Le Centre hospitalier national de Fann (CHNF) a élaboré un ambitieux
projet d'établissement que sa direction et ses staffs (administratif,
gestionnaire, médical, paramédical) ont soumis samedi à la sanction
de la validation interne. Il y avait à cette séance cruciale pour
la vie future de cet hôpital, outre les membres du Conseil d'administration
dirigé, en l'absence de l'ancien ministre de la Santé, M. Tierno
Bâ (le président), par son vice-président, le Pr. Iba Diop Mar,
les représentants des associations de consommateurs, des directions
des ministères de la Santé et de l'Economie et des Finances, des
services hospitaliers, de l'IPRES, de l'association d'IPM, des "équipementiers"
médicaux, des directions des hôpitaux de Dakar, etc.
Tout a été passé en revue dans ce travail fastidieux qu'est un
projet d'établissement. C'est un travail difficile et l'avenir des
hôpitaux nationaux et régionaux en dépend, depuis qu'ils sont pour
la plupart devenus (ou vont devenir) des établissements publics
de santé, dotés d'une autonomie de gestion propre dans le cadre
de la loi sur la réforme hospitalière adoptée en 1998. Certains,
comme l'Hôpital Principal, l'Hôpital général de Grand-Yoff (ex CTO),
les hôpitaux de régionaux de Saint-Louis, Louga, Thiès et Kaolack
sont passés "à l'étuve" dans cette épreuve de "projection vers l'avenir".
Pour cet avenir, le projet d'établissement requiert, tout compte
fait, 28 milliards 771 millions de FCfa sur cinq ans, entre 2004
et 2008, sur la base des recettes actuelles et des prévisions à
venir, de l'évaluation des contraintes, des diverses insuffisances
et des difficultés, mais aussi des besoins "pragmatiques" en équipements,
réhabilitation, réalisations neuves et ressources humaines.
A la lumière de la communication du directeur du CHNF, le lieutenant
colonel Daouda Diène, ce projet d'établissement attend donc, pour
le volet investissements, des appuis de l'Etat (1,191 milliard)
et des partenaires au développement (14,8 milliards) par le biais
de la "corbeille" du PDIS qui en est actuellement, rappelle-t-on,
dans sa deuxième génération, allant au terme du plan national décennal
de développement sanitaire (1998-2008).
NOUVEAUX POLES POUR L'ORL ET LA CHIRURGIE CARDIAQUE
Le CHNF "cotisera" 6,3 milliards de Fcfa sur ces recettes attendues
qui devront évoluer de 924 millions en 2004 à 1,6 milliard en 2008.
S'y ajoutera enfin, à tout cela, la subvention d'exploitation prévue
à hauteur de 6,3 milliards sur les cinq ans, pour une moyenne se
situant entre 1,2 et 1,3 milliard par an. "Ce projet va permettre
à l'Hôpital de Fann, qui polarise 2 millions d'individus et qui
se trouve dans une zone géographique très avantageuse, de trouver
un visage neuf, mais surtout une nouvelle position dans le dispositif
sanitaire de référence nationale, ainsi qu'un potentiel plus adapté
dans la contribution à la formation des nouveaux médecins, paramédicaux
et autres personnels hospitaliers", a indiqué le Lt-colonel Daouda
Diène.
L'hôpital abrite déjà des travaux de construction de nouvelles cliniques
dont celles d'ORL (qui va quitter l'Hôpital Aristides Le Dantec)
et de chirurgie cardiovasculaire et thoracique. En plus du chantier
du nouveau siège du ministère de la santé et de la Prévention au
fond de l'hôpital de Fann, d'autres travaux y ont également cours.
Ils concernent la rénovation de la clinique de neurochirurgie. Le
Directeur a également révélé que son établissement se dotera, dans
le cadre de ce projet, d'équipements très intéressants comme l'imagerie
à résonance magnétique (IRM). Déjà, sur fonds propres, le CHNF a
déjà terminé la rénovation de la morgue, l'augmentation des capacités
d'accueil et de consultation des cliniques de neurologie et de psychiatrie.
