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Santé sexuelle et maternité : La direction de la santé de la famille à la tête du combat - sidwaya - Burkina Faso - 16/07/02

Elle sont encore nombreuses à mourir en donnant naissance. Les maternités profuses rapprochées, tardives et précoces expliquent en partie cette situation. Les risques s'accentuent avec le surmenage physique, la malnutrition. Le hic est que les services de santé, s'ils ne sont pas existants, sont peu utilisés par les femmes. Nous avons cherché à savoir davantage sur la politique du gouvernement en la matière en rencontrant la directrice de la santé de la famille, Dr S. Ghislaine Conombo.

Sidwaya : Quelles sont les attributions de la direction de la santé de la famille ?

Dr S. Ghislaine Conombo : La Direction de la santé de la famille (DSF) est une direction technique du ministère de la Santé. Elle est chargée de la conception, de la planification des programmes relatifs à la santé de la mère, de la femme, de l'homme, de l'enfant, de l'adolescent et des personnes âgées. En somme, nous sommes chargée de planifier, de concevoir, de suivre et coordonner toutes ces activités au niveau national ... Ce qui intéresse la santé de la femme, c'est le programme "maternité à moindre risque" qui comprend plusieurs volets : planification familiale de la prévention, transmission du VIH de la mère à l'enfant, services à base communautaire. Nous avons des activités en relation avec le ministère de l'Action sociale et de la Solidarité nationale telle que la lutte contre la pratique de l'excision. Nous avons d'autres activités en ce qui concerne la santé maternelle et infantile, la consultation prénatale, le suivi postnatal des femmes accouchées.

Sidwaya : La mortalité maternelle est très élevée au Burkina, comment vous attaquez-vous à ce problème ?

Dr S. Ghislaine Conombo : La mortalité maternelle est pour nous un défi à relever. Depuis les années 1980, nous avons une mortalité maternelle de l'ordre de 566 pour 100 000 naissances vivantes. Selon l'enquête démographique et de santé (EDS) de 1998 - 1999, le chiffre est en baisse. Il est de 484 pour 100 000 naissances vivantes. Cela reste toujours un problème majeur pour les femmes en milieu rural. C'est pourquoi nous aurons dans le volet "maternité à moindre risque pour réduire la mortalité maternelle", à mettre l'accent sur les soins obstétricaux d'urgence. La plupart des problèmes surviennent au moment du travail et de l'accouchement... Pendant la grossesse, les femmes à risque sont dépistées et elles sont envoyées pour accoucher là où la prise en charge est meilleure. On ne peut pas prévoir les complications qui peuvent survenir pendant le travail et à l'accouchement. Donc, les soins obstétricaux d'urgence visent à pallier ces cas de figure. Ainsi pour une femme qui présente une hémorragie ou pour une autre où le travail est bloqué, nous avons au niveau périphérique, des centres hospitaliers avec antenne chirurgicale pour prendre rapidement en charge ces cas et éviter les longs trajets d'évacuation jusqu'à Ouagadougou. Nous avons développé des kits obstétricaux d'urgence qui sont composés du nécessaire pour que la femme puisse subir la césarienne à moindre coût. Nous avons initié également les ambulances villageoises pour permettre le transport des femmes depuis la communauté de base jusqu'à la formation sanitaire. Et à ces centres, une personne compétente prend en charge la femme en travail si le plateau technique le permet ; dans le cas contraire la patiente est référée à un niveau supérieur... Toutes ces précautions visent à réduire la mortalité maternelle... Et si la maman meurt, c'est sûr que le bébé ne connaîtra pas un avenir meilleur.

Sidwaya : Il y a de nombreux acteurs sur le terrain dans la prise en charge de la santé des femmes, comment se fait la coordination ?

Dr S. Ghislaine Conombo : La coordination est le point faible de notre structure... Nous avons mis en place quelques cadres de concertation pour mieux coordonner les activités. Si l'on se base sur l'organisation du système de santé, depuis le centre de santé, les formations sanitaires sont gérées par une équipe cadre de district. Tous les partenaires qui interviennent (y compris la santé des femmes) se retrouvent dans le Conseil de santé du district. Ce sont des réunions trimestrielles au niveau du district. Au niveau régional, il y a le comité technique régional qui passe en revue les activités menées et les problèmes rencontrés pour trouver d'éventuelles solutions. Toutes les informations vont de la base vers le sommet. Chaque trimestre, nous tenons une réunion avec tous les partenaires pour le bilan des activités et ensemble, nous trouvons les approches de solutions aux difficultés. C'est aussi un cadre d'échange d'expériences dans le souci d'un enrichissement réciproque... Ce n'est pas exhaustif. Il n'y en a peut-être qui ne sont pas notifiés. C'est une bataille pour nous pour couvrir les zones non-bénéficiaires...

Sidwaya : De façon spécifique en ce qui concerne les messages sur la planification familiale ?

Dr S. Ghislaine Conombo : La PF est un vieux programme des années 80. Nous travaillons sur ce sujet avec le ministère chargé de l'Action sociale. Celui-ci s'occupe du volet sensibilisation, notamment en IEC (Information-Education-Communication). Les messages sont conçus par un groupe multisectoriel. Au ministère de la Santé, le CENESA (Centre national d'éducation pour la santé) élabore des messages... Nous avons un bureau IEC qui élabore les messages. Ceux-ci sont prétestés sur le terrain pour les adapter au contexte. Ils sont ensuite mis sous forme de dépliants, d'affiches, de spots publicitaires... Les messages peuvent aussi être élaborés sur le plan local, les adapter au contexte pour qu'ils puissent passer et être acceptés par la population.

Sidwaya : Les efforts physiques contribuent à détériorer la santé des femmes, est-ce que vous contribuez à y remédier ? Un programme ?

Dr S. Ghislaine Conombo : Nous n'avons pas un programme propre dans ce sens mais travaillons avec le ministère de la Promotion de la femme qui œuvre à alléger le travail des femmes à travers les activités rénumératrices. Cela pour permettre aux femmes d'avoir un pouvoir économique plus élevé afin de faire face à la santé de leurs enfants et de leur famille. Dans le volet élaboration des programmes, ces aspects sont ressortis mais référés au MPF pour la mise en œuvre des activités. Sur le terrain, il y a des partenaires de la santé qui œuvrent dans les districts et dans les formations sanitaires et qui mobilisent les femmes en groupements pour trouver les voies et moyens pour alléger leurs tâches pendant la grossesse. Je peux citer l'exemple de Koupèla où au sein de la communauté, on arrive à identifier les problèmes néfastes à la santé de la femme et trouver les solutions pour alléger la charge des femmes enceintes.

Sidwaya : Comment les hommes participent-ils à la promotion de la santé des femmes ?

Dr S. Ghislaine Conombo : Ce volet est le parent pauvre de nos attributions. Tous les programmes développés sont axés sur la femme et l'enfant. Il y a une faiblesse. En dehors du programme "personnes âgées" pour la résolution de leurs problèmes de santé, la participation des hommes ne se fait pas voir en tant que telle. Mais chaque fois que nous avons l'occasion de rencontrer la communauté, nous insistons pour faire des focus : groupes des hommes pour les sensibiliser davantage. Nous sommes convaincue que si les indicateurs restent bas, c'est parce que les hommes ne sont pas impliqués dans les différents programmes. Nous en faisons un défi. Dans le futur, nous allons voir comment développer un programme pour une meilleure participation des hommes. Propos recueillis par Marceline ILBOUDO

Lire l'article original : www.sidwaya.bf/sid16_07_02_/société_6.htm

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