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L'actualité de la santé en Afrique

Boukari Zongnaba, DG sortant : "Les médecins évitent le CHR de Koudougou" - Le pays - Burkina Faso - 11/09/2003

Le pays : Quel bilan peut-on faire de votre séjour au CHR de Koudougou ?

Boukari Zongnaba : Je vous remercie de m'avoir approché pour comprendre les difficultés que vit l'hôpital et éventuellement ce que j'ai pu faire pendant les 22 mois de service au CHR de Koudougou. Je peux dire que mon objectif n'est pas atteint parce que j'avais engagé un certain nombre d'activités qui sont actuellement en cours, palpables bien sûr, mais nous ne sommes pas allés jusqu'au bout. Pour l'année 2003, nous avons pu réaliser notre objectif à 80,90%. Des difficultés, nous en avons eues. Comme c'est un service à caractère social, les difficultés ne manquent pas et cela est tout à fait normal. Un service social, c'est toujours des difficultés dans la mesure où on ne peut pas satisfaire tout le monde avec le peu qu'on a comme ressources. Je pense donc que j'ai fait ce que je pouvais faire pour l'intérêt de la population.

Le pays : Vous parlez d'objectifs. Est-ce qu'on peut savoir quels objectifs vous vous êtes fixés en arrivant à Koudougou ?

Boukari Zongnaba : Quand je suis venu, il fout reconnaître une chose, j'ai décelé certaines faiblesses au niveau de l'hôpital. Premièrement, il y avait un manque de moyens de production dans certains services. Des moyens de production qui étaient essentiels. Au niveau du bloc opératoire vous avez les armoires de climatisation en général qui étaient complément hors d'usage. En opérant, il y a certains qui étaient obligés de s'essuyer avant de continuer l'opération. Depuis l'ouverture, ces armoires n'ont jamais été changées. Nous les avons remplacées. Au niveau de la buanderie, il n'y avait plus, presque pas de machines à laver les linges. Nous disposions seulement d'une machine à laver de 3 kilos qui était chaque semaine en panne. Nous les avons remplacées, nous avons mis deux de 10 kilos et deux de 5 kilos. Au niveau du laboratoire, c'était notre grande faiblesse. On avait des appareils qui étaient trop vétustes. Pour un certain nombre d'examens, les gens étaient obligés d'aller vers le privé. Pour un CHR, ce n'est pas normal. Actuellement, nous avons acquis du matériel de pointe. Ce sont ces objectifs en matière de moyens de production qu'il fallait atteindre.

Le pays : Quelles sont les actions que vous n'avez pas pu réaliser ?

Boukari Zongnaba : Le corps médical a été beaucoup déprimé suite aux troubles. Il y a beaucoup de médecins qui ne veulent plus venir servir à Koudougou. Néanmoins, en échangeant avec les uns et les autres et avec l'appui du ministère de la Santé, plus particulièrement le secrétaire général, j'ai pu obtenir un chirurgien qui a pris service depuis janvier 2003. Nous sommes actuellement en pourparlers avec un gynécologue qui servira à Koudougou à la fin de sa formation. Je me suis dit que pour une structure de la trempe du CHR de Koudougou il fallait quand même l'essentiel. Il y a un médecin spécialiste en ophtalmo. L'hôpital aura donc en tout trois médecins spécialistes. Mais c'est insuffisant. Il y a certains domaines qui sont fermés parce qu'il n'y a pas de spécialistes. Si on avait des spécialistes, le CHR pouvait désengorger Ouagadougou. Mais c'est dommage que le personnel médical ne soit pas en quantité suffisante. Mais ce n'est pas la faute du ministère. Pour le matériel, on est toujours en train de renouveler certains équipements. Nous avons des ambitions mais les moyens nous manquent.

Le pays : Quelles sont les principales difficultés rencontrées durant votre mission ?

Boukari Zongnaba : Il y a eu d'abord la mésentente entre le syndicat et l'administration. C'est une situation qui a pris du temps. Il fallait échanger avec les uns et les autres pour ramener tout le monde à la raison. J'ai toujours dit aux représentants du personnel qu'il n'y a pas d'antagonisme entre l'administration et le personnel. Chaque fois, nous avons échangé et nous sommes arrivés à nous comprendre. Pour ramener la confiance des travailleurs, il a fallu échanger constamment avec eux. Chaque fois que nous avons une décision à prendre, nous les approchons pour recueillir leur avis. Quand vous êtes un manager, vous ne pouvez pas vous asseoir dans votre bureau pour prendre des décisions ; il faut essayer d'associer tout le monde.

Le pays : Le CHR de Koudougou est-il pauvre ?

