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Gabon - 24 juillet 2001 - CONFÉRENCE SUR LA MÉDECINE TRADITIONNELLE
Le pouvoir de guérison des plantes en Afrique
Avant
de publier un opuscule, lorsqu'il servait le Gabon en qualité de
diplomate en Corée du Sud, S.E. Joseph Bill Mambounqou a animé une
conférence au pays du Matin calme sûr les vertus médicinales de
la forêt.
FILS de la forêt équatoriale et donc des plantes, Mamboungou a vécu
les dix premières années de sa vie au contact des feuilles, des
fruits et des écorces.
II en a respiré = grâce à son ère éponyme, "Ngang a" guérisseur)
à Koula-Moutou - les parfums et les essences cachées.
De ce temps, il garde de bons souvenirs et surtout les noms des
plantes "utiles" et leurs vertus thérapeutiques.
À l'instar du Ditsétsègui, dont le mythe isangu dit qu'elle est
la première plante du monde et qui sert à la découverte des choses
cachées, du Bouloundoulou, plancton aquatique, pour le don de la
parole, de l'Itoumbou, pour soigner les maladies cardio-vasculaires,
du dibughe (iboga), pour atteindre les plus hauts sommets des révélations
mystiques, la liste n'est pas exhaustive.
II a fait remarquer que la connaissance de la botanique est fondamentale
chez les Africains, lesquels vivent en symbiose avec la nature.
Et dans un bref commentaire sur les plantes il affirme que "la plante
vit, pense".
C'est un organisme vivant qui "capte" la pensée et les énergies',
elles communiquent entre 'elles et transmettent des messages.
Pour le conférencier, il existe de nombreux arbres au Gabon qui,
à force d'être utilisés par des guérisseurs au fil des millénaires,
ont fini par acquérir des vertus magiques.
Ce sont par exemple celles avisant les autre*es plantes d'un danger
: L' approche d'un homme ou d'une bête hostile.
Ne pouvant se déplacer, affirme-t-il, elles envoient des signes
qui distraient et détournent momentanément le prédateur ; l'arbre
mort qui s'abat tout d'un coup, les branches entières qui se détachent
et tombent...
CHARME
SECRET •
Selon
Bill Mamboungou la plante réagit au toucher et à la voix, ainsi
qu'à la musique - surtout sacrée ou classique.
Elle a une certaine sensibilité au contact du vent, des pluies,
de la lumière solaire ou lunaire et du froid, même si ce terme ne
s'applique qu'aux êtres humains.
L'orateur a affirmé que les poètes, par leurs images, sont plus
proches des plantes et "sentent' leurs réactions et leur charme
secret.
Il a également indiqué qu'il existe, à l'heure actuelle des études
et des observations scientifiques en France et en Amérique basées
sur la musique et les plantes.
"Les plantes tropicales qui nous intéressent, par leur verticalité
excessive - plus de 100 m parfois - sont des arbres de compétition
et de sélection.
Elles sont hautes et résistantes et donc positives, captant l'énergie
solaire, source de vie (...)
L'homme qui vit et se nourrit de ces plantes depuis l'enfance jusqu'à
sa mort, acquiert également les vertus et les qualités de résistance
de celles-ci", a-t-il dit, ajoutant qu' on ne saurait expliquer
autrement la force physique et morale, ou la vigueur tout court
des habitants de la forêt.
Le
conférencier a affirmé qu'il existe un vrai déterminisme de l'environnement.
La vue des plantes et surtout de grands arbres donne le sens de
la relativité et donc le sentiment de l'élévation et de la transcendance
ou de la spiritualité. Car, à en croire Mamboungou, l'homme voit
d'abord avant d'exprimer.
Ce qu'il observe, c'est avant tout sa petitesse par rapport à l'arbre,
au géant.
Puis il apprend à contourner et dépasser les difficultés et grâce
a son intelligence (parfois acquise à l'aide de ces plantes), vainc
le géant en l'abattant ou en organisant son environnement civilisé
espace, champs, ponts, villages, cités...
Il faut vivre dans la forêt, affirme-t-il, pour en comprendre la
force et le poids.
C'est
dans cet univers tour à tour accueillant et dangereux que l'initié
ou le guérisseur trouvé des solutions aux problèmes de l'existence
et les plantes appropriées pour soigner les malades.
IMPORTANCE
DES NGANGA •
Quittant
le commentaire sur les plantes, le conférencier atterrit dans le
domaine de la coopération et de la complémentarité avec la médecine
occidentale qu'il appelle de tous ses vœux.
Une façon de dire l'importance des "Nganga" qui applique sa connaissance
des plantes curatives pour traiter les maladies psychologiques,
somatiques ou psychosomatiques. Quand la médecine occidentale reste
sans effet.
"La maladie n'est pas forcément synonyme de malaise physique, mais
peut révéler des problèmes du patient avec son environnement social,
avec le monde des esprits", a indiqué Joseph Bill Mamboungou qui
a affirmé que cette conception globalisante ou holistique exclut
une approche purement physique de la maladie.
En effet, on ne peut réduire le phénomène de la maladie a un problème
de molécules défectueuses, l'organisme humain n'est pas une machine
dont on peut réparer les bannes par des moyens techniques.
Il faut s'adresser à l'être lui-même, c'est-à-dire au patient et
non à la seule maladie qui n'est qu'un trouble de l'organisme tout
entier.
Et s'intéresser au patient signifie tenir compte de sa famille et
l'inviter à participer à sa guérison - c'est la dynamique de groupe.
Le conférencier a noté que lorsque le patient a confiance et croit
à la compétence du guérisseur, ses chances de guérison sont considérables.
La thérapeutique pratiquée au Gabon et dans toute l'Afrique associe
le corps et. l'esprit et s'appuie sur un moteur favorisant une guérison
autogène. C'est-à-dire qu'une foi inébranlable en ses propres capacités
de guérison peut libérer des forces insoupçonnées.
Source : Journal l'Union du 17/07/2001
Lire
l'article original : www.internetafrica.com/gabon/actu/actu_17072001f.htm
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