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Chronique - Hôpitaux : se soigner..... les pieds devant - Sud Quotidien - Sénégal - 30/10/2002

C'est avec nonchalance et dépit mal contenus que le médecin vous prescrit une ordonnance qui risque de vous transformer la minute d'après en nouveau mendiant dont la seule faute est de vouloir vivre en bonne santé. " Thiat mo gaaw ! ". Ce sera immanquablement une ardoise que vous vous coltinerez toute votre vie active avec des rues interdites à votre liberté de circulation ou -Ô désespoir- une discrète incursion à Keur Seugn-bi où les caisses de médicaments flambant neuf sont écoulées pour deux fois rien dans un réseau bien huilé. " Bi mba béé-rekk ! ".

Si vos moyens ne font pas le poids, votre " neew doolé " vous transforme en croisé radical contre la médecine des " toubabs ". Vous vous rabattez -en essayant de théoriser votre attachement aux traditions-sur le " sangol ", le " reenou sindjeng " et autres " Mbanta maaré ". La médecine d'aujourd'hui est devenue l'affaire d'élites hors du besoin.

Un rescapé d'accident de la circulation qui écope d'un méchant trauma crânien n'est plus un objet de curiosité. Pas de quoi fouetter un médecin. Le toubib de garde lui demandera, blasé, une paperasse et des garanties, histoire de s'assurer que l'hospice ne se retrouvera pas sur la paille avec des malades qui iront juste faire un tour chez eux -en oubliant de repasser-une fois revenus des ruelles de " alaakhira ".
C'est pourquoi les gémissements de comateux nébuleux, ramassés par des volontaires, déclencheront les " tchipatou " d'un " doctoore " qui travaille en heures sup non payées par l'hosto et qui se pose des questions lancinantes sur sa vocation et son serment d'hippocrate qu'il se surprend à assimiler à un franc rêveur qui aurait dû échoir en pleine crise et crach boursier permanent, comme les nombreux goorgorlous de Sunugaal.
Le médecin essaie cependant tant bien que mal de garder-sans trop y croire- ses airs de rédempteur derrière ses lunettes en fond de bouteille, signe infaillible de sa science. Une décennie d'études, ça se voit dès le premier coup d'oeil.
Le malade de son côté retient son souffle chaque fois qu'il franchit le pas de l'hôpital avec des pavillons aux noms baroques -Laennec- qui sonneront comme un appel au désespoir-" Looy-nec ? "- et un défi à son entendement de " doomu djoloff ". Il frissonnera, lorsque venu en consultation, il verra des macchabées que de macabres garçons de couloirs ayant des airs de professeurs de médecine, sortiront les pieds devant sans se soucier des états d'âme des autres malades devenus des morts-vivants, en ne ratant pas l'occasion d'arnaquer les patients. Il priera le ciel pour ne pas tomber sur un médecin avare en parole qui l'engueulera quand il posera des questions sur son " métit " qui le tue à petit feu et lui dira que les lits sont tous occupés.

Aux accompagnateurs stoïques de malades, il ne restera que le chapelet à égrenner, en guettant les séances improvisées de prières pour les souffreteux et les comateux qu'un maara prétentieux de passage à Le Dantec distillera pour se donner une popularité.

En attendant les autres malades qui s'ignorent peuvent prier de tenir encore sur leurs deux jambes, sans se priver de se tuer sur un mafé kandja gluant ou un tiebu djenn dégoulinant-problèmes cardiaques garantis !-jusqu'à ce qu'un mal prétendument incurable les agrippe et décide que c'est le terminus. Ce n'est pas pour rien que les prières adressées au bon Dieu sont saturées de demandes de bonne santé et de…Cfa. Le paradis en stand-bye…

Mansour DIOUF
Lire l'article original : http://www.sudonline.sn/archives/30102002.htm

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