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9 octobre 2001 - Le Soleil - Sénégal
Médecine hivernage: “Médecins de brousse” dans la zone cotonnière.

TAMBACOUNDA — Démarrée depuis le 9 août dernier, l’opération “médecins en zone cotonnière”, fruit de la collaboration entre la SODEFITEX et le programme de lutte contre le paludisme du ministère de la Santé et de la Prévention, a permis de consulter et traiter plus de 8.000 personnes par les 23 médecins qui ont sillonné les régions cotonnières de Tamba, Kâhone, Kédougou, Kolda et Vélingara. Notre reporter a suivi les traces des médecins.

Missirah, ce 13 septembre, à 35 kilomètres de Tamba, il est 7 heures 40. Le secteur de la SODEFITEX, sur la Nationale 7, a déjà ouvert ses portes. A côté des magasins des intrants, un local a été aménagé pour la circonstance.
Demba War Dieng, un jeune médecin, attend les malades. Ses consultations sont gratuites. Ses médicaments aussi.
Mais la dotation est en deçà de la demande pressante en cette période d’hivernage.
L’infirmier chef de poste de cette localité, rencontré par le médecin au cours d’une visite de courtoisie, salue cette initiative, mais pense fermement que la gratuité des médicaments est contraire à la politique de soins de santé primaires.
Demba War Dieng, en fin de cycles de médecine, se fait la main et se donne totalement pour soulager les malades dont la plupart ne feront pas le trajet pour aller voir l’infirmier, mais plaident déjà pour un renouvellement de l’opération.

Thiabédji, à 34 kilomètres de Kédougou, dans la communauté rurale de Bandafassy, adossé à la montagne.
Selon le chef de village, les populations de cinq villages ont quitté leur site d’origine pour trouver les espaces moins hostiles de Thiabédji. Il s’agit de Sillacounda, Saré Filaré, Babel et Atacouba, et surtout se retrouver autour des réalisations communautaires, comme la case de santé.
Cette dernière, qui mérite une cure de jouvence, a été prise d’assaut par les habitants du village de Thiabédji qui compte un millier d’habitants.
Parmi les patients, le chef du village, Youssou Bâ, salue cette initiative.
Les médecins sont à leur deuxième passage dans cette localité, cette année.

POPULATION PAUPERISEES

Diouma Camara, forte corpulence de lutteur, ne révèle pas sa maladie : “je l’ai dit au docteur”.
Il entretient 2 ha de coton et nous précise : “j’ai d’autres champs de cultures vivrières”.

Pour Mamadou Yoro Diallo : “depuis trois jours, j’ai le paludisme. Mais, si le docteur n’était pas venu, j’allais continuer à soigner mon paludisme avec les plantes locales”. Il ne peut guère, à cette période de vache maigre, joindre le poste de santé, à 15 km.
Et Ils sont nombreux dans cette situation de pauvreté.

Dr Fanta Diop réalise que beaucoup de patients viennent et exigent une piqûre contre le paludisme.
Néanmoins, l’accent est mis sur la sensibilisation. Les pathologies les plus fréquentes, selon le docteur Diop, tournent, en majorité, autour du paludisme, des parasitoses intestinales, la dysenterie.
Il ne cache pas les difficultés liées à l’installation d’un médecin en brousse.
“Il faut des moyens et de la motivation”, souligne-t-elle.

De l’autre côté, dans la région de Kaolack, à Koungheul précisément, Ismaël Dièye, comme le président du GIE “Aïdara”, gère une laiterie. Elle collecte 200 litres de lait par jour, une production traitée et vendue dans les “loumas” des villages environnants et même en Gambie.

De retour dans la région de Tamba, les médecins font cap sur Ngouye Djaraf. Ce village a 78 ans et se trouve dans la communauté rurale de Lour Escale. En saison des pluies, les 17 km de route sablonneuse qui relie les villages de la communauté rurale à Koungheul sont coupés par les rivières gonflées par les flots d’eaux pluviales.

DERRIERE LES DRAPS

Sous le baobab, des centaines de personnes, massées, attendent l’appel de leur nom pour rencontrer le Dr Coumba Ndoye, installé dans la seule salle de classe fonctionnelle du village.
L’autre bâtiment de l’école, dans un état de délabrement avancé, tient à peine. Ici, l’éducation a besoin, elle aussi, d’un remède de cheval…
Des draps de fortune sont dressés pour permettre l’intimité entre le médecin et les malades.
La Fédération des producteurs de coton s’est beaucoup investie dans cette opération sanitaire.

Pour Mamadou Mor Sall, président de la région SODEFITEX de Kâhone “nous avons débloqué 200.000 francs pour des médicaments essentiels pour des soins à nos enfants, afin de pérenniser cette opération qui devrait fidéliser les “cotonculteur”.
Nous avons toutefois constaté que la quantité de médicaments était modeste, face à une demande supérieure à l’offre. C’est pourquoi, nous nous sommes dit qu’il faut mettre en œuvre un prix modéré conformément à la politique de soins de santé primaires”.
A Gouye Djaraf, les habitants de plus de 6 villages s’étaient donné rendez-vous pour bénéficier de ces consultations médicales gratuites.
A chaque consultation, le Dr Ndoye profite de l’occasion pour donner des informations sur la prévention des maladies et des mesures d’hygiène.
PAPE DEMBA SIDIBE

Lire l'article original: www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=8137&index__edition=9409

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