L'actualité

Notre métier d'éditeurs de revues médicales en Afrique francophone et au Maghreb, nous amène à suivre de très près l'actualité de la santé de ces pays.
Nous lisons la plupart des journaux spécialisés et sommes en contact avec de très nombreuses associations et ONG.
Nous fréquentons aussi certains forums spécialisés.

Dans notre développement Internet, nous avons pensé que toutes ces informations que nous recueillons quotidiennement ne pouvaient que vous intéresser.
C'est la raison de cette rubrique que nous mettrons à jour le plus régulièrement possible.

Afin d'être en harmonie avec la déontologie Internet, nous vous précisons que toutes nos sources sont informées des textes que nous leur empruntons afin de les mettre à votre disposition dans cette rubrique.

Toutefois, comme elles le précisent elles-même pour la plupart, nous vous prions de traiter les informations avec la plus grande prudence et de ne pas hésiter à suivre les liens que nous plaçons systématiquement à la fin des articles, afin de lire le document original et de contacter, le cas échéant, l'auteur ou le responsable de la publication.

Si vous souhaitiez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir suivre le lien afin de récupérer le document original et vous conseillons d'en informer les responsables.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur SantéTropicale.com

Santetropicale.com

Page d'accueil de Santetropicale.com La Bibliothèque de Santé tropicale Le Kiosque des revues médicales africaines Dictionnaire Internet Africain des Médicaments Web médical africain Annuaire de la santé en Afrique Qui contacter ?

L'actualité de la santé en Afrique

Cheikh Tidiane Toure, Professeur de chirurgie générale à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar : "Il y a une pénurie d'hôpitaux dans la région de Dakar" - Walfadjri - Sénégal - 03/06/2004

Insuffisance des infrastructures et des équipements, mauvaise répartition de ces infrastructures, pénurie en personnel qualifié, inadaptation de l'administration inadaptée. Telle est l'image que renvoient les hôpitaux du Sénégal au professeur de chirurgie générale à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, M. Cheikh Tidiane Touré. Ce médecin colonel, membre de l'Académie française de chirurgie, ne s'est pas limité à en faire le constat intra muros, il a aussi adressé, aux différents ministres de la Santé sous l'alternance, un mémorandum intitulé "Besoins en infrastructures hospitalières au Sénégal" et à propos duquel il nous a entretenu.

Wal Fadjri : Vous venez d'adresser un mémorandum au ministère de la Santé pour lui exposer les difficultés auxquelles le système de santé de notre pays est confronté. Pourquoi ce mémorandum sur la santé des Sénégalais ?

Pr Cheikh Tidiane Touré : Etant depuis longtemps sur le terrain avec bientôt trente ans dans la chirurgie (passés entre Dakar, les différentes régions du Sénégal et la sous-région), j'ai quand même acquis une certaine connaissance. Et j'ai constaté des anomalies qui font que les infrastructures hospitalières ne fonctionnent pas correctement. A mon sens, il y a des correctifs à apporter. Et c'est ça qui a motivé le document dans ce sens-là envoyé à différentes autorités, dont le ministère de la Santé. C'est une forme de contribution pour améliorer le système hospitalier du pays au plan général.

Wal Fadjri : Peut-on connaître en substance le contenu de ce mémorandum ?

