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- 6 juillet 2001 - Source : Wal Fadjri - Dakar - Amadou Abdoul Sakho
SANTE PUBLIQUE - Une décentralisation grippée.
La
décentralisation des services de santé est loin d'être une réussite.
C'est ce que révèle une étude faite par le Réseau national de recherches
sur les politiques sociales qui procèdera, lundi prochain, à la
restitution et à la dissémination des résultats de l'enquête.
Le réseau national de recherches sur les politiques sociales (Rrps)
organise lundi prochain, à Dakar, un atelier de restitution et de
dissémination d'une étude sur la politique de décentralisation des
services de la santé publique.
Plusieurs
personnalités dont des élus locaux et des professionnels de la santé
prendront part à cette rencontre, dont la cérémonie d'ouverture
sera présidée par le ministre de l'Economie et des Finances, en
présence des représentants du Centre canadien de recherches pour
le développement international (Crdi) qui a financé l'étude à hauteur
de 22 millions de francs Cfa.
"C'est un exercice d'évaluation et de capitalisation du système
de santé . La méthodologie de l'étude est basée sur une articulation
entre les méthodes qualitatives et les méthodes quantitatives. L'étude
a été menée auprès de tous les acteurs, ce qui nous a permis de
recueillir les appréciations des médecins, infirmiers, élus locaux,
etc, sur les services de santé", a précisé El Housseynou Ly, coordonnateur
national du Rrps, au cours d'un point de presse, qu'il a donné hier
au siège de l'Institut africain de gestion urbaine (Uagu).
L'étude
qui a duré 11 mois a été faite par une équipe pluridisciplinaire
composée, entre autres, d'un sociologue, d'un médecin, d'un géographe
socio-environnementaliste, d'un économiste de la santé et d'un ingénieur
statisticien .
La même étude est faite au Mali, au Cameroun et au Ghana, grâce
au soutien du Crdi.
"Nous avons travaillé sur la même thématique sur l'évaluation du
processus de décentralisation des services de santé . Il est prévu
un ouvrage de capitalisation pour tirer les leçons et les enseignements
de la décentralisation des services de santé en Afrique, mais surtout
les parcours et ruptures entre les différents pays", indique El
Housseynou Ly.
Par
le protocole d'accord qu'ils ont signé avec l'agence canadienne,
les pays bénéficiaires s'engagent à appliquer les résultats de ces
études.
Dans sa conclusion, l'étude soulève de nombreux problèmes qui entravent
le bon fonctionnement de la politique de décentralisation des services
de la santé (Dss).
"Si le consensus est fait sur la cohérence du système sanitaire,
les acteurs ont tenu à mettre en évidence la persistance du ménagement
classique qui est en porte-à-faux avec la Dss dont le credo est
la gestion concertée et participative des structures sanitaires".
A
cela s'ajoute une absence de complémentarité entre la décentralisation
institution et celle des services de la santé publique.
" La mise en oeuvre de la Dss (Ndlr : Décentralisation des services
de la santé) dans le contexte du transfert de compétences des collectivités
locales a buté sur la non conformité entre les territoires décentralisés
et ceux des districts. La résultante en est l'existence de difficultés
criardes dans la gestion des fonds de dotation qui sont domiciliés
dans les collectivités locales, les communes en particulier, dont
l'aire géographique de compétence coïncide rarement avec les districts
auxquels ces fonds sont destinés ", notent les auteurs de l'étude.
Un
flou qui est très souvent à l'origine de conflit de compétence entre
les collectivités locales.
Dans certains cas, c'est la gestion des fonds qui sert de source
de tiraillements entre les élus locaux et les responsables des comités
de santé.
" Non seulement les collectivités locales ne soutiennent pas, dans
la plupart des cas, les activités de santé à partir de leurs ressources
propres, mais elles procèdent à des ponctions sur les fonds de dotations
affectés à la santé ", souligne l'étude.
Des remarques critiques ont été portées sur les comités de santé
dont la plupart ont même oublié leur fonction première.
"Les comités ont laissé progressivement en rade leur mission de
mobilisation sociale en faveur de la santé et de promotion sanitaire
au profit d'une fixation sur la collecte des recettes et de la gestion
financière.
Ils sont caractérisés par des pratiques et des comportements - accaparement
des comités par les présidents et les trésoriers, non-respect de
la périodicité des réunions, renouvellement du bureau fait à l'insu
des populations, opacité dans la gestion des ressources, etc., -
qui remettent en question, tout à la fois, leur viabilité organisationnelle
et la légitimité sociale de leurs membres ", lit-on dans le rapport
de l'étude.
Toutes
ces questions seront discutées au cours de la journée de restitution
et de dissémination qui se tiendra lundi prochain à Dakar en présence
des plusieurs personnalités dont des élus locaux et des professionnels
de la santé.
Lire
l'article original : fr.allafrica.com/stories/200107060335.htm
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