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L'actualité de la santé en Afrique

Accès aux soins de santé et à moindre coût : Les polycliniques locales, une alternative aux Centres de santé - Le Sud - Sénégal - 06/07/2004

La qualité et l'accès aux soins en milieu urbain, le comportement des personnels de santé, l'insuffisance dans la qualité des prestations de ces derniers, les difficultés des populations urbaines dans l'accès aux soins se reflètent dans l'enquête réalisée à la fin des années 90, sur cinq capitales Ouest-africaines, dont Dakar, à l'initiative de l'Unicef et de la Coopération française.

Face à cette situation préoccupante, au moment où la situation sanitaire des populations est des plus précaires et les besoins de plus en plus importants, la Coopération française, en accord avec le ministère de la Santé, a décidé de faire une action pilote pour soulager ces populations. Cela a donné naissance au "Projet santé urbaine", basé à Dakar.
Etre en bonne santé et le rester est devenu un souci au Sénégal. Se faire soigner est devenu un casse-tête. L'environnement dans lequel vivent la plupart des Sénégalais n'est pas propice à la prévention des maladies. Lorsque la maladie se déclare, les soins sont bien souvent inaccessibles. Soit qu'ils sont trop chers, soit qu'ils sont une denrée rare à conquérir péniblement. Si les cliniques essaiment, fournissant un service à une clientèle nantie pouvant payer beaucoup et immédiatement, le défi de structure offrant un service de santé démocratisé et de qualité reste à relever. Pourtant, l'accès aux soins de santé de base est un droit reconnu par l'Etat du Sénégal par la Constitution, en son article 8.
Des efforts et des tentatives ont été faits sur le terrain. Avec le temps, une évaluation s'impose et certains tentent de rajuster le tir. Trouver des solutions alternatives, qui associe et implique les populations concernées.
La ville de Guédiawaye qui se singularise par un taux de couverture médicale peu satisfaisant a été retenue pour le démarrage d'un projet. Il s'agit de relever le pari d'une alternative aux centres de santé. Le ministère de la Santé, en collaboration avec la Coopération française et l'Ong Action et développement (Acdev) sont les maîtres d'œuvre de cette initiative.
Ainsi est née la Polyclinique de Golf Sud, première expérience pilote au Sénégal. Il s'agit d'un Centre de santé dont la gestion a été confiée aux populations des différents quartiers de Golf Sud. Cette structure privée est à but lucratif et aura pour mission de servir le public. Contrairement à ce qui se fait traditionnellement, elle ne fonctionne pas sur la base d'un Comité de santé. En effet, le Centre de santé est géré par un Conseil d'administration mis en place par les populations elles-mêmes à travers le mouvement associatif. Le Conseil d'administration a les pleins pouvoirs pour recruter le personnel médical. A ce titre, il veille à l'application scrupuleuse du règlement intérieur.
Ce choix explique Dr Jean Jacques Kuss, conseiller technique au ministère de la Santé, de l'Hygiène et de la Prévention, a été fait de manière consensuelle avec le médecin chef de la Région et l'ensemble des médecins-chefs de district de la région médicale. Les populations des zones de Hamo 3, Cité des Enseignants, le lotissement de la Station 10 du Golf Club, éventuellement le complexe immobilier de la Cse, Atépa, Cité Douanes, Fith Mith devraient ainsi avoir un accès facile aux soins de santé.

Une expérience médicale déjà tentée en Côte d'Ivoire et au Mali

De l'avis du coordonnateur de l'Acdev, Dr Cheikh Tidiane Athie, qui a déjà mis sur pied trois polycliniques avec d'autres partenaires dans le département de Pikine, Malika et Guinguinéo, cette nouvelle structure de santé créée par le ministère de la Santé et la Coopération française sera une alternative dans le domaine médical. Il poursuit que cette innovation pourra régler le problème de santé au Sénégal. Il a tenu aussi à souligner que c'est une première expérience au Sénégal mais d'autres pays ont tenté cette initiative notamment la Côte d'Ivoire et le Mali. Il rappelle aussi que si la structure marche, elle pourra s'étendre sur toute l'étendue du territoire national.
Pour cette nouvelle structure de santé créée, le malade est reçu par un médecin ou un dentiste avec des coûts abordables contrairement au poste de santé. L'accent est surtout mis sur la qualité des soins.
A la question de savoir si ce projet n'est pas révélateur d'un désengagement de l'Etat, Dr Kuss réfute et explique que l'Etat donne de plus en plus de pouvoir à la population et d'ajouter que c'est l'aboutissement de la démocratie au niveau sanitaire. Il affirme aussi que le projet va s'inspirer des procédures du ministère de la santé publique en ce qui concerne le programme de lutte contre le paludisme, la formation du personnel, etc...
Pour financer ce projet, une enveloppe de 60 millions a été dégagée par la coopération française qui recouvre l'équipement de la Polyclinique, la rénovation des locaux, et le salaire pour la première année du corps administratif et médical.

Propager le modèle ?

