L'actualité

Notre métier d'éditeurs de revues médicales en Afrique francophone et au Maghreb, nous amène à suivre de très près l'actualité de la santé de ces pays.
Nous lisons la plupart des journaux spécialisés et sommes en contact avec de très nombreuses associations et ONG.
Nous fréquentons aussi certains forums spécialisés.

Dans notre développement Internet, nous avons pensé que toutes ces informations que nous recueillons quotidiennement ne pouvaient que vous intéresser.
C'est la raison de cette rubrique que nous mettrons à jour le plus régulièrement possible.

Afin d'être en harmonie avec la déontologie Internet, nous vous précisons que toutes nos sources sont informées des textes que nous leur empruntons afin de les mettre à votre disposition dans cette rubrique.

Toutefois, comme elles le précisent elles-même pour la plupart, nous vous prions de traiter les informations avec la plus grande prudence et de ne pas hésiter à suivre les liens que nous plaçons systématiquement à la fin des articles, afin de lire le document original et de contacter, le cas échéant, l'auteur ou le responsable de la publication.

Si vous souhaitiez exploiter autrement que pour votre propre usage, l'une des informations de cette rubrique, nous vous demandons de bien vouloir suivre le lien afin de récupérer le document original et vous conseillons d'en informer les responsables.

Nous vous souhaitons d'agréables moments sur SantéTropicale.com

Santetropicale.com

Page d'accueil de Santetropicale.com La Bibliothèque de Santé tropicale Le Kiosque des revues médicales africaines Dictionnaire Internet Africain des Médicaments Web médical africain Annuaire de la santé en Afrique Qui contacter ?

L'actualité de la santé en Afrique

Dr Pierre Sopngwi : Les pharmaciens gagnent à s'engager dans le générique. Spécialisé dans la distribution du médicament, il revient sur la promotion de ce type de médicament au Cameroun - Mutations - Cameroun - 17/09/2003

Mutations : Il y a quelques années, on nous a présenté le générique comme une solution à l'inaccessibilité du médicament au Cameroun. Curieusement, il est introuvable...

Dr Pierre Sopngwi : Les médicaments génériques sont effectivement disponibles sur l'ensemble du territoire. Le problème majeur reste de faire une promotion intense au niveau des acteurs principaux que sont les médecins et pharmaciens. Les coûts très élevés de cette promotion sont un handicap majeur pour sa mise en œuvre. Premier handicap: l'information. Il faut donner une définition exacte et compréhensive du générique : un médicament original, ou "princeps", est un médicament protégé pendant vingt ans par un brevet. Lorsque cette protection tombe, le laboratoire pharmaceutique qui l'a découvert en perd l'exclusivité. Les autres laboratoires ont alors le droit de fabriquer et de commercialiser un médicament identique à ce "princeps", ce médicament est alors appelé "générique". Le médicament générique n'ayant pas à supporter les frais de recherche et de développement, le laboratoire qui le produit peut le proposer à un prix inférieur à celui du médicament original. Il est ainsi en moyenne 30% moins cher. Dans certains cas le médicament générique est 50% à 70% moins cher. Le générique est fabriqué selon les même exigences que le médicament original et soumis aux mêmes contrôles de qualité pour sa fabrication et son conditionnement. Comme tous les médicaments, il doit obtenir une autorisation de mise sur le Marché. Il possède la même composition qualitative et quantitative en principe actif que le médicament original. Son mécanisme d'action, son efficacité, sont identiques. Il soigne et soulage de la même manière que le médicament princeps ; le traitement reste le même dans sa durée et agit de la même façon avec les mêmes effets ". De cette définition on comprend facilement que la baisse de coût permet une meilleure accessibilité. Au niveau de la qualité, disons qu'un générique a le même potentiel thérapeutique que le produit " innovant ". Quant aux stocks, la Cename dispose d'un imposant stock et de plus en plus dans le secteur privé, il y a des entreprises comme la Ccp (Compagnie camerounaise pharmaceutique), et certainement d'autres, qui se sont spécialisées dans la distribution du générique.

Mutations : On parle tantôt de médicament générique, tantôt de médicament essentiel. C'est quoi la différence entre les deux ?

Dr Pierre Sopngwi : Un médicament générique peut ne pas être essentiel. Un médicament essentiel peut ne pas exister en générique (ex: nouveau Arv). Au Cameroun, nous avons besoin des médicaments essentiels génériques.

Mutations : Quels sont, d'après vous, les principaux blocages à la vulgarisation du médicament générique au Cameroun ?

Dr Pierre Sopngwi : Le principal blocage reste les coûts très élevés car dans cette promotion, il y a également une formation au niveau du personnel médical : aujourd'hui, certaines personnes ne comprennent pas encore pourquoi il y a parfois une différence aussi importante au niveau des coûts.

