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Centre hospitalier régional de Ouahigouya : Les ambitions de Koroutoumou Ouattara - sidwaya - Burkina Faso - 03/07/02

Mme Koroutoumou Ouattara, ancienne directrice générale de l'hôpital de l'amitié de Koudougou, a été nommée à la tête du Centre hospitalier régional de Ouahigouya en novembre 2001. C'est à un moment où la direction générale et les structures syndicales ne parlaient plus le même langage. Le centre hospitalier était dans une sorte de léthargie. Le boycott des activités, le refus d'engranger des recettes ... étaient devenus le menu quotidien. Aujourd'hui, la situation s'est apaisée, les services techniques ont repris du service. La nouvelle directrice générale explique comment le dialogue a été réinstauré. Elle aborde aussi des contraintes et ses ambitions qui sont entre autres, la délocalisation du Centre hospitalier de Ouahigouya.

En décembre 2001, vous avez été nommée à la tête du centre hospitalier régional de Ouahigouya à un moment où l'établissement rencontrait d'énormes problèmes. Quelle lecture peut-on faire maintenant de la situation ?

Koroutoumou Ouattara : Selon les travailleurs que nous avons rencontrés le 1er mai chez le haut-commissaire, le climat est assaini. On y note un bon esprit de travail et tout se déroule bien.

Quel était le problème majeur que vous avez trouvé au centre hospitalier ?

Ouahigouya tout comme les autres hôpitaux ont traversé la crise nationale ayant affecté leur fonctionnement. Cela a conduit à une rupture de communication ; l'administration et les services techniques ne pouvaient plus travailler. Les différents mouvements qu'il y a eus au niveau du ministère puis les différentes politiques entreprises au niveau national ont contribué un tant soit peu à apaiser les cœurs. Nous sentons à l'heure actuelle des équipes qui travaillent. Les réunions fonctionnent très bien. Pour les recettes aussi, nous avons fait des merveilles. La situation à mi-parcours nous laisse présager des recettes de plus de 100 millions de nos francs. Une chose qu'ils n'ont jamais eue. A l'occasion, nous avons attribué des lettres de félicitations, ce qui motive davantage les agents à travailler. Nous avons ainsi pu faire des réunions, des rencontres de sensibilisation et d'organisation des services. Nous avons même mis des outils de gestion en place pour aboutir à ces résultats.

Il s'agit de quel genre d'outils de gestion ?

Nous sommes autour d'un projet d'établissement où tous les acteurs hospitaliers doivent adhérer. Nous ne pouvons pas parler d'adhésion sans rencontres, ni équipes de travail. Les équipes sont bien en marche, les réunions se font bien. Les différentes réflexions se font ensemble, ce n'est pas seulement la direction qui travaille. Ce sont ces concertations qui ont abouti à des résultats, à mi-parcours, très positifs. Au niveau du Centre hospitalier de Ouahigouya, la direction générale et les syndicats ne parlaient pas du tout le même langage.

Où en est-on ?

Aujourd'hui, il n'y a plus de problème. Les travailleurs l'ont avoué au haut-commissaire. On a quelques petits problèmes liés aux infrastructures qui sont devenues très vétustes. Nous nous attelons à notre projet d'établissement pour réunir les moyens afin de mettre les différentes politiques en exécution.

Votre établissement aussi avait des difficultés inhérentes à l'absence de spécialistes dans certains services ?

Au niveau national, il y a un problème de personnel (médecins et spécialistes). Nous avons des alternatives au niveau des coopérations décentralisées où les hôpitaux ont une coopération technique avec leurs homologues du Nord. Cela nous amène à renforcer les compétences techniques de nos médecins. Ainsi, nous réussissons à faire du travail remarquable. Nous avions reçu dans nos locaux, une équipe chirurgicale de Chambéri qui s'intéressait aux maladies comme les hémorroïdes, les goitres, chose que nos hôpitaux régionaux n'avaient pas l'habitude de faire. Maintenant, nous, le faisons et j'ai confiance en l'équipe.

En parlant en termes d'indicateurs, qu'est-ce qui prouve que tout marche bien au Centre hospitalier de Ouahigouya ?