Pr Cheikh Tidiane Touré : Il y a plusieurs rubriques dans ce document où j'ai évoqué les réformes hospitalières au Sénégal. Ce document met sur la table d'opération la situation des besoins actuels en santé hospitalière au Sénégal, une évaluation des besoins actuels en soins de santé spécialisée. Pour ce qui est des soins de santé offerts au niveau des hôpitaux, j'ai parlé, en premier lieu, de l'état du système de santé national, notamment la qualité de l'offre. Et sous cette rubrique, j'ai évoqué l'état des infrastructures, dans les régions d'abord, puis à Dakar. Dakar pose un problème particulier puisque le tiers des Sénégalais y vive. Le poids démographique de Dakar pèse donc lourdement sur les besoins actuels des populations en santé hospitalière. Les gens disent que les hôpitaux sont concentrés à Dakar, mais en réalité, il y a une pénurie d'hôpitaux dans la région. Aristide Le Dantec, Principal, Abass Ndaw, l'Hôpital général de Grand Yoff ne suffisent plus. Tellement la pression démographique est persistante. Il y a également la situation du Centre hospitalier universitaire (Chu). La fonction du Chu, c'est de soigner avec des soins de qualité et de haut niveau. Mais également de former des personnels de santé. Surtout dans la spécialisation des soins de haut niveau. Cette formation est souvent compromise parce que l'état du Chu laisse à désirer. L'autre chapitre du document dont vous parlez, est consacré aux infrastructures, aux équipements et au personnel. Pour dire que l'état des normes hospitalières n'est pas satisfaisant en termes d'infrastructures, d'équipements, de personnel et de gestion administrative. J'ai aussi évoqué dans un chapitre ce qu'on appelle la planification des infrastructures hospitalières. La question que l'on se pose actuellement est de savoir s'il y a un programme d'édification des hôpitaux au Sénégal. Peut-être qu'il y en a. Mais est-ce qu'on précise le nombre d'hôpitaux qu'il faut construire, là il faudra le construire et qu'en même temps, on planifie les équipements qui vont aller dans ces hôpitaux-là et le personnel qui va faire fonctionner ces infrastructures hospitalières ? Je crois que ce n'est pas encore fait de façon très précise. Ensuite, je parle du nerf de la guerre, c'est-à-dire du financement des hôpitaux. En fin de compte, les structures hospitalières du Sénégal ne fonctionnent pas. Parce qu'il n'y a pas assez d'argent. Les hôpitaux sénégalais participent par des forfaits que les patients payent. Il y a donc une péréquation qu'il faudrait que l'Etat assure en donnant une subvention. Dans une structure comme Le Dantec, la subvention que l'Etat accorde est insuffisante. Dans certains pays comme le Canada, le citoyen a droit à un système de soins gratuits. Il ne paye rien du tout. Le Sénégal ne peut pas le faire. Les citoyens aussi ne peuvent pas le faire. Il faudrait donc aller à la création d'un système d'entraide sociale de prise en charge. On parle du droit des citoyens sénégalais d'être soignés quand ils sont malades. La majorité des Sénégalais, plus de 95 %, n'ont pas ce droit-là. Les particuliers sont les salariés, et ils ne sont que 100 000. C'est donc une portion congrue de Sénégalais qui a le droit d'être soigné quand il est malade. Il y a lieu de créer des structures sociales d'entraide - mutuelle, assurance etc.

Wal Fadjri : Quelle a été la réaction des autorités ?

Pr Cheikh Tidiane Touré : Favorable. Ce document a été bien accueilli et elles ont pris acte et la réflexion se poursuit. La santé, je le dis souvent, est un tout global. Il ne s'agit pas de prévenir par ici et de soigner ailleurs. Médecine préventive et médecine curative, c'est un tout. Ce que je déplore, c'est une absence de vision prospective en matière de santé. Le fait de sérier les acteurs ne fait que compliquer la tâche. Quand on multiplie les acteurs et que la cible est la même, cela crée la confusion. Le système de soins hospitaliers ne fonctionne pas correctement. Car certains malades devraient être soignés à la base. Parmi les milliers de personnes malades qui se rendent chaque jour à l'hôpital Le Dantec ou Principal, certaines devraient être prises en charge en amont dans les postes de santé ou districts de santé. Ici, la santé a un coût. Le problème de financement des hôpitaux se pose. Je l'ai dit tout à l'heure. Au lendemain des indépendances, l'Etat s'était engagé à financer totalement les hôpitaux. Ensuite, il y a au la création des Associations des personnes hospitalisées (Aph). Maintenant, les hôpitaux sont des structures publiques, autonomes, auxquelles l'Etat accorde une subvention. C'est bien. Et d'ailleurs personne ne sait sur quoi l'Etat s'est basé pour subventionner telle somme à un hôpital et telle autre somme à un autre. Il y a une différence dans le traitement. Par exemple, à l'hôpital Principal, la subvention par lit est différente de celle de Le Dantec qui est elle-même différente de ce qui est appliqué à l'hôpital général de Grand Yoff. C'est basé sur quoi ? Je ne sais pas. Il faut donc se débrouiller pour fonctionner. Nous, à Le Dantec, nous avons vocation de prendre en charge des indigents. Il y a des déficits chroniques qui vont en s'aggravant au fil des années. Si on n'y prend pas garde, on va vers le mur. La réforme du système de santé en tant que telle est donc inachevée.

Wal Fadjri : Le fait de changer de ministre de la Santé ne risque-t-il pas d'affecter le système de santé du pays ?

Pr Cheikh Tidiane Touré : Ce sont des choses politiques. Et en général, le fait de construire beaucoup d'hôpitaux dans un pays ne signifie pas directement que les citoyens de ce pays seront en bonne santé. Il faut un niveau de vie élevé, des populations bien éduquées avec une alimentation saine et équilibrée. En général, les politiques sont en déphasage avec les techniciens de la santé.

Issa NIANG

Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=10343


Retour actualités
 
Copyright © 2004 NG COM Santé tropicale. Tous droits réservés. Site réalisé et developpé par NG COM Santé tropicale