Contactez_nous
La_santé_tropicale_sur_internet  
www_santetropicale_com
Les antipaludiques peuvent provoquer l'insuffisance rénale - Fraternité matin - Côte d'Ivoire - 09/10/2002

Le paludisme tue. Les médicaments pour le combattre peuvent eux aussi s'avérer mortels. C'est le profond dilemme qui a marqué le point de presse prononcé la semaine dernière à la Faculté de médecine de l'Université de Cocody par le Pr Henri Dié-Kacou, pharmacologue, membre du groupe de réflexion du centre de recherches et d'études médico-sociales Aventis. Des accidents, dit-il, sont en effet liés aux antipaludiques. Ils peuvent être sanguins, se traduisant par la destruction des globules rouges ou des globules blancs avec pour conséquences une anémie ou une fièvre bilieuse hémoglobinurique. Ils peuvent aussi affecter le foie ou, plus grave encore, conduire à une insuffisance rénale.

La fièvre bilieuse hémoglobinurique, souligne le Pr Dié-Kacou, est l'effet indésirable le plus grave souvent rencontré au plan hématologique. Elle survient, dit-il, chez des patients vivant ou ayant vécu en zone d'endémie palustre, quatre à six heures après absorption de certains antipaludéens. " Le début est brutal. Il se manifeste par un frisson intense, un coup de barre lombaire, suivi d'une ascension thermique à 40° c et plus. Une deuxième phase apparaît 24 à 48 heures plus tard, marquée par une anurie aiguë. A côté de ce tableau typique, il existe une forme fulgurante où l'installation est brutale avec choc, coma, et anurie complète d'emblée.
Ces accidents, indique le Pr Dié-Kacou, sont favorisés par deux facteurs principalement : les problèmes liés à l'association des médicaments et l'utilisation correcte des antipaludiques. Si dans le premier cas, la responsabilité du malade est principalement engagée, dans le second, celle du praticien aussi est engagée. " La prescription est un art ", souligne à cet égard le Pr Dié-Kacou recommande alors de faire des " prescriptions rationnelles ". En termes plus simples, cela veut dire " prescrire un médicament sûr, à coût raisonnable, qui ne porte pas trop de risques "…

Aucun antipaludique, insiste-t-il, n'est, en effet exempt de danger. A la complexité de la tâche des praticiens s'ajoute une chimio-résistance de plus en plus avérée du plasmodium alors que l'éventail de choix des médicaments contre le paludisme est très réduit et que, fait-il constater, " nous ne sommes pas à l'aube d'une grande révolution en la matière ". Tant qu'à faire, suggère-t-il alors à l'attention des praticiens et des fondés à la sensibilisation des populations, il faut se conformer aux recommandations du Programme national de lutte contre le paludisme. Dans les pays africains où la médecine traditionnelle précède, accompagne ou suit les traitements modernes, cela implique une correction des habitudes au niveau des populations et chez les praticiens, une remise à niveau. " Nous avons constaté, confesse le Prof Dié-Kacou, que ces recommandations ne sont pas bien suivies par les spécialistes pour beaucoup de raisons, dont le besoin du malade de faire disparaître le plus rapidement possible l'inconfort lié à sa maladie. Le médecin se fait inconsciemment son complice alors pour agir sur les symptômes de la maladie et non sur la maladie elle-même et cela aussi entraîne le problème de chimio-résistance ".

Le paludisme est l'une des plus importantes infections protozoaires chez l'Homme. Un fort pourcentage de la population en est touché. Un million d'enfants au moins en meurent chaque année et ses conséquences sur le plan social et économique sont importantes. L'objectif général du Programme national de lutte est de réduire de 20% au moins, d'ici à 2005, la morbidité et la mortalité imputables à cette endémie.

Elvis KODJO
Lire l'article original : http://www.fratmat.co.ci/story.asp?ID=14295

Retour actualités