Santé
publique Urgence signalée: le choléra est là! C’est officiel. Le
choléra est à nos portes. Dans certaines zones ou précisément certaines
villes, on peut même dire que la maladie a franchi le seuil de la
porte pour s’installer dans “ la maison ”.
Ainsi,
Aboisso, Abobo et Duékoué restent, pour l’heure, les villes les
plus touchées où des cas de maladies ont été identifiés comme étant
ceux dus au vibrion cholérique, la bactérie responsable du choléra.
Le professeur Andoh, chef du Service de pédiatrie du CHU de Treichville,
par ailleurs président du comité national d’urgence pour contrer
la maladie, révèle que la maladie a connu trois phases depuis le
début de l’année. “ Elle a évolué de façon épidémique au début,
puis est passée à l’état endémique pour ressurgir dans cette période
des pluies qui, il faut le dire, est favorable à ce genre d’expansion
”, explique-t-il. 316 cas ont donc été recensés dont 6 décès et
un taux de létalité de 1,8%. Ce sont des chiffres qui peuvent paraître
dérisoires à côté de ceux enregistrés l’année dernière où le total
de cas répertoriés a atteint 6000.
Mais
le professeur Andoh fait remarquer que, face à des maladies hautement
contagieuses telles que le choléra, les chiffres peuvent rapidement
évoluer à la hausse si l’on n’y prend garde. Et si des mesures d’urgence
ne sont pas prises. Pour soutenir ses propos, il se réfère à la
situation actuelle où, en l’espace d’un mois, 46 cas et 3 décès
ont été recensés. A la faveur de la saison des pluies. C’est pour
cela qu’il a décidé de tirer la sonnette d’alarme. La réunion qu’il
a convoquée à cet effet au cours de la semaine du 22 juin au 30
du même mois n’a pas enregistré la participation du maximum de personnes.
Campagne pour l’élection des conseils généraux oblige.
“ Nous ne désespérons pas cependant de pouvoir sensibiliser les
uns et les autres au fait que le choléra, dès lors qu’il devient
épidémique, n’est plus l’affaire du seul ministère de la Santé.
Il devient l’affaire de tous ”, explique-t-il d’un air convaincant.
Les premiers vers qui l’on se tourne, ce sont les autorités communales.
A qui il revient d’organiser l’assainissement de l’espace dans lequel
évoluent leurs administrés. Les caniveaux à ciel ouvert doivent
être débarrassés des déchets et autres qui empêchent le flux d’eaux
usées de s’ébranler aisément vers les lieux destinés à les accueillir.
Les immondices qui s’amoncellent çà et là et qui, à défaut d’être
ramassées sont charriées par les eaux de pluies, constituent une
des portes d’entrée de la maladie.
Mais
par-dessus tout, l’inexistence de sanitaires appropriés, de latrines
et de fosses septiques, notamment pour permettre aux populations
de se soulager, fait le lit des défécations en plein air que charrient
également les eaux de pluies. Toutes ces situations favorisent la
propagation du vibrion cholérique. L’urgence consiste donc, selon
le professeur Andoh, à la prise de conscience collective et à une
organisation efficace pour contrer la maladie. C’est à ce titre
que, dans la prévention, deux niveaux d’intervention sont nécessaires.
Il s’agit, d’une part, d’un système d’alerte tel que celui mis en
place par l’Institut national d’hygiène publique (INHP) dont le
rôle se résume à assurer l’action de “ veille ”. Avec, en prime,
des laboratoires appropriés pour confirmer ou infirmer les cas répertoriés.
Et un stock de vaccins et de médicaments suffisants pour la prévention
et la prise en charge des malades déclarés. Ces derniers bénéficiant,
dans ce cas, de la gratuité des soins dans toutes les formations
sanitaires publiques.
