Ouagadougou abrite ce matin
deux rencontres d'envergure sur la méningite. La première
est une réunion technique de consultation sur la stratégie
de l'OMS de lutte contre les épidémies à méningocoque
en Afrique et la deuxième est en fait une réunion
statutaire. Il s'agit de la VII réunion du Groupe international
de coordination pour l'approvisionnement en vaccin anti-méningoccocique.
Les deux rencontres concourent au même but : "traquer"
la méningite qui fait chaque année des milliers de
morts en Afrique de l'Ouest.
Organisées sous l'égide de l'OMS et du ministère
de la Santé du Burkina, ces concertations regroupent les
praticiens et partenaires de la santé des pays situés
sur la ceinture méningitique (Burkina Faso, Niger, Mali,
Ethiopie, Ghana). La centaine de participants conviés à
la réunion technique de consultation vont dans un premier
temps faire le bilan de la saison épidémique de la
méningite à méningocoque 2001-2002 et échanger
sur les expériences vécues dans la lutte contre cette
maladie. Il sera également question de la surveillance de
la méningite à méningocoque en Afrique, du
renforcement des capacités de laboratoires pour la confirmation
du diagnostic de la méningite, du projet de vaccin et de
la stratégie de l'OMS pour lutter contre la maladie.
Les 25 et 26 septembre, place sera faite au Groupe international
de coordination (GIC) pour aborder le volet approvisionnement en
vaccin anti-méningoccocique. Chacun des pays devra présenter
un rapport sur l'accès aux stocks de vaccins du GIC. Des
communications seront présentées aux participants
sur la disponibilité du vaccin, du chloramphénicol
huileux, du matériel à injection et la mise à
jour sur le projet du développement du vaccin conjugué.
Les organisateurs des deux rencontres de Ouagadougou sur la méningite
ne veulent occulter aucun paramètre dans la stratégie
de lutte. Le Burkina, en abritant ces concertations a pris la mesure
des conséquences de l'épidémie la saison passée.
L'ampleur du phénomène a ébranlé les
systèmes mis en place. Il ne veut plus se laisser surprendre.
Le Burkina veut se mettre à l'abri
En 2001, le Burkina a enregistré près de 13 000 cas
de méningite et compté près de 1 500 décès.
Depuis une décennie, le pays connaît annuellement des
épidémies de méningite causées par les
germes à méningocoque de type A et C. L'année
dernière, un nouveau germe, le W 135 a été
prédominant (64,80%) dans les cas recensés. Le germe
très redouté a causé de nombreux décès.
l'ampleur de l'épidémie a mis à nu la précarité
des infrastructures sanitaires à Ouagadougou. Les images
des malades sous des salles d'hospitalisation de fortune (les tentes)
restent gravées dans les mémoires. Pour éviter
que cela ne se répète, le ministère de la Santé
a pris le taureau par les cornes. Il va mettre en place un plan
opérationnel de lutte contre les épidémies.
Ce plan a inscrit en bonne place la prévention par l'information
et la sensibilisation et par la vaccination. Les maladies épidémiques
ciblées étant la méningite, le choléra,
la fièvre jaune et la rougeole. En ce qui concerne la prise
en charge, les prestataires de service de la santé seront
formés sur les protocoles de traitement à administrer.
Des dispositions seront examinées pour le rabaissement des
coûts des vaccins. Pour la méningite, la volonté
est de ramener le coût de la dose à 1$.
Chacun des acteurs devra se sentir concerné. La volonté
politique doit être soutenue par la société
civile. Au Burkina, où la majorité est analphabète
et où les pesanteurs socioculturelles persistent, il importe
que les leaders d'opinion (chefs religieux et coutumiers) soient
associés à la lutte. La pauvreté à elle
seule ne peut expliquer la faiblesse des fréquentations des
centres de santé. Une population attachée fortement
aux traditions ancestrales, couverte par des superstitions a besoin
d'une éducation sanitaire appropriée.
L'argent étant le nerf de la guerre, le gouvernement devrait
conformément aux recommandations de l'OMS, soutenir toutes
les actions à travers le Fonds national de lutte contre les
épidémies (FONALEP). La disponibilité financière
permettra d'agir en cas d'urgence comme c'est souvent le cas pour
la méningite.
Marceline ILBOUDO
Lire
l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidawaya_quotidiens/sid2002_09_23/sidwaya.htm
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