Le maire de la ville de Guédiawaye joint au téléphone a manifesté son adhésion à ce projet et expliqué que la mairie a accepté de prendre en charge les locaux de la future polyclinique communautaire. Il s'est également réjoui de l'installation du cabinet dentaire sachant qu'il a été le gros problème de la ville de Guédiawaye.
Pourtant, les initiateurs du projet, demeurent prudents et ne veulent pas encore divulguer cette expérience. Alors l'expérience demeure méconnue du public. Ils disent patienter pour voir comment cela va se passer dans le contexte sénégalais. Actuellement ils en sont à ce que les gestionnaires de projets appellent "la recherche-action". Ce n'est "pas une révolution culturelle", a laissé entendre le conseiller français.
Et avec ce projet de santé urbaine, il y a un certain nombre d'actions pour améliorer l'accès financier aux soins, notamment en ce qui concerne les accouchements, les césariennes. S'y ajoutent également des actions pour équiper les centres de santé. De même qu'offrir des services de qualité en ce qui concerne à la fois l'accueil et les soins aux populations bénéficiaires.
De l'avis de certaines personnes interrogées sur l'installation de cette Polyclinique, ils feront remarquer que c'est une excellente chose de créer cette idée révolutionnaire qui doit s'étendre sur l'ensemble du territoire contrairement au poste de santé dont le personnel n'est pas tout à fait qualifié.
Le ticket de consultation, à la portée de tout le monde, fixé à 1000 F a été également salué par différentes zones.
D'après Abdoulaye Sy, habitant à la cité des Nations-Unies, auparavant les populations étaient obligées de recevoir leurs soins dentaires à l'hôpital Aristide Le Dantec ou à Nabil Choucaire, avec des rendez-vous éloignés dans le temps. Actuellement avec l'installation de ce cabinet dentaire ultra moderne avec un dentiste qualifié, les habitants de ces localités devraient maintenant avoir accès à des soins de meilleure qualité et à moindre coût.

Un progrès noté dès le départ

Avant d'en arriver là, les initiateurs du projet avaient réalisé une enquête de terrain pour identifier les besoins des populations en matière de santé. Il s'agissait de mesurer la qualité de l'accès aux soins de santé en milieu urbain, le comportement du personnel de santé, l'insuffisance dans la qualité de ces prestations, les difficultés des populations urbaines dans l'accès aux soins et les insuffisances dans l'organisation des systèmes de santé dans la zone urbaine. Cette enquête a été réalisée en 1990.
A noter que dans d'autres pays, ce projet a réussi, avec des fortunes diverses. En Côte d'Ivoire, il y a eu un bilan assez positif notamment en terme de qualité de soins. Au Mali, il y a eu des succès et des échecs. Au Sénégal, le succès dépendra de la gestion quotidienne, précise le Dr Kuss avant d'ajouter que, dans l'ensemble, il y a, dès le départ, un progrès noté par rapport à ce qui se faisait avant.

Le droit à la santé

Dans les années 40, les Nations Unies ont qualifié la santé de droit humain élémentaire. La conférence internationale sur les soins de santé primaire d'Alma Ata en 1978 s'est donnée pour objectif d'arriver à la "santé pour tous dans l'année 2000".
Dans la déclaration d'Alma Ata la santé "n'est pas simplement l'absence de maladie, mais plutôt un état de bien-être physique, mental et social total". Le droit à la santé implique que chacun puisse bénéficier d'un mode de vie qui lui permet d'avoir une vie saine avec accès à des soins préventifs et traitements curatifs appropriés si nécessaire.

L'esprit d'Alma Ata

Cependant, l'année 2000 a passé et alors que d'importants progrès ont été réalisés en médecine lors des 30 dernières années, l'objectif "santé pour tous" reste un rêve pour la plupart des gens du Sud et certaines catégories de la population dans les pays industrialisés. Globalement, l'espérance de vie a augmenté de 48 années en 1955 à 66 années en 1998, mais dans nombreux pays en voie de développement, elle est en dessous de 45, et dans certains cas elle est en train de baisser. Chaque jour, 37 000 personnes meurent de maladies comme le SIDA, la malaria et la tuberculose. La plupart de ces décès ont lieu dans les pays en voie de développement où beaucoup de médicaments pouvant sauver la vie sont inaccessibles.
Les participants d'Alma Ata ont recommandé une nouvelle approche (soins de santé primaires) comme meilleur moyen pour fournir des soins de santé de base. Cette approche, qui met l'accent sur la participation de la communauté et l'usage des ressources locales, souligne l'importance de l'éducation sur la santé, de l'hygiène, de l'alimentation, des soins maternelles, du planning familial, des programmes de vaccination et de l'accès aux soins de santé locaux à des prix abordables comme facteurs pour assurer le maintien de la santé.
Il a été démontré que cette approche est plus efficace que des campagnes qui ne sont pas ancrées dans la population locale. Alors pourquoi les soins de santé primaire ont-ils échoué ? Une série de développements, nationaux et internationaux, y ont contribué. L'énorme clivage dans la distribution globale de la richesse est évidemment un obstacle important au droit à la santé pour tous. Cela ne signifie cependant pas qu'une bonne santé ne soit possible que dans les pays riches. C'est également une question de priorité politique. Ainsi, en assurant une distribution équitable des ressources, des services de santé gratuits et une alimentation adéquate pour tous et en donnant priorité à l'éducation, l'Etat indien de Kerala a atteint par exemple des taux de survie infantile et d'espérance de vie similaires à ceux des pays riches.
Depuis les années 80, des politiques structurelles d'adaptation imposées à des pays endettés du Sud auprès de la Banque mondiale et du FMI en retour aux prêts, ont conduit à des restrictions massives en matière de dépenses pour la santé. Les services de santé ont dû être "cost effective". Le résultat : les pauvres ne sont plus capables de se payer les traitements dont ils ont besoin, les niveaux de santé baissent et la mortalité infantile augmente. La situation s'est aggravée avec l'introduction des accords sur les aspects commerciaux des droits de propriété (TRIPS), qui ont encore renforcé le contrôle des compagnies pharmaceutiques multinationales sur le marché des médicaments.

Dossier réalisé par Cheikh Tidiane MBENGUE

Lire l'article original : http://www.sudonline.sn/archives/05072004.htm


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