Nous avons des indications techniques, les performances techniques de la structure que nous voyons. Nous voyons aussi des indicateurs financiers. A ce niveau, nos états financiers, nos états des recouvrements montrent que nous sommes en nette progression. Nous ajouterons le fonctionnement des différentes instances, cela montre que le système de communication marche bien. L'ensemble de ces aspects ont permis d'améliorer la qualité de nos prestations, en ce sens qu'il y a maintenant moins de plaintes. Nous avons ouvert une communication avec les communautés pour voir leurs besoins en matière de santé, les contraintes et ce qu'elles reprochent à l'hôpital. En cela, nous avons fait une analyse situationnelle de notre environnement pour adapter les prestations aux besoins des populations.

Quelle réalisation vous tient à cœur pour le Centre hospitalier régional de Ouahigouya ?

Bon (rires) ; j'ai des ambitions, celles de pouvoir améliorer de façon considérable, les performances de cet hôpital. J'ai également des contraintes liées à la structure parce que l'hôpital est logé dans une enceinte de 5 à 6 hectares. Or, pour un hôpital régional, il nous faut environ 15 hectares. Nous parlons aujourd'hui de délocalisation comme Kaya, Banfora pour pouvoir permettre l'aménagement de l'espace de travail. Notre structure est très vieille, elle est ouverte depuis 1954 (je n'étais pas née encore), ce qui fait que les infrastructures sont dépassées. Pour l'organisation du travail, adapter les soins aux besoins, cela pose des problèmes. Notre souci est qu'on nous donne une parcelle assez bien, à l'intérieur de la ville, accessible aux populations. Ainsi, nous allons essayer de construire notre projet d'établissement sur cette parcelle plutôt que de dispenser nos efforts. Pour le moment nous sommes à cette phase de réflexion. Les décisions ne se prennent pas à notre niveau, mais avec les acteurs techniques et politiques. Vous avez parlé des acteurs techniques et politiques sans financiers.

Les fonds sont-ils déjà acquis ?

Mais, quand on parle de politique, les finances suivent. S'il y a une volonté politique, il y aura l'aménagement budgétaire pour nous amener à réaliser nos ambitions. C'est pourquoi, je parle de politique, parce que tout doit être basé sur cela pour pouvoir faire quelque chose. Ce n'est pas l'Etat seulement qui va financer ce projet d'établissement, il y a les partenaires au développement qui peuvent être intéressés. L'essentiel est de présenter des projets corrects et convaincants. Il faut qu'on se comprenne sur ce qu'on veut, où on veut aller ... Je pense que si cela est un acquis et est soutenu politiquement dans notre démarche, en principe les partenaires au développement pourront s'intéresser à notre projet.

Cela est une ambition à long terme, mais à court terme, qu'est-ce qu'il faut réellement ?

C'est ce que nous sommes en train de faire. On a réfléchi, il faut réorganiser et même organiser les soins. Cela prend en compte l'espace du travail, la maîtrise de l'activité des soins. Ce qui nous gêne, c'est l'état des infrastructures qui ne sont plus adaptées. Je pense que d'ici à là, selon les échos qui nous parviennent, les prestations connaîtront davantage une amélioration. Avant, les gens se plaignaient de la propreté. Aujourd'hui, ils viennent dire que les choses ont changé. Il y a aussi l'amélioration des conditions de travail que nous percevons à présent. Peut-être, c'est cela qui a amené les travailleurs à adhérer à nos principes. En fait, si on leur dit de recouvrer, c'est pour eux-mêmes. Maintenant ils sont contents, nous sommes à un niveau de recouvrement très, très visible.

Nous tirons vers la fin de notre entretien ... ?

Je veux lancer un appel à la population. Il y a ce que les acteurs hospitaliers peuvent faire et ce que les populations peuvent faire. Les gens ne viennent pas dans les formations sanitaires à temps, alors que notre hôpital est un hôpital de référence. Les patients laissent les soins au niveau des districts, des CSPS, pour venir à l'hôpital où les soins sont très coûteux. Quand ils arrivent, ils font des calculs comparatifs pour finalement dire qu'ailleurs c'est moins cher. Nous sommes en train de mettre un plan de communication avec l'extérieur pour qu'on puisse mieux nous comprendre. Interview réalisée à Ouahigouya par Emmanuel BOUDA

Lire l'article original : www.sidwaya.bf/sid03_07_02/société_8.htm

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