La
prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida au niveau
communautaire, constitue actuellement un volet très important dans
la lutte contre la pandémie du Sida. Si plusieurs associations et
ONG s'impliquent de plus en plus dans cette prise en charge, elles
ont souvent besoin de formation pour jouer pleinement leur rôle
sur le terrain. C'est le cas de dix associations engagées dans la
lutte contre le Sida à Dédougou et Koudougou dont les membres ont
été formés par le Groupe d'appui en santé, communication et développement
(GASCODE) avec le soutien financier de la GTZ.
Organisée
dans le cadre du "projet d'appui aux initiatives de prise en charge
des personnes vivant avec le VIH/Sida au niveau communautaire",
la formation avait concerné 5 associations à Dédougou (Coordination
des volontaires de Dédougou, association Here Djigui, Association
des jeunes musulmans, Cercle d'étude et de recherche des femmes
islamiques, Assemblée de Dieu) et 5 associations et structures de
Koudougou (Association des dolotières Laguem Taba Labumbou du secteur
6, groupement villageois Laguemtaaba du secteur 1, groupement féminin
Songtaaba du secteur 5, groupement des femmes Wendbénédo du secteur
6, Association des jeunes pour le développement agropastoral de
Ramongo).
Après
leur formation qui s'était déroulée du 1er au 5 octobre 2001, les
20 volontaires de ces dix associations avaient mis en œuvre des
activités de sensibilisation et de soutien aux personnes vivant
avec le VIH/Sida au niveau communautaire. Une première rencontre
de concertation et un voyage d'étude organisés en novembre 2001
avaient permis aux membres des associations de renforcer leurs compétences
en matière de dépistage volontaire et de prise en charge communautaire
dans plusieurs centres expérimentés à Ouagadougou.
La deuxième rencontre de concertation des membres de ces associations
se tient actuellement (27-28 juin 2002) à Ouagadougou. L'objectif
de la rencontre étant de faire le point de la mise en œuvre du projet
sur le terrain, d'échanger les expériences en matière de promotion
du test de dépistage volontaire et des activités génératrices de
revenus dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida.
Les participants doivent également discuter des perspectives et
axes d'intervention de la future phase du projet. La phase actuelle
du projet prenant fin en août prochain. Le programme de la rencontre
prévoit des exposés-débats sur la promotion du test de dépistage
volontaire, les activités génératrices de revenus pour la prise
en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida et des visites de
terrain.
Le
Groupe d'appui en santé, communication et développement (GASCODE)
qui conduit le projet, est une ONG burkinabè mise en place par une
équipe d'experts de compétences diverses (infirmières, sages-femmes,
médecins psychologues, juristes, éducateurs, assistantes sociales,
etc.). GASCODE appuie les associations, les projets, les ONG et
institutions dans les domaines de la santé de la reproduction de
la lutte contre le Sida, de la mobilisation sociale, du genre et
développement, des droits humains. La présidente du GASCODE est
Mme Pascaline Sebgo. Hamado NANA
Pascaline
Sebgo, présidente de GASCODE "L'accès aux soins reste un gros problème
pour les personnes vivant avec le VIH/Sida"
S.
: Le projet que vous venez de conduire sur la prise en charge des
personnes vivant avec le VIH/Sida prend fin en août prochain. Qu'est-ce
qui est fait ou sera fait pour consolider les acquis sur le terrain
?
Pascaline
Sebgo : Il faut rappeler qu'avec le "projet d'appui aux initiatives
de prise en charge des personnes vivant avec le VIH/Sida au niveau
communautaire dans les régions de Dédougou et Koudougou", il s'agissait
de former des volontaires sur le terrain, d'appuyer les personnes
vivant avec le VIH/Sida sur les plans psychosocial, matériel, financier
et de l'accès aux soins. Le projet a réalisé toutes les activités
prévues dans sa phase actuelle mais il reste des problèmes sur le
terrain. Ce qui nécessite des interventions futures pour maintenir
les acquis et pour développer davantage la prise en charge. Le gros
problème que les personnes vivant avec le VIH/Sida rencontrent,
reste l'accès aux soins. Parce qu'au début de leur maladie, elles
disposent souvent de quelques moyens pour se soigner. Mais au fur
et à mesure que la maladie évolue, ces personnes deviennent de plus
en plus pauvres et les familles n'arrivent plus à supporter les
soins.