Boukari Zongnaba : Le CHR de Koudougou n'est pas pauvre. Je crois que ce sont les troubles qui avaient déstabilisé quelque peu le système. Les recettes étaient, à mon arrivée, de 2 000 000 FCFA/ mois. Maintenant nous sommes à 6 000 000 FCFA. Avec l'entrée en vigueur des appareils du laboratoire les recettes vont augmenter. Et on pourra les utiliser pour mener d'autres actions. Le CHR n'est donc pas pauvre. C'est la mésentente qui faisait qu'on n'arrivait même plus à cerner les secteurs qui pouvaient nous produire des ressources. Actuellement, le calme est revenu et les choses ont repris pour le bien de tous.

Le pays : Pourtant il semble qu'il manque de tout et qu'il n'y a même pas de compresse pour les premiers soins.

Boukari Zongnaba : Quand on parle de compresse pour les premiers soins je pense que c'est exagéré. L'Etat nous donne des subventions pour les salaires. Si vous arrivez à un moment donné qu'en menant certaines activités vous ne pouvez pas couvrir les salaires, vous êtes obligés de freiner. Et quant au niveau des services il y a une semaine de rupture d'alcool ou d'autres choses on amplifie. Les gens ne savent pas qu'il n'y a pas assez de ressources pour les salaires et les autres activités. Il faut attendre que les subventions arrivent pour qu'on puisse reprendre. Ce sont les petits trous que les gens amplifient en disant qu'il manque de tout. Vous savez très bien que s'il manquait de tout les syndicats allaient en parler.

Le pays : Il fut un moment où il a manqué des poches de sang, ce qui a même créé des problèmes dans un service...

Boukari Zongnaba : Pour les poches de sang, ça rejoint ce que je viens de dire. C'est lié à la subvention. Dans le temps, le comité donnait des poches de sang aux services. A un moment donné, cela s'est arrêté. Les CHR ont été amenés à supporter cette charge. Mais ce n'est pas facile. Quelque chose qui n'était pas prévu. Maintenant avec le comité national de lutte contre le Sida, on a un petit soutien.

Le pays : Les subventions sont-elles les seules ressources du CHR de Koudougou ?

Boukari Zongnaba : Non, il y a les recettes propres générées par les activités de l'hôpital. Mais les subventions de l'Etat sont au-dessus de tout. Parce qu'avec les difficultés liées aux troubles, la fermeture de Faso Fani ... la population n'a pas beaucoup de ressources pour subvenir à sa santé.

Le pays : Quelle est la place des partenaires tels la Chine et les amis de Dreux dans le fonctionnement du CHR actuellement ?

Boukari Zongnaba : Il faut le dire honnêtement, la Chine appuie considérablement le CHR de Koudougou. C'est grâce à la subvention chinoise de 2002 que nous pouvons servir en moyens de production qui manquaient. Avec Dreux, la subvention est essentiellement utilisée pour les échanges.

Le pays : Vous avez des problèmes de gestion à la porte d'entrée à telle enseigne qu'il y a des malades qui fuient sans payer.

Boukari Zongnaba : Pour les évadés, cela se passe partout. Certains patients, qui n'ont pas les moyens, profitent de la pénombre et prennent la clé des champs. Nous avons fait un communiqué pour sensibiliser la population afin qu'on ne vienne pas déranger les malades et les soignants pendant les heures de service. Nous avons aussi un projet pour organiser le parking du personnel. Ceci pour tamiser les entrées.

Le pays : Un client s'est plaint de ce qu'un de vos agents a tenté de détourner de l'argent destiné à des examens. Ya-t-il la corruption dans vos services ?

Boukari Zongnaba : Vous savez, la corruption est partout. C'est l'ampleur qu'il faut regretter. A Koudougou, c'est un cas isolé que nous avons déploré tous. J'ai appelé le chef de service de l'intéressé pour lui faire comprendre que c'est une pratique qu'il faut bannir. Après cet incident, les recettes ont changé au niveau de ces services.

Le pays : On constate que le CHR a quand même des difficultés. Qu'est-ce que, selon vous, on peut faire pour que cette structure marche ?

Boukari Zongnaba : Il faut d'abord du personnel qualifié. C'est ce que nous sommes en train de faire. Une bonne organisation au niveau des entrées. Améliorer le problème du laboratoire.

Le pays : Vous quittez le CHR de Koudougou avec un regret ?

Boukari Zongnaba : Avec un regret bien sûr parce que je n'ai pas pu aller jusqu'au bout de ce que je devrais faire. Mais je suis un élément de l'administration et l'administration dispose de ses agents comme elle veut. Je profite de votre journal pour dire merci aux responsables du ministère de la Santé, aux autorités locales et à l'ensemble des travailleurs du CHR qui m'ont beaucoup soutenu.

Propos recueillis par Paul HIRY NIKIEMA

Lire l'article original : http://www.lepays.bf/quotidiens/select.asp?Numero=3468


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