistage qui est strictement anonyme, volontaire et assorti de conseils. La 3e activité enfin concerne l'orientation et ne s'adresse qu'à ceux qui seront déclarés séropositifs.

Quelle est la procédure pour parvenir à un dépistage ?

• Pour ce qui concerne le dépistage, nous avons des termes clés. L'anonymat, le volontariat et la confidentialité. Lorsqu'une personne se présente au CADI pour connaître son statut sérologique, à aucun moment nous lui demandons son nom ou son prénom. La personne est seulement identifiée par un numéro de code durant toute la procédure jusqu'au résultat. Avant le dépistage proprement dit, la personne est d'abord confiée à un conseiller qui a pour rôle de préparer les candidats au test à l'éventualité d'un résultat positif et surtout les amener à mettre en place un plan préventif. Suite à ce conseil, si la personne maintient sa demande de faire le test, nous procédons en ce moment à la prise de sang. Il faudra ensuite attendre deux semaines pour connaître ce résultat qui se fait également dans le cadre d'un conseil post test.

Disposez-vous au CADI de moyens techniques appropriés pour aboutir à des résultats fiables ?

• D'abord je vous apprend que nous ne demandons que la modique somme de 500 F CFA à toute personne qui désire faire son test. Cette somme comme vous le constatez est loin de couvrir les charges. Le CADI étant géré par une association locale, nous avons des subventions qui nous permettent de couvrir les dépenses. Les réactifs que nous achetons sont autorisés par l'OMS et les tests sont faits par le laboratoire du Centre Muraz qui dispose d'un plateau technique de référence. Pour les résultats, je crois qu'il n'y a aucune inquiétude quant à leur fiabilité.

Pour cette année combien de personnes ont déjà fait le test ?

•Je me réjouis d'abord du fait que de plus en plus les gens fréquentent le centre. Ils commencent à percevoir la nécessité de connaître leur statut sérologique et il y a aujourd'hui une très grande évolution du taux de fréquentation. A nos débuts en 1996, on recevait une moyenne de 15 personnes par mois et progressivement nous avons atteint cette année une moyenne de 150 personnes par mois. Ce sont des gens qui viennent volontairement pour se faire dépister. Personne ne doit aujourd'hui mourir ignorant, et tout le monde doit connaître son statut sérologique. La population bobolaise est en train de comprendre cela et de janvier à mai 2002, nous avons dépisté au total 864 personnes dont 399 hommes et 465 femmes.

Combien de cas de séroposivité ont été déclarés ?

• Je préfère ne pas répondre à cette question.

Et pourquoi ?

• Simplement par principe. Je vous disais tout à l'heure qu'au CADI l'anonymat est garanti même s'il ne s'agit pas de vous dire qui est séropositif et qui est séronégatif.

Etes-vous alors inquiète ?

• Plus ou moins. Parce que d'abord ceux qui viennent se faire dépister sont ceux surtout qui ont des doutes. Alors les chiffres que nous disposons ici pourraient expliquer cette inquiétude. Mais d'autre part je peux ne pas m'inquiéter quand on sait que ce n'est toujours pas une tranche représentative de l'ensemble de la population qui vient pour le dépistage.Pour l'instant, il n'y a que ceux qui ont vraiment des suspicions qui viennent à nous pour connaître leur statut sérologique.

Les chiffres que vous avez avancés concernent-ils uniquement la ville de Bobo ?

• 90% des personnes dépistées sont de Bobo. Mais nous recevons des gens qui viennent d'autres localités comme Banfora, Houndé, Orodara, etc. Il y a aussi ceux qui viennent de Ouagadougou, non pas parce qu'il n'y a pas de centre de dépistage, mais parce qu'ils se disent qu'en changeant de localité l'anonymat serait encore plus garanti.

Avez-vous déjà déclaré quelqu'un séropositif et qui n'a pu retenir ses larmes ?

• Dans l'ensemble tout se passe bien pour nous. La plupart de ceux qui ont été déclarés séropositifs l'ont accepté tel. Mais il y en a qui ont été déclarés séropositifs et nous avons eu affaire à des cas difficiles à gérer. D'une manière générale, les gens commencent à accepter leur séropositivité et cela est vraiment admirable. Ce qui n'était pas le cas à notre début au CADI.

Quelle est la moyenne d'âge autorisée pour le dépistage ?

• Actuellement la tranche d'âge est de 29 ans quand nous parlons de dépistage volontaire, nous plaçons la barre à 13 ans. Sauf au cas où le dépistage concerne toute une famille. Aujourd'hui, il y a des fonctionnaires, des élèves, des commerçants qui viennent pour le test. Toutes les catégories sociales sans exception sont représentées.

A travers les chiffres dont vous disposez, quel commentaire faites-vous ?

• Les chiffres du CADI ne sont nullement représentatifs de l'ensemble de la population. Il faut peut-être prendre le taux de séroprévalence qui est donné sur le plan national à savoir 7,17%. Mais parlant du CADI, je préfère garder les chiffres.

Quel conseil avez-vous à donner à ceux qui veulent faire leur test mais qui hésitent encore ?

• Je demande à ceux qui n'ont toujours pas fait le déplacement au niveau du CADI à le faire. Aujourd'hui, nous avons trois catégories de personne à savoir les séropositifs, les séronégatifs et aussi les séroignorants qui sont les plus nombreux. Donc je les invite à faire le test pour se départager entre les séropositifs et les séronégatifs. Connaître son statut sérologique a beaucoup d'avantages. Plus tôt on le saura, meilleure sera la prise en charge.

De notre correspondant particulier à Bobo-Dioulasso Jonas Appolinaire Kaboré

Lire l'article original : www.lobservateur.bf/quotidiens/select.asp?Numero=736

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