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Conseillers généraux : Urgence, le cholera est à vos portes ! - Fraternité matin - Côte d'Ivoire - 10/07/02

Santé publique Urgence signalée: le choléra est là! C’est officiel. Le choléra est à nos portes. Dans certaines zones ou précisément certaines villes, on peut même dire que la maladie a franchi le seuil de la porte pour s’installer dans “ la maison ”.

Ainsi, Aboisso, Abobo et Duékoué restent, pour l’heure, les villes les plus touchées où des cas de maladies ont été identifiés comme étant ceux dus au vibrion cholérique, la bactérie responsable du choléra. Le professeur Andoh, chef du Service de pédiatrie du CHU de Treichville, par ailleurs président du comité national d’urgence pour contrer la maladie, révèle que la maladie a connu trois phases depuis le début de l’année. “ Elle a évolué de façon épidémique au début, puis est passée à l’état endémique pour ressurgir dans cette période des pluies qui, il faut le dire, est favorable à ce genre d’expansion ”, explique-t-il. 316 cas ont donc été recensés dont 6 décès et un taux de létalité de 1,8%. Ce sont des chiffres qui peuvent paraître dérisoires à côté de ceux enregistrés l’année dernière où le total de cas répertoriés a atteint 6000.

Mais le professeur Andoh fait remarquer que, face à des maladies hautement contagieuses telles que le choléra, les chiffres peuvent rapidement évoluer à la hausse si l’on n’y prend garde. Et si des mesures d’urgence ne sont pas prises. Pour soutenir ses propos, il se réfère à la situation actuelle où, en l’espace d’un mois, 46 cas et 3 décès ont été recensés. A la faveur de la saison des pluies. C’est pour cela qu’il a décidé de tirer la sonnette d’alarme. La réunion qu’il a convoquée à cet effet au cours de la semaine du 22 juin au 30 du même mois n’a pas enregistré la participation du maximum de personnes. Campagne pour l’élection des conseils généraux oblige.

“ Nous ne désespérons pas cependant de pouvoir sensibiliser les uns et les autres au fait que le choléra, dès lors qu’il devient épidémique, n’est plus l’affaire du seul ministère de la Santé. Il devient l’affaire de tous ”, explique-t-il d’un air convaincant. Les premiers vers qui l’on se tourne, ce sont les autorités communales. A qui il revient d’organiser l’assainissement de l’espace dans lequel évoluent leurs administrés. Les caniveaux à ciel ouvert doivent être débarrassés des déchets et autres qui empêchent le flux d’eaux usées de s’ébranler aisément vers les lieux destinés à les accueillir. Les immondices qui s’amoncellent çà et là et qui, à défaut d’être ramassées sont charriées par les eaux de pluies, constituent une des portes d’entrée de la maladie.

Mais par-dessus tout, l’inexistence de sanitaires appropriés, de latrines et de fosses septiques, notamment pour permettre aux populations de se soulager, fait le lit des défécations en plein air que charrient également les eaux de pluies. Toutes ces situations favorisent la propagation du vibrion cholérique. L’urgence consiste donc, selon le professeur Andoh, à la prise de conscience collective et à une organisation efficace pour contrer la maladie. C’est à ce titre que, dans la prévention, deux niveaux d’intervention sont nécessaires. Il s’agit, d’une part, d’un système d’alerte tel que celui mis en place par l’Institut national d’hygiène publique (INHP) dont le rôle se résume à assurer l’action de “ veille ”. Avec, en prime, des laboratoires appropriés pour confirmer ou infirmer les cas répertoriés. Et un stock de vaccins et de médicaments suffisants pour la prévention et la prise en charge des malades déclarés. Ces derniers bénéficiant, dans ce cas, de la gratuité des soins dans toutes les formations sanitaires publiques.

D’autre part, il est question d’un engagement ferme et résolu des autorités et de la société civile à jouer leur partition. Il leur revient alors d’assurer la sensibilisation des populations à l’assainissement de leur cadre de vie et à l’abandon de pratiques traditionnelles et modernes qui participent à la propagation de la maladie (voir encadré Actions et responsabilités). Pour l’heure, rappelons-le, c’est officiellement à Aboisso, Abobo (Sagbé notamment) et à Duékoué que le choléra a élu domicile. Mais il n’est pas exclu que, si tout le monde ne se met pas en ordre de bataille, d’autres villes et départements soient obligés de “ l’accueillir ”.

Actions et responsabilités

Certes, on est loin des 6000 décès enregistrés l’année dernière au cours de l’épidémie de choléra. Faut-il pour autant se taire face aux risques d’une autre série de décès, si des mesures appropriées ne sont pas prises. Parce qu’en matière d’épidémie, avoir franchi le cap des 6 premiers mois de l’année n’est pas une garantie. La preuve, pour le seul mois de juin 2002, 46 cas ont été recensés avec des cas suspectés dont les résultats qui sortiront ces jours-ci des laboratoires situeront les autorités médicales et les populations d’où ils proviennent. C’est dire qu’en un laps de temps très court l’épidémie peut se propager et atteindre des proportions importantes. Des actions doivent donc être menées et les responsabilités des uns et des autres doivent être engagées en complément de celle que coordonne déjà le comité national de vigilance.

Ainsi, au niveau des autorités tant municipales que gouvernementales, la sensibilisation des populations quant aux conséquences des pratiques traditionnelles qui concourent à la propagation de la maladie telles les pratiques funéraires qui favorisent le contact prolongé des personnes valides avec les corps des personnes décédées du choléra. A côté de cela, il y a la non application des mesures arrêtées par les autorités étatiques tel l’arrêté pris en 2001 pour interdire la commercialisation des sachets d’eau et autres jus. Sachets d’eau et de jus qui subissent des manipulations excessives au moment de leur préparation. Ainsi qu’au cours de leur commercialisation. L’évacuation mal assurée des eaux usées, l’inexistence de latrines et de fosses septiques appropriées, la multiplication des quartiers précaires et spontanés, etc. sont des chantiers à prendre à bras le corps par les maries et désormais, les conseils départementaux. Ici, la décentralisation doit vite faire son effet pour le mieux-être des populations.

Maladies hydriques

En ces temps de pluies, les maladies hydriques (dont le développement est lié à l’eau) sont une véritable menace pour la santé publique. - Le choléra : infection intestinale aiguë très contagieuse due au vibrion cholérique et à sa variété El Toc (elle se traduit par des vomissements abondants et une diarrhée profuse, responsable d’une déshydratation intense et rapide qui en fait la gravité). La thérapeutique repose essentiellement sur la réhydratation et, accessoirement sur le traitement antibiotique. La prévention repose sur l’hygiène et la chimio-prophylaxie en région d’endémie. Il existe une vaccination dont l’efficacité transitoire est discutée.
- Fièvre typhoïde : maladie infectieuse (salmonellose) contagieuse et le plus souvent épidémique, due au bacille typhique, caractérisée par une température élevée, par des signes neurologiques et par de graves troubles digestifs. La contamination s’effectue par ingestion d’aliments pollués. Il existe un vaccin (T.A.B) qui a, selon les chercheurs et les médecins, fait considérablement régresser la typhoïde.
- Fièvre jaune : - Amibiases intestinales : maladie parasitaire provoquée par l’amibe dysentérique et qui affecte principalement l’intestin mais qui peut également provoquer des lésions touchant d’autres viscères (foies, abcès hépatique, poumon, cerveau). JOSETTE BARRY

Lire l'article original : www.fratmat.co.ci/story.asp?ID=12071

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