Mutations : Certains pharmaciens, par exemple, estiment que le générique ne rapporterait pas autant que les médicaments originaux…

Dr Pierre Sopngwi : C'est vraiment dommage encore une fois. Je pense que l'information ne circule pas assez. Plus haut, j'ai parlé des acteurs principaux que sont les pharmaciens et les médecins. Au niveau des pharmaciens, l'information ne circule pas assez car il faut prendre en compte les points ci-dessous : (1) Prix élevé entraîne une réduction importante de l'accessibilité donc diminution du nombre de patients en officine. (2) Les marges des médicaments génériques sont en moyenne de 100% pour les pharmaciens contre 20% pour les médicaments non génériques. (3) 95% des produits vendus au Cameroun sont génériquables et la plupart de ces produits sont vendus en brand-name (nom de marque). Les moyens de promotion sont ainsi financés par le patient et même par le pharmacien (car il y a diminution des marges). Sur le pan strictement comptable, l'introduction des génériques (avec marge minimale de 100%) permet aux officines de gagner de l'argent et d'augmenter leur levier de trésorerie (Ex: chiffre d'affaire de 10.millions avec marge de 25%; ou encore six millions de chiffre d'affaires avec 100% de bénéfice). Les pharmaciens en s'engageant dans les génériques sont gagnants dans tous les domaines. Là encore l'information n'a pas circulé et sur ce point, j'accuse les conseillers financiers des pharmaciens qui ne jouent pas vraiment leur rôle car il faut en permanence adapter son outil de production aux exigences de l'actualité. L'Omc vient de signer à Genève un important accord, qualifié par le directeur de l'Oms d'historique, sur les médicaments génériques. Cet accord devrait changer l'environnement pharmaceutique des pays pauvres, en leur donnant les moyens de fabriquer des médicaments, d'importer des copies génériques de traitement brevetés en cas de grave crise sanitaire comme le sida, le paludisme, la tuberculose…

Mutations : Le générique, jusqu'ici, ne bénéficie d'aucune promotion alors que l'Etat continue de laisser le champ libre aux grands laboratoires pharmaceutiques dont on imagine les profits. Que cache cette manœuvre et quelles sont les conséquences éventuelles sur la politique pharmaceutique du Cameroun ?

Dr Pierre Sopngwi : Le générique ne présente pas seulement une solution de disponibilité mais également et surtout une solution d'accessibilité. La politique pharmaceutique camerounaise prévoit une très large place pour les médicaments essentiels génériques. Après la dévaluation du FCfa, il y a eu une grande action de la part du gouvernement pour rendre le médicament disponible et accessible. Cette action a abouti à la création de la Cename (Centrale nationale d'approvisionnement en médicaments essentiels) qui assure une très grande et large distribution. De manière générale on a la chaîne de distribution suivante : Cename - Capp - Structures hospitalières - Malades.

Mutations : Mais il faut aussi préciser qu'il y a certains hôpitaux et confessionnels qui achètent directement à la Cename...

Dr Pierre Sopngwi : Cette large diffusion des médicaments permet, je le pense, de faire également une grande promotion. L'action du gouvernement sera efficace par une grande complémentarité du secteur privé car n'oubliez pas qu'avant la dévaluation du FCfa, le secteur privé assurait 90% de la disponibilité du médicament. En ce qui concerne le secteur privé, nous avons suivi les efforts du gouvernement, car il y a une introduction progressive des médicaments génériques dans les officines. Cette pénétration est encore faible mais rassurez vous, elle est inévitable. Quand on parle de pénétration des génériques dans le marché privé, il faut bien noter qu'elle concerne uniquement les génériques vendus sous Dénomination commune internationale (Dci). Les autres médicaments génériques présentés sous un nom de marque ne sont pas concernés. Dans le privé le mode d'approvisionnement qui a existé avant la dévaluation et qui continue encore pour la majorité ne favorise pas une introduction facile des génériques dans le secteur privé. Les pharmaciens d'officines qui sont les principaux acteurs se rendront progressivement compte de la situation et pourront par conséquent réviser leur stratégie afin d'assurer une introduction des génériques à hauteur de 50 ou 60%. L'augmentation récente du nombre d'officine sur tout l'ensemble du territoire est également très encourageante car la multiplication des points de vente augmente la disponibilité. Dans le secteur public, nous n'avons pas assez d'éléments pour apprécier l'efficacité de la chaîne de distribution qui semble assez longue. En effet cette chaîne laisse entrevoir trois points importants de gestion : la Cename, les Capp et les hôpitaux. Les questions importantes qui pourraient apporter des réponses utiles et qui interpellent les pouvoirs publics sont: les points de gestion ne constituent-ils pas un handicap et une augmentation des coût? Quel est le niveau de liberté d'achat qu'on accorde aux Capp et aux hôpitaux? Peut-on exactement évaluer les coûts que cette chaîne de distribution génère? Exemple: Un médicament offert à la Cename au prix zéro franc se retrouvera chez le malade à quel prix? Une exclusivité d'achat serait à mon avis un handicap très important car les Capp et hôpitaux qui sont les principaux acteurs du public doivent à leur niveau respecter les règles de gestion de manière à augmenter leur rentabilité et par conséquent leur pérennité.

Propos recueillis par Roger A. Taakam

Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=10&id=1063102873


Retour actualités
 
Copyright © 2003 NG COM Santé tropicale. Tous droits réservés. Site réalisé et developpé par NG COM Santé tropicale