A travers une interview accordée au journal Observateur, Dr Didier
Mukendi, médecin-directeur dudit hôpital, expose les difficultés
auxquelles se trouve confronté cet hôpital qui jadis était un bijou
et faisait la fierté de la contrée. Aussi paradoxal que cela puisse
paraître, cet hôpital manque de tout ce qui doit faire de lui un
réel hôpital ; manque d'eau, d'électricité, de médicaments… La nuit
les opérations se font à l'aide des lampes-tempêtes.
Autrefois, un bijou qui faisait l'honneur de la ville de Tshikapa
dans la province du Kasaï-Occidental, l'Hôpital général de Tshikapa
présente aujourd'hui l'image d'un parent pauvre. Il fait face à
plusieurs problèmes dont le manque d'eau, de médicaments, d'électricité
etc. Par manque d'électricité, les opérations se font avec une lampe
torche ou tempête. Lors de notre dernier séjour dans cette ville,
le médecin directeur de cet hôpital, Dr. Didier Mukendi nous a accordé
une interview dans son bureau de travail. Dans cet entretien, il
relève les difficultés multiples que rencontre l'hôpital tout en
lançant un appel aux organismes et hommes de bonne volonté afin
qu'ils soutiennent cette institution médicale qui se meurt. Lisez
plutôt l'intégralité de cet entretien
L'Observateur : Docteur, à quand remonte la
création de cet hôpital et quels sont les différents services qu'il
comprend ?
Dr. Didier Mukendi : C'est un vieil
hôpital qui appartenait à la société belge Forminière qui exploitait
le diamant. Il a été construit depuis 1930. Après la Forminière,
c'est l'Eglise Mennonite qui a assuré la gestion de l'hôpital avec
la convention du Gouvernement Congolais. L'hôpital comprend, en
dehors du service administratif, la maternité, la pédiatrie, la
chirurgie, la médecine interne et tout récemment nous venons d'installer
le service d'ophtalmologie. Nous avons aussi un Centre hospitalier
de transfusion sanguine pour la ville de Tshikapa.
L'Observateur : S'agissant de la situation des
femmes et des enfants comment se présente-t-elle ?
Dr. Didier Mukendi : Le service
de la maternité étant jeune, nous enregistrons en moyenne 60 accouchements
par mois, le taux de mortalité maternelle est inférieur à 5 %. En
ce qui concerne les enfants, ils sont touches par plusieurs maladies
dont les principales sont le paludisme, les (infections respiratoires
aiguës) Ira en sigle, la diarrhée, la malnutrition, la rougeole,
la tuberculose sans oublier le sida. Il y a des enfants qui ont
perdu leurs parents à cause du sida malheureusement, il n'y a pas
de structures d'encadrement pour eux.
L'Observateur : En ce qui concerne la prise
en charge du sida, l'hôpital dispense-t-il le traitement anti-rétroviral
?
Dr. Didier Mukendi : Non, nous
n'avons pas encore introduit ce traitement au niveau du Kasaï-Occidental.
Lorsque cela sera fait au niveau du chef lieu Kananga, je pense
que notre structure sera retenue pour dispenser ce traitement. Mais
jusqu'aujourd'hui nous n'avons pas connu des visites de prospection
pour ce traitement.
L'Observateur : Vous êtes médecin-directeur
depuis 3 ans dans cette institution médicale, quelles sont les difficultés
que vous rencontrez ?
Dr. Didier Mukendi : L'Hôpital
général de Tshikapa na pas des bâtiments administratifs depuis qu'ils
ont été incendiés suite à une défaillance élémentaire en décembre
1989. L'hôpital n'a pas d'eau. Nous sommes obligés d'acheter chaque
jour de l'eau et le bassin revient à 100 Fc. Cette eau nous permet
de nettoyer les salles, les matériels, les habits. Les malades se
débrouillent à leur tour pour s'approvisionner en eau. Une autre
difficulté de taille que l'hôpital affronte est celle de manque
d'électricité. Il n'y a pas de courant à cause de la rupture au
niveau de la centrale. En plus, l'hôpital n'a pas un groupe électrogène.
L'antenne PEV qui est locataire de l'hôpital dispose de cet appareil
malheureusement il n'a pas encore reçu des fonds pour son installation.
L'Observateur : Comment procédez-vous pour les
opérations qui interviennent la nuit ?
Dr. Didier Mukendi : Dans ce cas,
nous recourons aux lampes torches ou tempête. C'est difficile, mais
nous nous adaptons à la situation. Malgré qu'il n'y a pas d'électricité,
nous opérons toujours les patients pour sauver la vie. Il n'y a
pas de choix.
L'Observateur : En attendant l'aide du gouvernent
s'il y en aura, que faites pour résoudre tous ces multiples problèmes
?
Dr. Didier Mukendi : Oui, l'Unicef
nous avait assisté en nous dotant d'un Kit de matériel de chirurgie
que nous utilisons jusqu'aujourd'hui. Actuellement, avec tout ce
que nous avons reçu comme formation à l'Ecole de santé publique,
j'ai beaucoup de projets que je compte proposer au Comité de gestion
de l'hôpital avant de le présenter aux partenaires. Aussi, je dirai
que le ministère de la Santé qui est notre gestionnaire connaît
toutes nos difficultés à travers l'Inspection provinciale. Toutefois,
je lancerai un appel aux hommes de bonne volonté de venir en aide
à l'hôpital qui se meurt. Je salue le gouvernement qui a signé un
accord avec la Banque mondiale qui a accordé un fonds géré par le
BCeCo. Notre hôpital a, de ce fait, été retenu comme une structure
que le Pmurr va appuyer. Cela est encourageant. Néanmoins, nous
continuerons à nous débattre pour qu'en dehors du Pmurr que les
autres partenaires nous volent au secours même de façon ponctuelle.
Blandine Lusimana | L'Observateur
Lire l'article original : http://www.digitalcongo.net/fullstory.php?id=28723
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