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Femmes - La santé au risque de donner la vie - le matin - Bénin - 31/10/2002

La santé aurait-elle un genre?
On est tenté de le croire quand on relève les différences entre hommes et femmes dans ce domaine. Statut social inférieur, alimentation carencée, approvisionnement en eau potable insuffisant sont autant de facteurs qui interviennent directement et avant tout sur la santé des femmes et de leurs enfants.
C'est le risque lié à la grossesse et à l'accouchement qui reste le plus crucial pour les femmes de l'an 2000. Cinq ans après la conférence de Pékin, les chiffres sont encore obstinément en hausse. La mortalité maternelle atteint aujourd'hui le sinistre record de 600 000 décès annuels dont la presque totalité (99%) a lieu dans les pays en développement. Au moins une femme meurt chaque minute des suites d'une grossesse. Ces mêmes complications entraînent la naissance de trois millions d'enfants mort-nés et le décès de trois autres millions de bébés au cours de leur première semaine de vie. Ces disparitions représentent les deux tiers du nombre total de décès d'enfants de moins de 5 ans dans les pays en développement. D'autre part, ces 600 000 femmes laissent derrière elles au moins un million d'orphelins. Comme si ce n'était pas assez, rapporte l'Unicef, ainsi privés des soins maternels indispensables, les orphelins voient leur risque de mourir dans les deux ans multiplié de 3 à 10 fois.

Au moins une femme meurt chaque minute
Il ne faut cependant pas croire que seules les femmes des pays pauvres sont frappées même si elles le sont au-delà de tout ce qui est tolérable. On compte en moyenne dans le monde 430 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes; 480 dans les pays en développement contre 27 dans les pays développés. Selon l'Unicef, des recherches récentes font penser qu'aux Etats-Unis comme dans d'autres pays industrialisés, les décès maternels ne sont pas tous déclarés. En fait les chiffres réels pourraient se situer aux alentours du double de ceux officiellement annoncés (10 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes). Mais les statistiques ne parviennent pas à donner une idée de la disparité des situations.
L'appartenance ethnique et l'âge sont deux caractéristiques qui déterminent le risque de décès maternel consécutif à une grossesse. Les femmes noires américaines sont ainsi près de quatre fois plus exposées à ce risque que les femmes blanches et deux fois plus que les femmes hispaniques. Le risque augmente aussi avec l'âge dans tous les groupes ethniques mais encore plus chez les femmes noires. Lorsque celles-ci dépassent les 40 ans, elles ont six fois plus de risques que les femmes blanches de mourir des suites d'une grossesse.
A peine un peu plus de la moitié des femmes des pays en développement accouchent avec l'assistance d'une personne qualifiée, sage-femme ou médecin. Seulement 63% des Africaines auront eu une consultation au cours de leur grossesse et moins de 30 % auront accès à un agent de santé compétent pour donner les soins à leur nouveau-né. Cette solitude des femmes forcées de se débrouiller comme elles peuvent, explique en grande partie les conséquences tragiques du moindre problème sur leur santé et sur celle de leurs enfants. Pourtant, améliorer la prise en charge de la grossesse, de l'accouchement et de la contraception nécessiterait seulement une somme allant de 1 à 3 dollars par année et par personne. Peu d'investissements sont aussi rentables pour une communauté que celui-là.
Les mutilations sexuelles féminines sont encore largement pratiquées surtout en Afrique. Selon l'Oms, 130 millions de fillettes et de femmes ont subi ces mutilations dans le monde et chaque année deux millions d'autres y sont exposées. Les séquelles de ces pratiques sur la santé des femmes sont souvent dramatiques. Pratiquées le plus souvent sans anesthésie et en dehors de toute asepsie par des matrones traditionnelles, les excisions entraînent souvent hémorragies et/ou infections pouvant causer la mort. Sans parler de conséquences néfastes évidentes sur l'épanouissement sexuel de ces femmes.

Le Sida frappe d'abord les femmes
Aujourd'hui quatrième cause de décès dans le monde mais première en Afrique, le Sida frappe d'abord, et plus que tout autre, les femmes et les jeunes filles du continent. Selon le représentant de l'OMS pour l'Afrique, la moitié des femmes enceintes du continent seraient atteintes par le virus risquant ainsi de le transmettre à leur bébé à naître. Parmi les enfants contaminés par le virus du Sida dans le monde, 90% sont africains et une très large majorité sont des petites filles. Cette proportion de 4 filles pour 1 garçon peut atteindre, dans certains pays, 30 filles pour 1 garçon: ces très jeunes filles étant souvent contaminées par des hommes plus âgés qui croient ainsi, faussement, se guérir de la maladie. Cette situation, déplorait récemment Peter Piot le directeur d'Onusida, est bien le reflet d'une société où les hommes peuvent s'approprier n'importe quelle jeune femme, surtout si celle-ci se trouve dans une situation précaire. On est ici au cœur du problème, le statut d'êtres inférieurs dont les femmes ont du mal à sortir accentue leur vulnérabilité face à la maladie.
Lire l'article original : http://www.geocities.com/lematinonline/articlee.htm

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