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26 octobre 2001 - Le Soleil - Sénégal
Handicapés: Des besoins criards en formation et emploi.

Une enquête menée récemment en prélude à un projet d’insertion professionnelle en faveur des handicapées sous l’égide du CRDI et de l’ONG FORUT/Sénégal met à nu une forte et persistante dépendance sociale, ainsi que des besoins “criards, voire très douloureux” en formation et emploi chez cette population.
D’ailleurs un conseil interministériel devrait se tenir prochainement autour de ce sujet, cheval de bataille de plusieurs associations de personnes handicapées.
Les données recueillies sur un échantillon de 707 personnes de 18 à 40 ans réparties sur les dix régions du Sénégal indiquent que seuls 22,6% ont une formation professionnelle contre 71,4%.
Il en est de même pour l’évolution du niveau d’instruction et de l’obtention de diplômes où la courbe s’infléchit “tristement” vers le bas, depuis le cycle primaire, vers les études universitaires. Si 73,4% ont le certificat d’études primaires ou le niveau du cours moyen (CM2), 35,8% sont sans diplômes.
Seuls 2,3% ont des diplômes universitaires, dont 0,5% avec la licence ou la maîtrise.
“Ceci s’explique, selon l’enquête, par l’absence d’infrastructures scolaires de haut niveau et le manque de législation qui leur offre un espace de réussite à l’école où les personnes handicapées sont traitées comme des individus valides dans les différents examens”.

DIGNITE ET DEPENDANCE SOCIALE

A propos de l’informatique, espace où ce projet d’insertion des personnes handicapées dans le monde du travail entend s’épanouir, la formation ne semble pas encore large sur ce plan.
Sur les 707 personnes interrogées, 119 seulement, soit 16,8% ont pu en bénéficier de façon assez poussée.
Toutefois, la situation est plus compliquée, dans la mesure où cette initiative devra, pour réussir, détenir différentes données, notamment démographiques, sociales, géographiques, scolaires, sanitaires, etc.
Il a été constaté que 80,6% des personnes handicapées interrogées sont célibataires, pour le seul fait, conclut préliminairement l’enquête, “que leur situation s’allie difficilement avec une vie de couple qui exige aussi un revenu pour gérer un ménage”.
Les mariés n’occupent que 18,3%, dont 2,7 de polygames, 15,6% de monogames et 1,1% de divorcés de l’échantillon.
Même si c’est une porte ouverte que l’on essaie ici d’enfoncer, il est clair que l’environnement social des personnes handicapées n’est pas également reluisant.

L’enquête expose qu’un trop grand nombre est soutenu par les parents ou des proches de la famille.
65,6% des personnes handicapées vivent avec leur mère, 42,4% avec leur père, 53,7% avec leur frère, 18,9% avec leur sœur.
Seuls 11,3% et 11,6% des handicapés interrogés vivent respectivement avec leurs partenaires et leur(s) enfant(s).
Par ailleurs, 72,13% sont pris en charge sur le plan scolaire par leurs parents, tandis que 16,8% sont soutenus par de bonnes volontés.
Il n’y a que 11% qui ont déclaré être arrivés à se prendre en charge eux-mêmes.

INSUFFISANCES ALARMANTES

Les auteurs de l’enquête révèlent une insuffisance “alarmante” de structures spécialisées de prise en charge des enfants handicapés.
L’existant est trop mince. Il n’y a que trois centres spécialisés, notamment, le centre Verbo-Tonal pour les enfants sourds-muets, l’INEFJA pour les non-voyants et le centre Talibou Dabo pour les enfants handicapés moteurs.
Toutefois, les trois sont seulement répartis dans deux régions : Dakar (2) et Thiès.

En matière de santé, le taux de dépendance reste là aussi très élevé avec 74,3%.
Les personnes handicapées sont difficilement prises en compte en ce qui concerne la prévention et le traitement des infections et traumatismes dont elles sont facilement victimes, ce qui détériore très souvent leur santé.
Cette forte dépendance est retrouvée aussi pour l’alimentation (80,9%), l’habillement (65,6%) et le logement (79,6%).
Les auteurs ont rappelé que le recensement général de la population et de l’Habitat de 1988 faisait état de 134.792 personnes handicapées, dont 50,8% âgées de 15 à 29 ans, et 49% constitués de femmes.
On y notait encore : 1/4 de handicapés moteurs, 16,6% de handicapés visuels et 50,64% constitués des autres (sourds, muets, albinos et hanséniens)
F. DIAW

Lire l'article original: www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=8573&index__edition=9424

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