Le deuxième problème reste la stigmatisation, le rejet des malades.
Ces rejets ne sont plus aussi fréquents qu'au début de nos activités
il y a quelques années mais restent quand même une préoccupation.
Les raisons de ces rejets sont diverses. Il y a la peur d'être contaminé
et le fait que certaines personnes pensent que le malade mérite
ce qui lui arrive. Les problèmes financiers expliquent aussi certains
cas de rejet. Les associations qui se sont engagées dans le cadre
du projet, ont fait un travail formidable. Nous allons continuer
à les appuyer techniquement et à rechercher des partenaires pour
des appuis financiers afin que ces associations puissent continuer
leurs activités. Nous avons des contacts avec les services de santé
pour voir dans quelle mesure nous pouvons contribuer à l'amélioration
de l'accès aux soins. A ce sujet, il faut souligner que le Conseil
national de lutte contre le Sida avec le sous-comité santé travaillent
activement pour le renforcement de la prise en charge médicale des
personnes vivant avec le VIH/Sida. Un autre gros problème est celui
des orphelins du Sida. Au début de notre intervention, nous avions
une dizaine d'orphelins. Actuellement, nous avons près de 300 orphelins
qui se retrouvent complètement démunis avec des besoins énormes.
Rien que dans deux quartiers et un village de Koudougou, nous avons
109 orphelins. Des jeunes de 15 ou 16 ans se retrouvent ainsi chefs
de famille. Il y a bien sûr des familles qui accueillent ces orphelins
mais elles sont très souvent démunies avec déjà des problèmes pour
s'occuper de leurs propres enfants. Ces familles d'accueil ont besoin
de soutien et nous voulons renforcer ces familles à travers les
activités économiques, à travers l'encadrement et quelques appuis
pour qu'elles puissent continuer à soutenir les orphelins. Nous
allons développer des actions pour la prise en charge de ces orphelins
et enfants vulnérables.
Il
y a, enfin, l'aspect prévention que nous ne négligeons pas. Nous
allons poursuivre la sensibilisation pour aider ceux qui ne sont
pas atteints à rester sains et à stopper un peu la progression du
VIH qui est en train de décimer les bras valides de nos pays.
S.
: Parlez-nous de la disponibilité des médicaments sur le terrain
pour les personnes vivant avec le VIH/Sida
P.S. : Je dois saluer les efforts des partenaires qui interviennent
avec des dons en médicaments. Il y a eu récemment un important don
de médicaments des Pays-Bas qui va soulager les personnes vivant
avec le VIH/Sida. Sur le terrain cependant et de façon pratique,
il y a parfois des difficultés dans la gestion de ces dons. Avec
l'application de l'Initiative de Bamako dans certaines formations
sanitaires, il y a des produits qui sont vendus et d'autres qui
sont distribués. Ce système de gestion fait que même si les produits
sont disponibles, les agents de santé ont des difficultés à les
distribuer gratuitement à côté de ceux qui sont vendus. Il faut
savoir aussi que les dons de médicaments ne couvrent qu'une partie
de l'accès aux soins. Il y a les examens de laboratoire, les consultations
et les hospitalisations. Un aspect très important aussi est le renforcement
des compétences des agents de santé parce qu'en matière de lutte
contre le Sida, les connaissances évoluent. Il faut donc pouvoir
renforcer les compétences des agents de santé pour faciliter l'accès
à des soins de qualité. Propos recueillis par Hamado NANA
Lire
l'article original : www.sidwaya.bf/sid03_07_02/société_2.htm
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