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octobre 2001 - Le Soleil - Sénégal
Sorcellerie et verrouillage sexuel.
L'utilisation des préservatifs et l'abstinence apparaissent peu
efficaces pour enrayer l'extension du sida au Zimbabwe, et l'usage
de méthodes peu orthodoxes de la sorcellerie traditionnelle commence
à devenir un recours, au grand dam du ministère de la Santé.
Ces méthodes consistent à aller voir un guérisseur qui va vous concocter
une "potion magique" à base d'herbes rares et jeter un sort sur
l'homme où la femme qui aurait l'idée de commettre l'adultère.
Il n'est pas forcément nécessaire que la potion soit ingérée ou
appliquée sur le corps.
Résultat, l'infidèle se trouvera dans l'impossibilité d'avoir une
relation sexuelle normale, soit parce que ses organes génitaux ne
fonctionneront plus, soit parce que même s'il arrive à faire l'amour,
il restera "collé" à son partenaire.
Tout en étant ainsi ensorcelé, l'homme où la femme pourra en revanche
continuer à avoir des relations avec son conjoint légitime.
Rien de scientifique dans ces pratiques basées sur des croyances
ancestrales et que les Zimbabwéens appellent aujourd'hui, non sans
humour, "verrouillage central", système qui permet de fermer toutes
les portes d'une automobile à distance.
Autre nom utilisé, "l'immobilisateur".
Chez les Tonga, ethnie minoritaire du Zimbabwe, ces méthodes sont
utilisées pour empêcher les jeunes filles d'avoir des relations
sexuelles avant le mariage.
Le "verrouillage central’’ n'est "déconnecté" qu'après qu'elles
ont trouvé un mari.
Des professionnels de la santé du Zimbabwe veulent encourager le
recours à ces méthodes qu'ils considèrent comme complémentaires
aux "remèdes" plus classiques que sont le préservatif où l'abstinence
sexuelle.
"Nous cherchons dans le mode de vie africain, et nous disons pourquoi
ne pas utiliser le “verouillage central” comme un moyen d'empêcher
l'extension du virus", affirme ainsi Mutsa Chikede, de la Clinique
de médecine naturelle du Zimbabwe.
Il encourage donc les couples qui viennent le consulter à expérimenter,
sur une base volontaire, le "verrouillage central", en rappelant
qu'il peut être "débranché" en cas de décès ou de divorce.
Selon lui, l'idée fait doucement son chemin et depuis qu'il a commencé
à la recommander l'an dernier, au moins 45 couples ont décidé d'y
recourir.
Mutsa Chikede espère pouvoir en faire sa promotion lors d'un salon
médical qui doit se tenir en octobre à Harare.
"Nous savons que le Zimbabwe survivra (au sida) et que nous pouvons
contrôler l'infection", ajoute-t-il, en dépit des proportions alarmantes
prises par la maladie dans son pays où près d'un quart de la population
est infectée par le virus VIH et où quelque 3.000 personnes meurent
chaque semaine emportées par le sida.
Le ministre de la Santé, Timothy Stamps, seul ministre blanc du
gouvernement zimbabwéen, a fortement condamné le recours à ces méthodes
qui constituent, selon lui, une "atteinte aux droits de l'Homme",
puisqu'elles empêchent toute liberté au sein d'un couple.
"Le mariage n'est pas une prison, ni une forme d'esclavage", a-t-il
déclaré, et l’on ne peut pas traiter un conjoint "comme un animal
pris au piège".
Les associations officielles de lutte contre le sida y sont également
opposées.
"On ne connaît pas encore les effets secondaires de telles pratiques",
affirme Caroline Maposhere, de l'association Femmes et sida.
Et Mme Maposhere d'ajouter: "on n'enraye pas le sida en jetant des
sorts, mais par un changement volontaire de comportement".
Lire
l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=8089&index__edition=9408
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