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SMI Wemtenga : Quand les femmes viennent chercher de l'"aide" - sidwaya - Burkina Faso - 16/07/02

Salamata Ouédraogo est venue à la SMI de Wemtenga pour demander de l'"aide". Son enfant âgé de 12 mois sur les jambes, elle attend son tour sur le banc. "Je suis venue voir les sages-femmes pour qu'elles m'aident avec une méthode contraceptive. J'ai trois autres enfants à la maison. Je me suis décidée et j'ai informé mon mari. Il n'a pas trouvé d'inconvénients. Mais quand je venais, il était absent", dit-elle la tête basse. La voisine immédiate de Salamata s'appelle Abzèta Garamé. Elle a 8 enfants ; elle est déjà sous contraceptif injectable. "Nous avons pris conscience. Nous n'avons plus les moyens pour nourrir suffisamment nos enfants. C'est mon mari qui m'a donné l'argent pour venir faire la piqûre". Ces deux femmes sont pratiquement les dernières "clientes" du centre de santé de la matinée de ce mercredi 3 juillet 2002.

Les premières patientes sont retournées vaquer à leurs occupations d'épouse et surtout de mère et d'actrice économique. Une forte fécondité au Burkina rythme la vie quotidienne des femmes. Les indicateurs de niveau de fécondité de 1998 donnent un taux moyen de 6,8 par femme. Une situation qui précarise la santé des femmes. L'absence et l'éloignement des formations sanitaires, l'analphabétisme, les pratiques culturelles néfastes (tabous alimentaires, excision) mettent en danger la vie des femmes en âge de procréer, la carence en fer faible, le poids à la naissance.

Les statistiques donnent un taux de mortalité maternelle de l'ordre de 484 pour 100 000 naissances vivantes (en 1998). Le dispensaire de Wemtenga ouvert dans les années 60 donne l'exemple dans la prise en charge des femmes enceintes. Les activités sont intégrées ; les patientes peuvent y suivre leur grossesse, vacciner leurs bébés et les soigner et recevoir des prestations en planification familiale.
Mme Solange Nama est responsable de la SMI. Elle est sage-femme et a 27 ans de métier. Son service reçoit en moyenne par mois 100 femmes en consultation prénatale, près de 500 en planification familiale et 2000 bébés environ. Wemtenga est reconnu par le projet santé familiale et protection contre le SIDA (SFPS) comme un centre de référence pour la qualité des prestations. Par pudeur, les femmes ne viennent pas de façon spontanée pour les consultations en IST (infections sexuellement transmises). Mme Nama explique qu'"elles se présentent si elles ont mal, quand ça gratte, s'il y a des boutons ou des ... "Avec les premiers signes (les boutons), elles s'inquiètent car elles savent que les IST sont les cousins du VIH-Sida"...

Nous avons reçu des formations et des outils qui nous permettent de prendre en charge les IST. Nous n'avons plus besoin de résultats d'examen de laboratoire. Il y a des ordinogrammes qui simplifient le travail. Nous avons des cahiers avec des traitements spécifiques. Au regard des écoulements vaginaux, des ulcérations... le traitement est indiqué. Cela permet de gagner du temps et de l'argent quand on sait que les femmes n'en ont pas". La délicatesse réside dans la prise en charge du partenaire homme et de la co-épouse (s'il y en a). "Dans le cas où le mari accepte, nous faisons deux ordonnances et le couple se traite... Il y a un cas où l'homme a envoyé sa maîtresse avec un pli fermé et nous l'avons soignée", explique Mme Nama.

A Wemtenga, le service SMI mène une expérience avec l'ONG ALAVI pour la prise en charge des femmes enceintes séropositives. Une séance de causerie est organisée quotidiennement avec les patientes enceintes pour les convaincre de l'utilité de connaître leur sérologie. L'infirmière commise à cette tâche explique les contours du projet de ALAVI. L'ONG s'engage à prendre en charge les nouveau-nés de mères séropositives afin d'éviter la contamination à l'allaitement. Malheureusement, moins de la moitié des femmes acceptent de faire le test. Malgré les efforts déployés, Mme Nama dénonce la mauvaise fréquentation des centres de santé. "Certaines femmes viennent juste pour avoir le carnet et se présenter le jour de l'accouchement". Alors que plus la grossesse évolue, les complications telles que l'hypertension, l'albumine dans les urines, les œdémes peuvent survenir.

A entendre Mme Nama, ces trois maladies réunies entraînent ipso facto, une éclampsie synonyme de mort. Dans les zones périphériques, les femmes préoccupées à faire survivre la famille sont au marché ou au champ à longueur de journée à la recherche de la pitance au prix de leur vie. Marceline ILBOUDO RJPOD avec la collaboration du CONAPO
Lire l'article original : www.sidwaya.bf/sid16_07_02_/société_7.htm

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