On s'imagine que l'arthrite touche uniquement les personnes âgées.
C'est faux, tout le monde peut en souffrir, les bébés comme les
personnes dans la fleur de l'âge. Deux formes d'arthrite se manifestent
particulièrement chez ces derniers : le lupus érythémateux aigu
disséminé et la spondylarthrite ankylosante. Elles ne se guérissent
pas.
En 1995, Ndèye Fatou Tounkara, 13 ans, débordait de joie de vivre
et s'adonnait à de nombreuses activités de plein air. Puis, du jour
au lendemain, la fatigue l'a envahie. En revenant de l'école, elle
allait se coucher au lieu de jouer avec ses copines ou de réviser
ses leçons devant l'examen d'entrée en sixième qui pointait le bout
du nez. Ses pieds lui faisaient tellement mal qu'elle éprouvait
de la difficulté à marcher.
Qu'est-ce qui minait donc cette fille d'ordinaire si active et
remplie d'énergie ? Il y avait anguille sous roche et sa mère, Fanta
Sylla, s'inquiétait. Pour avoir vu le marabout et ne pas en être
ressortie complètement satisfaite, elle décida de l'envoyer à l'hôpital.
A Le Dantec, après l'avoir examinée, le docteur l'a confiée à un
rhumatologue, un spécialiste des différentes formes d'arthrite.
Mais ce dernier n'arrivait pas à dresser un diagnostic. Trois mois
plus tard, alors que l'état de Ndèye Fatou se détériorait, elle
a eu une défaillance des reins. Voilà l'indice quasi fatal ayant
permis au médecin d'établir que Ndèye Fatou souffrait d'une forme
particulièrement cruelle d'arthrite.
En 1990, Ablaye Dione, alors âgé de 22 ans, a consulté un toubib,
car il ressentait de la douleur et de la raideur au bas du dos et
aux hanches. Après avoir été dirigé vers un rhumatologue, Laye a
été sidéré d'apprendre qu'il était atteint d'une autre forme d'arthrite.
Sans traitement précoce et agressif, les vertèbres cervicales et
dorsales peuvent se fusionner, empêchant ainsi la personne atteinte
de tourner le corps ou de se pencher.
L'arthrite est venue bousculer la vie de Ndèye Fatou Tounkara et
d'Ablaye Dione. Mais qu'est-ce donc cette maladie ?
On définit l'arthrite comme une inflammation d'une articulation.
Il en existe plus de cent formes, de la tendinite (très connue des
sportifs comme les footballeurs) et la bursite qui s'avèrent des
formes assez bénignes, à la polyarthrite rhumatoïde, une forme systémique
invalidante. Il ne faut pas oublier la fibromyalgie et des affections
liées à l'arthrite, comme le vulgaire lupsus érythémateux, qui s'attaquent
à l'organisme entier. Il y a aussi certaines formes, comme la goutte
qui gagne du terrain chez les bourgeois sénégalais, l'arthrose que
la plupart des gens croient à tort la seule forme d'arthrite.
Mais il y a pire. Par exemple, on s'imagine que l'arthrite touche
uniquement les personnes âgées. C'est faux, comme on peut le constater
avec Ndèye Fatou et Laye. Tout le monde peut en souffrir, les bébés
comme les personnes dans la fleur de l'âge. Deux formes d'arthrite
se manifestent particulièrement chez ces derniers, le lupus érythémateux
aigu disséminé et la spondylarthrite ankylosante. Le lupus apparaît
principalement chez les femmes de 15 à 45 ans lorsque le système
immunitaire qui protège l'organisme des germes, virus et bactéries
se dérègle. Il en résulte une production d'anticorps qui s'attaquent
aux tissus sains, causant l'inflammation de diverses parties du
corps. La maladie peut endommager la peau, les muscles, les articulations,
le cœur, les poumons, les reins, les vaisseaux sanguins et le système
nerveux.
Dans le cas de Ndèye Fatou, lorsque le médecin-colonel A. Ndiaye,
de la Division de la santé au ministère de tutelle, a diagnostiqué
un grave lupus, le traitement initial comprenait des doses élevées
de prednisone. Le médicament s'est avéré efficace, mais la fille
présentait de nombreux effets secondaires sérieux. Pour réduire
les doses à un palier moins risqué, le médecin devait affaiblir
son système immunitaire. Appuyée par ses parents, Ndèye Fatou a
dû suivre une chimiothérapie. Maintenant, elle mène une vie plutôt
normale et active. Depuis le diagnostic, elle consacre temps et
efforts à mieux comprendre sa maladie, à toujours essayer de surmonter
les obstacles. Une bonne alimentation, un programme d'exercice et
la prise de médicaments contribuent aussi à son succès dans la lutte
contre le lupus. Selon le docteur A. Ndiaye, pour la majorité des
formes d'arthrite, un diagnostic précoce et un traitement agressif
sont essentiels. Le but consiste à ralentir la maladie ou à provoquer
une rémission afin de retarder ou de freiner sa progression. Habitant
Sicap Fann, Jules Ndiaye a maintenant 37 ans et vit, depuis quinze
ans, avec la spondylarthrite ankylosante (Sa). La Sa est une forme
d'arthrite inflammatoire chronique touchant surtout la colonne vertébrale,
mais aussi les articulations, les tendons et les ligaments. Elle
peut entraîner des troubles oculaires et cardiaques. Trois fois
plus fréquente chez l'homme, la Sa se manifeste en général chez
les personnes âgées de 15 à 30 ans. Si on ne la traite pas vite,
elle peut causer la fusion des vertèbres ou d'autres articulations
enflammées. Il peut en résulter une perte de mobilité. Les articulations
sacro-iliaques sont les plus couramment touchées, de même que le
bas du dos, le milieu du dos et le cou. Dans le cas de Jules, les
hanches ont aussi été atteintes : "Mes problèmes ont commencé il
y a de nombreuses années. La physiothérapie m'a soulagé un certain
temps. Et l'an dernier, on m'a posé une prothèse de hanche. Je me
sens mieux qu'avant l'opération."
Chez les jeunes souffrant de Sa, la pharmacothérapie se limite
à la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ains). En plus
de soulager la douleur, les Ains aident à réduire l'inflammation
qui endommage le plus les articulations. Un programme d'exercice
constitue le secret de la réussite du traitement de longue durée
de la Sa, car il aide à conserver ou à améliorer la mobilité tout
en favorisant une bonne posture et l'amplitude thoracique. Laye,
sur conseils, a établi un horaire qu'il respecte : "Le matin, je
prends mes médicaments et je fais des exercices d'étirement. Je
fais du vélo et d'autres sports doux, après." Comme le lupus, la
Sa ne se guérit pas. Toutefois, les arthritiques doivent persévérer
dans leur effort de bien vivre avec la maladie. Nombreux sont ceux
qui se sentent impuissants et dépressifs, en plus de présenter des
symptômes physiques. Mais ils doivent faire avec. C'est la seule
issue qui s'offre à eux. Pour l'instant.
Cheikh BA
Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=4579
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