D’autre part, il est question d’un engagement ferme et résolu des
autorités et de la société civile à jouer leur partition. Il leur
revient alors d’assurer la sensibilisation des populations à l’assainissement
de leur cadre de vie et à l’abandon de pratiques traditionnelles
et modernes qui participent à la propagation de la maladie (voir
encadré Actions et responsabilités). Pour l’heure, rappelons-le,
c’est officiellement à Aboisso, Abobo (Sagbé notamment) et à Duékoué
que le choléra a élu domicile. Mais il n’est pas exclu que, si tout
le monde ne se met pas en ordre de bataille, d’autres villes et
départements soient obligés de “ l’accueillir ”.
Actions et responsabilités
Certes,
on est loin des 6000 décès enregistrés l’année dernière au cours
de l’épidémie de choléra. Faut-il pour autant se taire face aux
risques d’une autre série de décès, si des mesures appropriées ne
sont pas prises. Parce qu’en matière d’épidémie, avoir franchi le
cap des 6 premiers mois de l’année n’est pas une garantie. La preuve,
pour le seul mois de juin 2002, 46 cas ont été recensés avec des
cas suspectés dont les résultats qui sortiront ces jours-ci des
laboratoires situeront les autorités médicales et les populations
d’où ils proviennent. C’est dire qu’en un laps de temps très court
l’épidémie peut se propager et atteindre des proportions importantes.
Des actions doivent donc être menées et les responsabilités des
uns et des autres doivent être engagées en complément de celle que
coordonne déjà le comité national de vigilance.
Ainsi, au niveau des autorités tant municipales que gouvernementales,
la sensibilisation des populations quant aux conséquences des pratiques
traditionnelles qui concourent à la propagation de la maladie telles
les pratiques funéraires qui favorisent le contact prolongé des
personnes valides avec les corps des personnes décédées du choléra.
A côté de cela, il y a la non application des mesures arrêtées par
les autorités étatiques tel l’arrêté pris en 2001 pour interdire
la commercialisation des sachets d’eau et autres jus. Sachets d’eau
et de jus qui subissent des manipulations excessives au moment de
leur préparation. Ainsi qu’au cours de leur commercialisation. L’évacuation
mal assurée des eaux usées, l’inexistence de latrines et de fosses
septiques appropriées, la multiplication des quartiers précaires
et spontanés, etc. sont des chantiers à prendre à bras le corps
par les maries et désormais, les conseils départementaux. Ici, la
décentralisation doit vite faire son effet pour le mieux-être des
populations.
Maladies hydriques
En
ces temps de pluies, les maladies hydriques (dont le développement
est lié à l’eau) sont une véritable menace pour la santé publique.
- Le choléra : infection intestinale aiguë très contagieuse due
au vibrion cholérique et à sa variété El Toc (elle se traduit par
des vomissements abondants et une diarrhée profuse, responsable
d’une déshydratation intense et rapide qui en fait la gravité).
La thérapeutique repose essentiellement sur la réhydratation et,
accessoirement sur le traitement antibiotique. La prévention repose
sur l’hygiène et la chimio-prophylaxie en région d’endémie. Il existe
une vaccination dont l’efficacité transitoire est discutée.
- Fièvre typhoïde : maladie infectieuse (salmonellose) contagieuse
et le plus souvent épidémique, due au bacille typhique, caractérisée
par une température élevée, par des signes neurologiques et par
de graves troubles digestifs. La contamination s’effectue par ingestion
d’aliments pollués. Il existe un vaccin (T.A.B) qui a, selon les
chercheurs et les médecins, fait considérablement régresser la typhoïde.
- Fièvre jaune : - Amibiases intestinales : maladie parasitaire
provoquée par l’amibe dysentérique et qui affecte principalement
l’intestin mais qui peut également provoquer des lésions touchant
d’autres viscères (foies, abcès hépatique, poumon, cerveau). JOSETTE
BARRY
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l'article original : www.fratmat.co.ci/story.asp?ID=12071
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