Le
nombre de diabétiques suivis par le centre antidiabétique
"Marc Sankalé" de l'Hôpital Abbas Ndao est passé
de 200 à ces débuts à 20000 dossiers de malades.
Le rythme de progression de la maladie au sein de la population (2000
cas par an) et les coûts de la prise en charge, en ce qui concerne
les soins, les médicaments et surtout l'insuline ont été
au centre de la célébration, hier, de la Journée
mondiale du diabète à l'hôpital Abbas Ndao où
se trouve le seul centre spécialisé dans le traitement du
diabète du Sénégal.
Il n'existe pas encore un programme formel de prise en charge des patients
diabétiques, mais, en attendant, le ministère de la santé,
de l'Hygiène et de la Prévention compte créer, courant
2003, des structures de dépistage dans les hôpitaux et centres
de santé à travers le pays", a indiqué le Dr
Mandiaye Loum, directeur de la Santé, représentant le ministre
de la Santé.
Les diabétiques, quant à eux, souhaitent la subvention par
l'Etat de l'insuline. "Le ministère de la Santé a même
créé une division des maladies chroniques non transmissibles,
comme le diabète, et va oeuvrer dans la mise en place d'unités
de dépistage au sein des structures de santé, pour les tests
de base du diabète, en vue d'éviter aux populations le déplacement
sur le centre antidiabétique de Dakar, où les patients venus
de l'intérieur n'y seront reçus que pour les besoins d'analyses
complémentaires".
Un grand public a pris part à cette manifestation qui avait lieu
à l'agence internationale de la Francophonie, pour y suivre la
cérémonie officielle, ainsi qu'une vidéoconférence
entre spécialistes du Liban, de France, du Sénégal
et de Roumanie sur le diabète. Le diabète suit une progression
inquiétante au Sénégal pour atteindre un rythme de
2000 cas recensés par an, a indiqué le Pr. Saïd Nourou
Diop, directeur du centre diabétique de Dakar qui a un effectif
de 20 000 patients au Sénégal.
Le développement fulgurant de cette maladie est lié aux
mauvaises habitudes alimentaires, à la pauvreté, aux tabous
alimentaires et à l'analphabétisme, des facteurs qui font
que beaucoup de personnes ne sont pas informées des risques de
diabète ou de leur situation. "Nous misons ainsi davantage
sur l'éducation, la sensibilisation et la formation du personnel
d'encadrement, l'information des populations et le dépistage qui
nous ont permis d'enregistrer ce nombre de cas", a dit le Pr. Diop.
Les malades du diabète sont de toutes les catégories sociales
et de tous les âges. Il y en a des nantis et de moins nantis, comme
en a témoigné la diabétologue, le Dr Awa Mbow Kane.
Selon elle, "la création du ministère de la Santé,
de l'Hygiène de la Prévention est un important pas franchi
dans la lutte contre le diabète qui dépend essentiellement
de la prévention".
"Et dans ce sens, a estimé la diabétologue, le repas
du diabétique devrait être celui de l'ensemble de la population
du Sénégal. Le coût du traitement de l'affection,
de l'hypertension artérielle et du contrôle du cholestérol
nécessite une prise en charge plus large". Face à la
cherté du médicament et surtout de l'insuline qui est disponible
en flacon de 100 unités et non plus en 40 unités, elle a
préconisé que les pays de la CEDEAO fassent une commande
globale pour alléger le coût du produit chez les patients.
"Le diabète a des formes liées, d'une part, à
la suralimentation, et, d'autre part, à la malnutrition",
a précisé le Pr. Ahmédou Moustapha Sow, qui a eu
à diriger pendant plusieurs années le centre antidiabétique.
Le caractère onéreux du coût du traitement de la maladie
nécessite un éventail de solidarité assez large entre
diabétiques, entre les personnes aisées et moins aisées.
C'est dans cette optique que l'Association Sénégalaise des
Diabétiques (ASSAD) a été créée, en
1982, pour améliorer le sort des patients et en faire des personnes
sans handicap.
Selon son secrétaire général, Baye Oumar Gueye, "l'Association
dispose d'un plan d'action, mais attend des pouvoirs publics une subvention
du prix de l'insuline, la réalisation d'un centre digne devant
l'ampleur de l'affection au sein de la population et l'exiguïté
et l'inaccessibilité du centre "Mark Sankalé qui doit
accueillir de plus en plus, de nombreux patients".
Saer Gueye
Lire l'article original : http://fr.allafrica.com/stories/200211150097.html
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