Le Pr. Ibrahima Pierre Ndiaye, président de la Commission médicale
d'établissement a trouvé les bons mots en disant que l'hôpital de
Fann va jouer plus amplement son rôle de référence avec ces réalisations
en nouvelles cliniques qui lui permettront d'être des pôles médicaux
spécialisés pour tout ce qui touche les sphères "tête-cou" et "poitrine",
en plus des spécialités "traditionnelles" de Fann que sont la neurologie
et la psychiatrie.
COHERENCES INDIVIDUELLES ET COLLECTIVES
Tour à tour, les présentations des différents "sous-projets" qui
composent en lui-même le projet d'établissement, notamment "Soins
infirmiers", "ressources humaines", "gestion", "maintenance", "social"
et "qualité" ont détaillé leurs rubriques sur "l'existant", les
moyens (immobiliers, équipements, logistique, ressources humaines
et finances) recherchés et surtout les objectifs visés. Il semble,
pour le moment, que ce projet d'établissement détient une justesse
d'esprit entre les "cohérences individuelles" qui le composent et
sa "cohérence collective".
Selon le Pr. Iba Diop Mar, qui a été pendant de nombreuses années
chef de la clinique des maladies infectieuses et doyen de la Faculté
de médecine et de Pharmacie, cet hôpital, créé en 1955, qui couvre
un espace "trop grand" et inégalement occupé de plus de 30 hectares,
a évolué très lentement au fil de ces quarante dernières années
avec des difficultés diverses suscitées par la surexploitation,
la vétusté des bâtiments, les insuffisances en équipements et ressources
humaines et les déficits budgétaires, etc.
Il a salué au nom du Conseil d'administration le travail minutieux
et condensé dans l'élaboration du projet d'établissement. Quelques
recommandations sont toutefois sorties des débats et qui ont trait
à un affinement plus serré de la méthodologie de recueil des indicateurs
en termes d'évaluation sur la base des résultats attendus.
Rappelons que l'hôpital de Fann est devenu, en août 1999, établissement
public de santé hospitalier (ESPH). Il compte 580 agents et 14 services,
avec une capacité de 409 lits dont 332 installés effectivement.
Entre 1998 et 2002, les recettes de l'Hôpital de Fann ont subi une
forte croissance, avec une évolution de 90. 165. 520 Fcfa à 553.
722. 011 Fcfa. En ce qui concerne les consultations, elles ont varié
dans la même période cité plus haut de 52.006 à 63.352, alors que
le nombre de consultants (malades) a grimpé de 15.975 à 42.552.
Le CHNF devrait dont retrouver, au bout du compte, un nouveau visage
au bénéfice du service public dans la concrétisation de ce projet
d'établissement.
Hausse considérable des recettes
Le centre national hospitalier de Fann a enregistré une forte croissance
de ses recettes, a indiqué samedi, le Directeur de cet établissement
sanitaire, le lieutenant-colonel Daouda Diène. M. Diène a fait cette
révélation au cours du séminaire de validation interne du projet
d'établissement hospitalier du centre hospitalier national de Fann.
Les produits de la tarification sont ainsi passés de 90 165 520
FCFA en 1998, à 553 722 011 F Cfa en 2002. Selon le lieutenant-colonel
Daouda Diène, cette hausse s'explique par les "gros efforts de recouvrement".
Le Directeur de l'hôpital a précisé qu'un agent comptable a ainsi
été affecté dans l'hôpital. En outre, a-t-il ajouté, les tarifs
de l'hôpital qui "demeurent encore les plus bas de toutes les structures
hospitalières de Dakar "ont connu "un léger réajustement".
A l'en croire, les tarifs appliqués pour certaines prestations sont
inférieures à celles que pratiquent certains hôpitaux régionaux.
Mais, outre le réajustement des tarifs et les efforts de recouvrement,
M. Diène souligne que "l'installation du scanner qui produit environ
20 % des recettes de l'hôpital a largement contribué à l'amélioration"
des sommes collectées. L'Etat a aussi, indique-t-il, augmenté de
façon considérable le montant de la subvention qu'elle accorde au
centre hospitalier national de Fann. Ces ressources sont ainsi passées
de 215 8881 000 FCFa en 1998 à 689 304 000 F Cfa en 2002. Cette
amélioration de la subvention accordée par l'Etat s'est toutefois
accompagnée d'une augmentation de la demande de soins et d'un élargissement
de la gamme des prestations du Centre hospitalier national de Fann.
FARA DIAW
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=30192&index__edition=9975
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