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Prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida : Des associations s'impliquent au niveau communautaire - sidwaya - Burkina Faso - 03/07/02

La prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida au niveau communautaire, constitue actuellement un volet très important dans la lutte contre la pandémie du Sida. Si plusieurs associations et ONG s'impliquent de plus en plus dans cette prise en charge, elles ont souvent besoin de formation pour jouer pleinement leur rôle sur le terrain. C'est le cas de dix associations engagées dans la lutte contre le Sida à Dédougou et Koudougou dont les membres ont été formés par le Groupe d'appui en santé, communication et développement (GASCODE) avec le soutien financier de la GTZ.

Organisée dans le cadre du "projet d'appui aux initiatives de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida au niveau communautaire", la formation avait concerné 5 associations à Dédougou (Coordination des volontaires de Dédougou, association Here Djigui, Association des jeunes musulmans, Cercle d'étude et de recherche des femmes islamiques, Assemblée de Dieu) et 5 associations et structures de Koudougou (Association des dolotières Laguem Taba Labumbou du secteur 6, groupement villageois Laguemtaaba du secteur 1, groupement féminin Songtaaba du secteur 5, groupement des femmes Wendbénédo du secteur 6, Association des jeunes pour le développement agropastoral de Ramongo).

Après leur formation qui s'était déroulée du 1er au 5 octobre 2001, les 20 volontaires de ces dix associations avaient mis en œuvre des activités de sensibilisation et de soutien aux personnes vivant avec le VIH/Sida au niveau communautaire. Une première rencontre de concertation et un voyage d'étude organisés en novembre 2001 avaient permis aux membres des associations de renforcer leurs compétences en matière de dépistage volontaire et de prise en charge communautaire dans plusieurs centres expérimentés à Ouagadougou.

La deuxième rencontre de concertation des membres de ces associations se tient actuellement (27-28 juin 2002) à Ouagadougou. L'objectif de la rencontre étant de faire le point de la mise en œuvre du projet sur le terrain, d'échanger les expériences en matière de promotion du test de dépistage volontaire et des activités génératrices de revenus dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida. Les participants doivent également discuter des perspectives et axes d'intervention de la future phase du projet. La phase actuelle du projet prenant fin en août prochain. Le programme de la rencontre prévoit des exposés-débats sur la promotion du test de dépistage volontaire, les activités génératrices de revenus pour la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida et des visites de terrain.

Le Groupe d'appui en santé, communication et développement (GASCODE) qui conduit le projet, est une ONG burkinabè mise en place par une équipe d'experts de compétences diverses (infirmières, sages-femmes, médecins psychologues, juristes, éducateurs, assistantes sociales, etc.). GASCODE appuie les associations, les projets, les ONG et institutions dans les domaines de la santé de la reproduction de la lutte contre le Sida, de la mobilisation sociale, du genre et développement, des droits humains. La présidente du GASCODE est Mme Pascaline Sebgo. Hamado NANA


Pascaline Sebgo, présidente de GASCODE "L'accès aux soins reste un gros problème pour les personnes vivant avec le VIH/Sida"

S. : Le projet que vous venez de conduire sur la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida prend fin en août prochain. Qu'est-ce qui est fait ou sera fait pour consolider les acquis sur le terrain ?

Pascaline Sebgo : Il faut rappeler qu'avec le "projet d'appui aux initiatives de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida au niveau communautaire dans les régions de Dédougou et Koudougou", il s'agissait de former des volontaires sur le terrain, d'appuyer les personnes vivant avec le VIH/Sida sur les plans psychosocial, matériel, financier et de l'accès aux soins. Le projet a réalisé toutes les activités prévues dans sa phase actuelle mais il reste des problèmes sur le terrain. Ce qui nécessite des interventions futures pour maintenir les acquis et pour développer davantage la prise en charge. Le gros problème que les personnes vivant avec le VIH/Sida rencontrent, reste l'accès aux soins. Parce qu'au début de leur maladie, elles disposent souvent de quelques moyens pour se soigner. Mais au fur et à mesure que la maladie évolue, ces personnes deviennent de plus en plus pauvres et les familles n'arrivent plus à supporter les soins.

Le deuxième problème reste la stigmatisation, le rejet des malades. Ces rejets ne sont plus aussi fréquents qu'au début de nos activités il y a quelques années mais restent quand même une préoccupation. Les raisons de ces rejets sont diverses. Il y a la peur d'être contaminé et le fait que certaines personnes pensent que le malade mérite ce qui lui arrive. Les problèmes financiers expliquent aussi certains cas de rejet. Les associations qui se sont engagées dans le cadre du projet, ont fait un travail formidable. Nous allons continuer à les appuyer techniquement et à rechercher des partenaires pour des appuis financiers afin que ces associations puissent continuer leurs activités. Nous avons des contacts avec les services de santé pour voir dans quelle mesure nous pouvons contribuer à l'amélioration de l'accès aux soins. A ce sujet, il faut souligner que le Conseil national de lutte contre le Sida avec le sous-comité santé travaillent activement pour le renforcement de la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH/Sida. Un autre gros problème est celui des orphelins du Sida. Au début de notre intervention, nous avions une dizaine d'orphelins. Actuellement, nous avons près de 300 orphelins qui se retrouvent complètement démunis avec des besoins énormes. Rien que dans deux quartiers et un village de Koudougou, nous avons 109 orphelins. Des jeunes de 15 ou 16 ans se retrouvent ainsi chefs de famille. Il y a bien sûr des familles qui accueillent ces orphelins mais elles sont très souvent démunies avec déjà des problèmes pour s'occuper de leurs propres enfants. Ces familles d'accueil ont besoin de soutien et nous voulons renforcer ces familles à travers les activités économiques, à travers l'encadrement et quelques appuis pour qu'elles puissent continuer à soutenir les orphelins. Nous allons développer des actions pour la prise en charge de ces orphelins et enfants vulnérables.

Il y a, enfin, l'aspect prévention que nous ne négligeons pas. Nous allons poursuivre la sensibilisation pour aider ceux qui ne sont pas atteints à rester sains et à stopper un peu la progression du VIH qui est en train de décimer les bras valides de nos pays.

S. : Parlez-nous de la disponibilité des médicaments sur le terrain pour les personnes vivant avec le VIH/Sida

P.S. : Je dois saluer les efforts des partenaires qui interviennent avec des dons en médicaments. Il y a eu récemment un important don de médicaments des Pays-Bas qui va soulager les personnes vivant avec le VIH/Sida. Sur le terrain cependant et de façon pratique, il y a parfois des difficultés dans la gestion de ces dons. Avec l'application de l'Initiative de Bamako dans certaines formations sanitaires, il y a des produits qui sont vendus et d'autres qui sont distribués. Ce système de gestion fait que même si les produits sont disponibles, les agents de santé ont des difficultés à les distribuer gratuitement à côté de ceux qui sont vendus. Il faut savoir aussi que les dons de médicaments ne couvrent qu'une partie de l'accès aux soins. Il y a les examens de laboratoire, les consultations et les hospitalisations. Un aspect très important aussi est le renforcement des compétences des agents de santé parce qu'en matière de lutte contre le Sida, les connaissances évoluent. Il faut donc pouvoir renforcer les compétences des agents de santé pour faciliter l'accès à des soins de qualité. Propos recueillis par Hamado NANA

Lire l'article original : www.sidwaya.bf/sid03_07_02/société_2.htm

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