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cameroon-info.net - 3 Août 2001
L'Etat veut s'attaquer à la vente illicite des produits pharmaceutiques.

Un atelier d'élaboration du plan national de lutte contre la vente illicite des produits pharmaceutiques s'achève ce vendredi 03 août 2001 à Yaoundé.
Il est question de renforcer le cadre législatif et réglementaire...

Yaoundé, le 3 Août 2001 : L'atelier qui prend fin ce vendredi au palais des congrès regroupe depuis deux jours les différentes composantes de la santé publique.
On y retrouve les membres de l'ordre et du syndicat des pharmaciens, les représentants de l'ordre des médecins, des chirurgiens-dentistes, les professionnels médico-sanitaires, les responsables des ministères de l'administration territoriale et de la défense.
Globalement, la réflexion porte sur l'éradication de la vente illicite des médicaments sur le trottoir.
Pour ce faire -et le ministre de la santé publique, M. Urbain OLANGUENA AWONO, l'a précisé- il faut réfléchir sur la possibilité d'améliorer la disponibilité et l'accessibilité des médicaments essentiels, d'empêcher l'importation non contrôlée des produits pharmaceutiques et de renforcer le cadre législatif et réglementaire.

D'après la fiche technique de cet atelier, "le circuit informel de vente de produits pharmaceutiques représente, depuis le début des années 90, 20 à 25% du marché du médicament au Cameroun.
Les produits proposés sont généralement des médicaments de contrefaçon manipulés dans des conditions inappropriées; ce qui entraîne leur dénaturation avec formation soit des dérivés toxiques, soit des produits inactifs".

Dans les grandes villes: Yaoundé, Douala, Bertoua, Bafoussam, Buéa, Bamenda ou Ebolowa, une étude menée par la direction de la statistique et de la comptabilité nationale du ministère de l'économie et des finances, en octobre 1999, révèle que 45% des médicaments vendus au bord de la rue proviennent du Nigéria, 15% de certains grands laboratoires pharmaceutiques, 11% des échantillons médicaux gratuits et 29% d'autres sources non identifiées.
A cette étude authentifiée par les" vendeurs ambulants" au marché central de Yaoundé, M. Eugène KAMDEM ajoute ce qu'il appelle "l'action complice de certains responsables des officines et des pharmacies qui très régulièrement alimentent les points de vente à l'approche de l'expiration des délais de péremption des produits".

Et le risque de vendre des produits avariés ?
"Ce risque -rétorque-t-il- n'est pas très élevé. De nombreuses personnes consomment quotidiennement nos produits et trouvent satisfaction en recouvrant leur santé. Le nombre d'accidents est tout à fait minime voire négligeable. Nous pensons que l'administration doit nous considérer comme des partenaires valables et non comme des imposteurs".

Du côté des clients des "pharmacies du poteau", l'on explique la ruée observée autour des points de vente par la faiblesse du pouvoir d'achat des ménages.
Mme Cathérine NGUENA, secrétaire de direction dans une entreprise de la place, a souvent eu recours aux médicaments vendus sur le trottoir.
Pour elle,"ce sont des médicaments de bonne qualité que les pharmacies font écouler par le secteur informel pour échapper à toute contribution fiscale et réaliser des bénéfices au-delà des attentes. En tout cas -martelle-t-elle, la connivence entre les médecins et les pharmaciens est terminée. Les patients savent maintenant sur quel pas danser lorsqu'ils reçoivent une longue ordonnance dont l'achat des médicaments nécessite des sommes d'argent importantes".

Du point de vue des pouvoirs publics,"la vente des produits pharmaceutiques en dehors des structures agréées par le ministère de la santé publique est une activité dangereuse. C'est un grave problème de santé publique ayant causé d'énormes dommages allant parfois jusqu'à des pertes en vies humaines. Cette activité compromet la réalisation de certains objectifs fondamentaux de notre politique nationale de santé".

Après la phase de sensibilisation du grand public, il est question maintenant de réorienter les stratégies jusque là utilisées.
On envisage des saisies-destructions en appui à cette opération de réorientation.
Le plan national de lutte en cours d'élaboration compte prendre en considération toutes ces données.
Peut-être qu'il faudrait aussi considérer les intérêts des opérateurs économiques qui tirent les ficelles dans l'ombre. Séverin ALEGA MBELE

Lire l'article original : www.cameroon-info.net/archives-res.phtml#

Interview du Dr Denis Ekotto Mengatta, Président de la Commission Nationale du Médicament au Cameroun
"...La vente des médicaments sur la voie publique relève de la mauvaise foi de certains camerounais..."

Yaoundé, le 3 Août 2001 : La rédaction de Cameroon-Info.Net l'a rencontré au palais des congrès dans le cadre de l'atelier sur la lutte contre la vente illicite des produits pharmaceutiques.

Cameroon-Info.Net: Quelle est la situation actuelle de la vente des médicaments dans notre pays ?
Dr Denis EKOTTO M.: Je juge cette situation grave étant donné qu'au Cameroun, vous trouvez des médicaments sur le trottoir alors qu'ils devraient se trouver entre les mains des professionnels.
Il est donné de constater que les non pharmaciens se sont accaparés des médicaments dans le seul but du mercantilisme et c'est là où le bât blesse. On a essayé depuis l'année dernière de passer par la sensibilisation c'est à dire attirer l'attention des populations sur le danger du médicament que l'on trouve sur le trottoir.
A mon humble avis, cette période est dépassée. On ne doit pas passer le temps à sensibiliser des adultes.
Etant donné que le problème de la vente des médicaments relève de la mauvaise foi de certains camerounais qui veulent s'enrichir sur le dos des malades, l'Etat a le devoir d'appliquer la loi.
Je veux dire que celui qui vend le médicament et qui n'est pas un professionnel doit être sanctionné.
Il n'y a pas trente solutions.
Cameroon-Info.Net: Une certaine opinion pense que les personnels de la santé sont eux-mêmes responsables de cette vente illicite. Qu'en dites-vous ?
Dr Denis EKOTTO M.: Vous savez dans toute société, il y a des brebis galeuses. Nous ne pouvons pas nier le fait que des confrères ont déversé et continuent de déverser des produits sur le marché.
J'englobe tout cela sous le nom de crise morale, de non respect de la personne humaine.
Cameroon-Info.Net: Que fait la commission nationale des médicaments dans cet imbroglio ?
Dr Denis EKOTTO M.: La commission que je dirige s'occupe d'homologuer c'est à dire de donner l'autorisation aux laboratoires de vendre des médicaments au Cameroun.
Nous avons sept sous-commissions spécialisées et techniques qui fonctionnent.
Elles s'occupent de l'examen des dossiers, s'assurent de la qualité des produits que l'on présente et dressent un rapport sur la base duquel la commission nationale joue son rôle.
Séverin ALEGA MBELE

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