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Lutte contre les IST/VIH/SIDA : le préservatif féminin arrive à Diamniadio - Le soleil - Sénégal - 04/11/2002

Dans l'arrière-cour d'un bar de Diamniadio, nous avons assisté, l'autre samedi, à une séance de sensibilisation des prostituées sur les infections sexuellement transmissibles et le VIH/SIDA. Le port du préservatif entre petit à petit dans les mœurs. Les clients qui refusent d'en faire usage sont désormais montrés du doigt. Le patron de l'hôtel n'hésite pas souvent à envoyer un gros bras retirer sans ménagement un client récalcitrant des entrecuisses d'une prostituée. Choses vues et entendues à Diamniadio.

Un samedi après-midi ordinaire. Nous sommes à Diamniadio, une bourgade en pleine expansion située à une quarantaine de kilomètres à l'Est de Dakar. C'est là que les deux principales routes nationales se rejoignent pour n'en former qu'une par laquelle hommes, véhicules et marchandises rallient l'agglomération dakaroise. Les routiers y font halte. Gargotes, bars, restaurants, hôtels et maisons closes offrent aux routiers et à tant d'autres hommes et femmes les plaisirs de la table et de la chair. En certains endroits, la bière et le vin coulent à flot. Des prostituées de tous âges et de toutes nationalités y officient. Beaucoup d'entre elles sont des professionnelles et disposent d'un carnet sanitaire.

Dans l'arrière-cour d'un bar de Diamniadio, nous avons assisté, l'autre samedi, à une séance de sensibilisation des prostituées sur les infections sexuellement transmissibles et le VIH/SIDA. Notre guide était un jeune rufisquois, Abdoulaye Thiombane. Il dirige l'association des jeunes pour la promotion sociale (AJPS). Créée en 1997 à Rufisque, cette association intervient dans le domaine de la santé. Elle s'intéresse à la situation des jeunes vulnérables, au genre et VIH. Avec l'appui du Fonds des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), l'AJPS est, à Diamniadio, en campagne pour la promotion du préservatif féminin. RANGEES DE PERLES SUR LES REINS

L'ambiance est torride. Neuf batteurs de tam-tams s'en donnent à cœur joie au grand bonheur des femmes. Derrière la table des invités d'honneur, des hommes n'en finissent pas de lever le coude. Un client passablement éméché élève la voix. Une des organisatrices lui demande de baisser la voix. Il proteste en avalant une gorgée de mauvais vin rouge à sa santé. Quelques banderoles sont accrochées aux murs. Les messages sont clairs : "la sexualité du couple, une responsabilité mutuelle", "IST/SIDA : même combat". Un vendeur de tissu ambulant, bonnet sur la tête, caftan élimé, fend la foule et disparaît par une porte dérobée.

Neuf jeunes danseuses d'une troupe folklorique, rangées de perles sur les reins, nombrils et jambes en l'air ou croupes en bataille, suggèrent ce que tous et toutes cherchent dans le secret des alcôves. L'assistance glousse, approuve bruyamment. Une gérante de maison close, la voix enrouée, demande sa part du stock de préservatifs mis à la disposition des professionnels du sexe de la localité.

Un sketch suit. Une prostituée et son client discutent. Le second propose quinze fois le prix de la passe pour faire l'amour sans utiliser de préservatif. La première refuse. Il insiste. Elle persiste dans son refus. Le client finit par accepter. Le SIDA ne passera pas. La foule applaudit.
Un nain s'installe au milieu de la scène, un préservatif féminin à la main. Il en explique l'utilisation sous le regard attentif de Mme Aminata Touré, chargée de programme "Droits humains, genre et VIH/SIDA" au Bureau régional de l'UNIFEM, à Dakar. S'adressant quelques minutes après à l'assistance, Mme Touré annonce que son organisation va faire de ce lieu "un site expérimental pour la promotion du préservatif féminin". Un stock sera mis à la disposition de celles qu'elle appelle les professionnelles du sexe. Sa présence à Diamniadio est la preuve, dit-elle, que l'UNIFEM répond à l'appel de toutes les femmes. L'organisation onusienne sera toujours à leurs côtés si toutefois celles-ci acceptent sa collaboration. Le préservatif féminin, ajoute Mme Touré, protège la femme contre les IST et le VIH/SIDA. Derrière, les adeptes de Bacchus discutent ferme, toujours derrière un verre de vin ou de bière.

Des clients inconscients indexés

Abdoulaye Thiombane, président de l'AJPS, prend la parole. Il remercie la police, la gendarmerie, le district de santé et l'UNIFEM qui ont accepté d'être associés à cette session de sensibilisation des professionnelles du sexe. Ses derniers mots sont adressés aux "professionnelles du sexe" dont il a salué la mobilisation.
Thiombane nous met en relation avec deux dames qui sont des relais de l'AJPS dans leur milieu. M. W et A. F sont des professionnelles, fichées par les services de santé de l'Etat. Adeptes du préservatif, elles n'en déplorent pas moins le manque de suivi de toutes ces réunions et autres séminaires auxquels elles ont pris part depuis cinq ans. Leur rêve "est de s'en sortir" avec l'appui des ONG qui "n'en finissent pas de les solliciter".

M. W et A.F attendent impatiemment l'arrivée du préservatif féminin pour renforcer leur protection. "Nous l'utiliserons avec nos clients et nos petits amis", précisent-elles dans un rire, car elles ne savent ce que ces derniers "font dès qu'on leur tourne le dos". Nos deux interlocutrices dénoncent ensuite, avec la dernière énergie, l'irresponsabilité des hommes, mariés et célibataires, qui refusent le port du préservatif. Dans le bar-restaurant-hôtel où elles officient avec des dizaines d'autres filles, le port du préservatif entre petit à petit dans les mœurs. L'AJPS est de ces nombreuses organisations qui rendent le condom disponible et l'information sur les IST/VIH/SIDA accessible.
Les clients qui refusent d'en faire usage sont désormais montrés du doigt. Le patron de l'hôtel n'hésite pas souvent, confient-elles, à envoyer un gros bras retirer sans ménagement un client récalcitrant des jambes de sa cliente.

Ailleurs, dans la même localité, dans des maisons closes, les choses ne se passeraient pas toujours de la même manière. Les rapports sexuels non protégés y seraient presque encore la règle, selon certaines sources. "Il y a encore beaucoup du travail à faire", soupire Thiombane qui assiste à l'entretien qui se déroule à deux pas de la route nationale. Les phares des véhicules percent la nuit noire. En face, dans l'arrière-cour du bar, la fête continue.

Lire l'article original : http://fr.allafrica.com/stories/200211040531.html

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